Brésil: Chaude ambiance entre manifs et élimination de la Seleçao

Lors du dernier épisode de la chronologie des luttes brésiliennes contre la Coupe du Monde 2014, on s’était arrêté au 2 juillet. Hé bien reprenons donc où nous en étions:

Mercredi 2 juillet – Belo Horizonte

Des affrontements ont eu lieu entre manifestant-e-s et policiers lorsque ces derniers ont voulu empêcher 250 à 300 manifestant-e-s d’occuper le bâtiment de l’URBEL, la Société d’urbanisme de la Préfecture de Belo Horizonte (Companhia Urbanizadora da Prefeitura de Belo Horizonte).

La manif avait pour but d’exiger des améliorations sociales dans les domaines du logement, du transport et des soins.

La police montée et la police militaire sont intervenues, faisant usage de matraques, gaz lacrymos et flashballs.


Les manifestant-e-s crient “le peuple uni ne sera jamais vaincu”


Sur la banderole est écrit “Notre problème est social, il ne se résout ni par la répression ni par des opérations policières”

Jeudi 3 juillet – São Paulo

Des centaines de personnes ont manifesté dans le centre-ville, à l’appel du MTST (Mouvement des Travailleurs Sans-Terre), pour soutenir la réforme agraire et exiger la réintégration des employé-e-s du métro de São Paulo qui ont été viré-e-s suite aux grèves de ces derniers mois.

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Vendredi 4 juillet – Rio de Janeiro

Petite manif anti-FIFA, sous haute surveillance policière, partie du métro São Francisco Xavier, près du stade Maracanã, où se déroulait le match Allemagne-France.

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Par ailleurs, à 14 km de là, une manif contre les coûts financiers et sociaux de la Coupe du Monde a eu lieu à Copacabana, réunissant quelques centaines de personnes.

À l’appel du “Comité Populaire Copa et Olympiade”, la manif s’est déroulée dans le calme mais sous une surveillance policière plutôt serrée (avec le “Batalhão de Choque” de la police militaire). En plus d’un certain nombre d’activistes, anarchistes et autres militant-e-s, on pouvait trouver parmi les manifestant-e-s quelques membres de partis politiques (du PSOL et du PCB) ou d’associations/ONG. Sur les nombreux panneaux portés individuellement par les manifestant-e-s, on pouvait lire par exemple “Ocupa Copa” et “Copa para quem?” (“La Coupe pour qui ?”).

La manif a bien sûr emprunté la classique avenida Atlântica qui longe la plage de Copacabana et où se trouve notamment l’hôtel Copacabana Palace, où sont logés plusieurs dirigeants de la FIFA… La manif a également fait une halte critique devant le magasin officiel de la FIFA, toujours dans le quartier de Copacabana, et bien sûr devant la “FIFA Fan Fest” de Copacabana, lieu officiel pour fêter les matches en masse devant un grand écran installé par la FIFA.

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Lundi 7 juillet – Rio de Janeiro

Rassemblement devant la Préfecture de Rio, à 10h du matin, en soutien aux grèves de professeurs.

Mardi 8 juillet – Belo Horizonte

Au stade Mineirão de Belo Horizonte se jouait la tant attendue demi-finale Brésil-Allemagne, avant-dernière étape supposée pour la Seleçao avant le sacre mondial. Sans Neymar, blessé, ni Thiago Silva, suspendu, mais avec “tout un pays” derrière son équipe…

Le scénario inattendu du match a mis le feu aux poudres: au bout de trente minutes de jeu, le Brésil perdait 0-5, et le match s’est terminé sur le score historique de 1-7 !

Pendant le match, dans les tribunes, on pouvait bien sûr entendre des sifflets et des insultes à l’encontre de joueurs brésiliens, mais aussi envers Dilma Rousseff, la présidente brésilienne co-responsable des dépenses énormes consacrées à cette Coupe du Monde (plus de 10 milliards d’euros, principalement pour construire ou rénover des stades).

Il est assez étonnant de constater que la colère sociale dépend aussi des résultats d’une équipe de foot… Puisque, défaite ou victoire, la situation économico-sociale reste la même. Mais ce soir-là aura vu une explosion de colère et frustration à travers tout le pays !

D’ailleurs, le gouvernement ne s’y est pas trompé et avait prévu le coup, bien aidé pour ça par son expérience de gestion/répression des mouvements sociaux qui durent depuis plus d’un an: la “sécurité”, autrement dit, la présence policière, avait été renforcée un peu partout dans le pays.

À Belo Horizonte, des affrontements “post-défaite” ont eu lieu dans les rues, des pierres et des cocktails Molotov ont été lancés sur les flics, des drapeaux brésiliens brûlés, notamment dans le quartier touristique de Savassi. On dénombrait le lendemain près d’une vingtaine d’arrestations.

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Mardi 8 juillet – São Paulo

Dans la soirée, après la défaite de la Seleçao, des émeutes ont éclaté en différents endroits de la métropole pauliste.

Un magasin d’électronique a été pillé. Au moins une vingtaine de bus ont été incendiés, dont une dizaine sur un même parking.

Cinq personnes auraient été arrêtées au cours de cette nuit d’émeutes.

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Mardi 8 juillet – Rio de Janeiro

Du côté du grand écran de la “FIFA Fan Fest” de Copacabana, plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées pour regarder le match. L’ambiance festive et alcoolisée a mal tourné devant l’enchaînement des buts allemands. Entre mouvements de foule et échauffourées, agressions et vols à la tire, les interventions des forces de l’ordre ont été multiples… Des hélicoptères volaient très bas et braquaient leurs projecteurs sur la plage. À la mi-temps, la plupart des gens avaient quitté les lieux et l’ambiance sur place était redevenue plus calme, tout en restant fort morose. Au moins sept personnes ont été arrêtées pour des vols commis dans la “FIFA Fan Fest” de Copacabana.

Dans le quartier de Botafogo, la situation a également quelque peu dégénéré à la suite d’embrouilles entre supporters brésiliens.

Ailleurs dans la ville, dans l’ambiance émeutière, une personne a été tuée par une balle de la police militaire pendant que deux personnes mettaient le feu à un autobus…

Mardi 8 juillet – Brasilia

Un homme a été arrêté pour avoir brisé un téléviseur à la suite de la défaite de l’équipe brésilienne…

Mardi 8 juillet – Recife

À la suite d’affrontements entre supporters brésiliens du côté de la “FIFA Fan Fest”, la police montée est intervenue à coups de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Pendant l’intervention policière, plusieurs personnes ont été littéralement piétinées par les chevaux policiers…

Ailleurs dans la ville, des gens bloquent des rues en mettant des barricades de pneus sur la route.

Mardi 8 juillet – Curitiba

Dès la mi-temps de la déroute de la Seleçao, des heurts voire des émeutes étaient signalés en différents endroits de la ville. Une quinzaine de bus ont été caillassés, et dans le quartier Sitio Cercado, l’un d’entre eux a été incendié.

Mardi 8 juillet – Salvador de Bahia

Des échauffourées ont également eu lieu du côté de la “FIFA Fan fest”, qui a rapidement été fermée… Au moins cinq personnes ont été arrêtées.

À venir: Dimanche 13 juillet – Rio de Janeiro

Avant même l’élimination “catastrophique” de l’équipe du Brésil, une grande manifestation “FIFA go home! Não vai ter final!” (“FIFA rentre chez toi! Il n’y aura pas de finale!”) était prévue pour ce dimanche 13 juillet, à 13h, Praça saens Pena, à Rio de Janeiro, notamment à l’appel du Frente Independente Popular.

[Sources: Squat.net | Wikipédia | L’Équipe | Vice | Indymedia-Brésil | Globo | Frente Independente Popular | 20 Minutos | etc.]