La Brillanne (Alpes-de-Haute-Provence) & Dijon: Péages gratuits en solidarité avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes

Deux actions de péage gratuit ont eu lieu récemment, en solidarité avec la ZAD occupée de Notre-Dame-des-Landes, les 16 et 17 mars 2012, quelques jours avant la grande manif qui se tenait à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Voici les deux communiqués expliquant ces deux actions:


A Dijon:

En soutien à la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes

Ce vendredi entre 17h et 18h, une quarantaine de personnes se sont installés au péage de Dijon sud avec une banderole “Péage gratuit – contre l’aéroport”, et en ont soulevé les barrières. Nous invitions les automobilistes à donner quelques pièces pour contribuer à la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et à l’organisation des transports collectifs pour rejoindre la manifestation du 24 mars à Nantes. Comme souvent lorsqu’il est possible de passer moins cher sans remplir les caisses des compagnies autoroutières notre initiative fut accueillies avec pas mal de sourires et de sympathies. Nous sommes partis revigorés, croisant les gendarmes au détour de la route, mais sans vraiment les rencontrer. Ces derniers mois divers autres “libérations de péages” ont eu lieu, notamment sur les nombreuses autoroutes Vinci, la méga-coporation responsable de la construction de l’aéroport projeté à Notre Dame des Landes.

Une action similaire a eu lieu le lendemain sur le péage de la Brillane-Oraison ce samedi un peu plus au sud encore.

Voici pour rappel le texte distribué sur le péage de Dijon sud :

Toutes et tous à Nantes le 24 mars !
Appel et organisation de départ collectifs pour la manifestation contre l’aéroport.

Depuis 40 ans un ubuesque projet d’aéroport menace le bocage de Notre Dame des Landes près de Nantes. Mis au rencart suite à la crise pétrolière des années 70, les décideurs locaux, PS, UMP et entrepreneurs à l’unisson, l’ont ressorti des cartons il y a quelques années, assorti de l’inévitable label “écologique” ! Depuis 40 ans la population locale s’oppose à la destruction de ses maisons et de son agriculture, forte des traditions de luttes paysannes et antinucléaires. Suite au camp action climat de l’été 2009, des personnes de toutes l’Europe sont venues lui prêter main forte et occupent sur la zone les terres et bâtiments laissés à l’abandon.

Aujourd’hui, Notre Dame des Landes est devenu un symbole des luttes contre l’aménagement du territoire capitaliste, qui croit pouvoir disposer à sa guise des espaces considérés comme “non-productifs” pour y implanter ses centrales énergétiques ou ses méga-axes de circulation pour humains et marchandises. Un symbole, et un cri de ralliement, comme ont pu l’être Plogoff ou le Larzac en leur temps. Un symbole, parce que partout opère cette logique de fric, de vitesse et de destruction des territoires – eux appellent ça “le développement”. Du TGV Lyon-Turin à l’éco-quartier des Maraîchers à Dijon, les pouvoirs publics tentent de l’imposer à coup de pseudo-concertation et de marketing “vert”. Souvent ça passe, et ils parviennent à nous faire gober qu’il n’y a pas d’alternative. Parfois, la réaction des habitants les tient en échec.

Le 24 mars à Nantes, c’est ce renversement qui se joue : la métropole nantaise veut annexer Notre Dame des Landes ? Eh bien ce sont toutes les oppositions à ce projet, et à tous les projets similaires, qui vont venir dire à la métropole qu’elles ne veulent pas de son développement ! 3 cortèges de vélos et de tracteurs prendront le ville en tenaille, pour finalement se rejoindre et occuper une place dans l’hyper-centre. Cette occupation, écho aux mouvements espagnols, grecs, américains, mais aussi tunisiens ou égyptiens, se veut une matérialisation de la détermination des opposants à ne pas laisser tranquille les décideurs tant que le projet n’est pas retiré, et un carrefour des luttes européennes. Parce que ces luttes ne sont pas des luttes strictement locales. Parce qu’une victoire là-bas est la condition de victoires ailleurs. Parce qu’il est possible de gagner. Tous et toutes à Nantes le 24 mars !

Suite à la réunion publique du 27 février, un départ collectif s’organise depuis Dijon, en covoiturage, mini-bus ou autocar, suivant le nombre de participant.e.s.

Écrire à nantes24m[at]brassicanigra.org

Pour plus d’infos, voir les sites :
http://zad.nadir.org/
http://24marsnantes.noblogs.org/


A La Brillanne le 17 mars:

Ce samedi 17 mars autour de 14h15, une quinzaine de personnes se sont rassemblées aux 4 stations de péage de la ville de la Brillane (04) afin d’effectuer une action de « péages gratuits » pour soutenir et se solidariser avec les personnes luttant, à la ZAD (Zone A Défendre) et ailleurs, contre le projet de construction de l’aéroport international de Notre-Dame des Landes, proche de Nantes.

