São José Dos Campos (Brésil) : Les occupants du Pinheirinho résistent à leur violente expulsion

Depuis 2004, près de 9 000 personnes étaient installées sur le terrain de Pinheirinho, à São José Dos Campos (Etat de São Paulo – Brésil). Le terrain était abandonné depuis 30 ans lorsqu’il a commencé à être occupé par des familles pauvres de la région. Il appartiendrait à l’entreprise Selecta, désormais en liquidation judiciaire, qui a à sa tête l’investisseur Naji Nahas. A la demande de l’entreprise, qui doit près de 10 millions en impôt à la préfecture de São José dos Campos, un procès a été ouvert à l’encontre de la communauté.

Le dimanche 22 janvier « Pinheirinho » a été brutalement expulsé. L’action a été orchestrée par la Police Militaire sous les ordres du gouverneur de São Paulo, Geraldo Alckmin. Près de deux semaines avant l’expulsion, les habitants de Pinheirinho se préparaient à résister à l’offensive en installant des barricades et construisant des armes et boucliers faits de matériaux récupérés. Ils assuraient qu’ils affronteraient la police en cas d’expulsion forcée.

Quelques jours avant l’expulsion, le 17 janvier, le Tribunal fédéral ordonna de suspendre l’ordre d’expulsion, tandis que le Tribunal de l’Etat de São Paulo affirmait être le seul à même de prendre une telle décision. Malgré les contradictions entre les différents tribunaux, l’ordre d’expulsion a été appliqué, ce que l’Ordre des Avocats du Brésil a qualifié de « violation du pacte fédéral ».
Le dimanche 22 janvier, jour de l’expulsion, à 6 heures du matin, près de 2 000 policiers et gardes civils équipés de tenues anti-émeutes encerclent le terrain. Des véhicules blindés sont envoyés en première ligne, soutenus par les Troupes de choc et la ROTA (troupes d’élite de São Paulo). Deux hélicoptères Aguia survolent le site.

Les affrontements durent plus de 24 heures, au cours desquels les forces de police usent de flashballs et gaz lacrymogènes pour disperser les occupants qui résistent avec leurs armes de fortune et en jetant des pierres. Plusieurs véhicules sont incendiés, dont une voiture de la TV Vanguarda, annexe de la TV Globo, principale chaîne du pays.  30 personnes sont arrêtées au cours de l’opération. Selon la presse locale, un homme aurait reçu un tir d’arme à feu des forces de police et serait dans un état grave. Les occupants témoignent d’autres coups de feu et de plusieurs autres blessés graves.

La mairie de São José dos Campos installe un abri provisoire destiné aux familles expulsées, près du terrain. Beaucoup de familles rejoignant l’abri continuent à y protester, révoltés par une telle répression. La police militaire y effectue des intrusions violentes afin de « contenir » la population, à coups de matraques et gaz lacrymogènes.
Dans les abris improvisés, les assistants sociaux de la mairie font l’inventaire des familles. Des enfants sont séparés de leurs parents et envoyés à des foyers pour mineurs, sous prétexte qu’ils sont désormais sans-abri, et doivent donc être pris en charge par l’Etat. La mairie propose également aux occupant originaires des régions les plus pauvres du pays, à savoir le nord et le nord-est, des allers-simples pour y retourner.

L’accès au terrain est bloqué immédiatement après l’expulsion afin que tout y soit démoli. Depuis l’abri, les habitants de Pinheirinho peuvent voir leurs maisons être démolies, parfois avec leurs biens à l’intérieur. Près d’une semaine après, les expulsés continuent de dénoncer des cas de tortures opérées par les forces de l’ordre à l’encontre de certains occupants ainsi que de nombreuses disparitions. Beaucoup cherchent encore leurs proches, qu’ils ont perdus de vue lors des affrontements avec la police.

Les médias brésiliens ont rapidement oublié l’incident et, dans la presse, l’affaire fut classée, juste après la fin de l’expulsion. Mais que deviennent les milliers d’occupants expulsés de Pinheirinho? Beaucoup attendent dans les foyers, abris temporaires ou églises qui ont ouvert leurs portes à la recherche de leurs parents et amis. Selon les autorités, l’opération policière a été un succès, atteignant son objectif sans presque causer de blessés. Les habitants de Pinheirinho contestent la version des autorités et dénoncent les violences commises au travers de médias indépendants.  Pour la communauté de Pinheirinho, au delà des blessures physiques, restent les autres, et notamment celle d’être traité comme des bêtes qu’on mène à l’abattoir après 8 ans de vie sur le terrain.

Voir le film:
Le massacre de Pinheirinho, la vérité est bien loin


L’article ci-dessus existe aussi en portugais.

Pas mal d’autres photos sur l’info parue en anglais il y a quelques jours sur en.squat.net.

Et quelques autres vidéos de la résistance à l’expulsion du Pinheirinho:

Diaporama: