Ile-de-Groix (56): Derniers jours de Ker Béthanie

Le 29 février dernier, le juge du tribunal administratif de Rennes a donc fait appliquer le «droit de propriété» du Conservatoire du littoral. Le
«droit au logement» n’a même pas été évoqué. «Au nom du peuple français», les occupant-e-s «sans droit ni titre» de Ker Béthanie devront dégager sous 24h dès notification de l’«ordonnance», sans quoi ils devront payer 150 € par jour et par tête, de dédommagement au conservatoire du littoral, tandis que lui, fait facturer à l’entreprise de démolition 100 € par jour de retard…

Le 1er mars, le gendarme municipal est venu «notifier l’ordonnance» à 10h.

Le lendemain, les occupant-e-s déménageaient dans une ferme abandonnée depuis 10 ans, appartenant à CAP Lorient depuis 2004 et déterminée comme une «réserve foncière», dotée d’une vingtaine de pièces et d’un grand terrain.

Dans l’après-midi, le maire pondait un «arrêté d’insalubrité» qui allait fortement réduire le temps nécessaire aux occupant-e-s pour réaliser leurs projets dans le lieu.

Dans la foulée donc, ils quittaient cette grande ferme pour atterrir en centre bourg. La «Maison des frères», propriété d’une association catholique d’aide à l’école privée, dotée d’environ 25 pièces et un grand terrain.

Le 3 mars, pas de bol: La présidente de l’association arrive a 9h du mat avec un géomètre et un couple d’acheteurs potentiels pour cette grande baraque vide, elle aussi depuis une dizaine d’années. Elle ne voulut rien entendre. Un occupant appela la gendarmerie pour qu’elle vienne constater l’occupation. La propriétaire soutenait que la porte du garage avait été forcée, alors qu’elle était ouverte depuis fort longtemps.

Découragés par la haine et les préjugés que porte une majorité de Groisillon-ne-s envers les «squatteureuses», deux occupants se virent offrir le billet retour pour le continent, par le maire. Le dernier occupant passa la nuit dans le lieu, avant de le quitter le lendemain.

Le 7 mars, les employés municipaux entamaient le «démontage» du premier bâtiment de Ker Béthanie (ardoises; fenêtres; boiseries), alors que le permis des travaux n’était ni affiché en mairie, ni sur le chantier. De plus, le permis donne un délai de 15 jours pour le contester, pendant lesquels le chantier ne peut commencer. Ces 15 jours sont décomptés à partir de l’affichage du permis sur le chantier, sur un panneau de 80 cm par 80. Celui-ci y fut affiché le 12 mars.

Le 12 mars, cinq femmes de Groix rencontrèrent le maire, avec qui elles avaient rendez-vous pour discuter de Ker Béthanie. Celui-ci finit par
accepter de contacter le Conservatoire pour demander une table ronde au sujet de Ker Béthanie, entre les personnes / collectifs / associations intéressées par le lieu, la mairie, et le conservatoire.

Par ailleurs, le maire prétendait ne pas être au courant de la démolition en cours, effectuée par les services municipaux.

Le 13 mars, le maire faisait savoir que le Conservatoire, joint par téléphone, refusait la table ronde, mais qu’il allait insister en écrivant à l’organisme. Pendant ce temps là, le démontage du premier bâtiment, Dr House Shop, continuait.

Dans la nuit du 13 mars, quelques motivé-e-s du collectif pour la sauvegarde de Ker Béthanie installèrent une caravane et quelques bricoles en guise de barricade.

Aujourd’hui 14 mars, les trois employés municipaux qui travaillent au démontage arrivent sur place à 10h. L’un d’eux, assoiffé de travail et horrifié par les CAFard-e-s, très énervé du fait de la barricade, lance à son chef qu’il peut tout casser, tout virer. Il menace même d’envoyer un coup de pied de biche dans la tête d’un des occupants. Sans trop se presser, son chef finit par le retenir et lui dire de se calmer. Ce chef s’en allait enfin demander conseils à sa hiérarchie, après avoir menacé le porte-parole des occupant-e-s de lui créer des problèmes: «on va t’emmerder tu vas voir…» lançait-il en partant avec les deux autres.

L’équipe revient une demi-heure plus tard avec la gendarmerie. Constatation d’occupation, questions, réponses, puis nouveau départ.

Les travaux continuaient malgré tout cette aprèm. L’équipe du service technique vint avec une échelle pour accéder directement au toit de la petite maison en démontage…

Deux des trois employés, dont le chef, ne cessèrent, pendant plus d’une heure avant l’arrivée d’une caméra qui les calma, de provoquer l’occupant présent dans la caravane. «Drogué», «profiteur», «anarchiste à la con», «ferme ta gueule» quand celui-ci osait répondre, «je vais descendre lui casser la gueule» lançait même le chef d’équipe à ses collègues en arrivant sur le toit.

Le gendarme municipal arrive vers 14h30, l’occupant lui fait part des menaces et provocations subies, celui-ci répondit sèchement «faut pas inverser les rôles !»… invitant même le chef d’équipe à l’appeler en cas de problèmes !

Bref, tenir une barricade tout seul, c’est pas évident !

Contact au 06 26 08 52 64 ou sur groizidemocratie(at)no-log(point)org

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