Après que les caméras de vidéo-surveillance ainsi que les barrières de péages aient été momentanément mises en veille, il a été permis durant 1h, par libre choix, aux automobilistes de s’affranchir – ou pas – d’enrichir Vinci ; et de s’informer, par la voie oral, des tracts et banderoles, sur le projet d’aéroport. Ce fut aussi l’occasion de dénoncer les différents projets et agissements de la multinationale Vinci (premier groupe mondial de construction-concession) spéculateur, entre autre, sur une grande partie du réseau autoroutier français et investisseur dans la fusion nucléaire d’ITER.

Les automobilistes, pro ou anti-projet, étaient pour une bonne partie réceptifs à l’action et l’information. Des réactions très diverses… Certains se targuant d’un « C’est pour quand le prochain passage gratuit ? », « On vous soutient, on est avec vous. » ; et d’autre d’un « Ca serait pratique un aéroport près d’ici, c’est rapide et efficace en Corse… profiter du paysage c’est bon pour ceux qui ne travaillent pas ou ceux qui touchent le RSA ! ».

Pendant ce temps d’action, nous avons été informé que Vinci venait de licencier 800 employés par une trop « habituelle » restructuration économique. Les quelques euros, net d’impôt, glanés par les caisses de solidarité aux péages, ne recréeront pas d’emplois mais serviront néanmoins aux occupants la ZAD et aux opposantes à la construction de l’aéroport à Notre-Dame des Landes.

La première patrouille de gendarmerie n’aura mis seulement que quelques minutes à intervenir sur les lieux à une vitesse de décollage aérien, frôlant certainement les 120 km. Les gendarmes sortirent main à l’arme, prêt à dégainer au besoin, croyant intervenir sur une action de braquage des caissettes automatiques de l’autoroute. Une seconde patrouille, ainsi que deux véhicules de l’aménagement autoroutier de Vinci arriveront par la suite, ce qui ne nous empêchera aucunement de mener, sous la forme et le temps voulu, l’action à son terme.

Ainsi, aucune arrestation ni violence n’a eu lieu, fait assez rare dans ces durs temps de répression hexagonale. Ceci peut-être dû, selon les dires d’un gendarme, à une impossibilité de ne pouvoir joindre des policiers plus haut-placés pour prendre une potentielle décision d’intervention… dur dur les forces publiques en plein weekend !

Nous tenons à réaffirmer notre solidarité aux personnes luttant contre la construction de cet aéroport et que nous continuerons à lutter contre Vinci et ses projets à visées d’économie mortifère, à Nantes, comme ailleurs.

Nous appelons enfin aux personnes le désirant et le pouvant de se rendre à la manifestation en faveur de l’arrêt du projet d’aéroport le samedi 24 mars à Nantes (cf. http://24marsnantes.noblogs.org ) ainsi que de continuer des actions décentralisées.

Des Vinciophobes de la Brillane

Sitiographie :
http://zad.nadir.org/
http://stopvinci.noblogs.org/

Texte du flyer distribué lors de l’action :

“L’autoroute que vous venez d’emprunter est gérée par le groupe VINCI, un des leaders mondiaux des travaux publics et de l’aménagement de l’espace.

Parmi toutes les nuisances occasionnées par ce groupe, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au Nord-Ouest de Nantes, est fortement contesté, depuis longtemps, par une partie des habitants de cette région de bocages (2000 hectares de terres agricoles), ainsi que par diverses associations écologistes, partis politiques ou syndicats. Ce projet de destruction d’un site naturel exceptionnel financé par les ressources publiques est cependant soutenu entre autres par J.M. Ayrault, maire de Nantes, membre du P.S. Une des raisons évoquées pour mener à bien cette ultime bétonnage de la nature est le soit-disant nécessaire « désengorgement » d’un premier aéroport, situé au sud de Nantes, ce qui est mensonger car cet aéroport est en partie sous-exploité. La spécialité de Vinci est de spéculer sur nos déplacements sur le territoire. Leurs méthodes : expulser les gens des quartiers et des campagnes afin de bétonner et aseptiser nos espaces et nos vies, ainsi ils nous vendent le mythe du progrès.

Vinci voit ce type de projet comme une vitrine pour son image de marque, ses actionnaires et ses profits boursiers. Mais leur but propre est de concrétiser les projets de l’Etat de quadrillage et de contrôle de la société via la maitrise de l’espace, de nos espaces.

L’action qui est menée aujourd’hui rejoint de nombreuses autres actions menées durant ce week-end pour signifier aux groupes capitalistes, et aux politiciens qui les soutiennent, qu’il n’est pas question de les laisser prospérer davantage, mais plutôt de les mettre hors d’état de nuire.”