Calais: Récit d’une manif solidaire et de l’ouverture d’un nouveau squat

OCCUPATION GALOU : J 1

Une belle manifestation est celle où l’on voit à la fois des amis et plein de visages inconnus. Quatre cent cinquante personnes, des gens de Calais, d’ailleurs en France, d’Afghanistan, de Belgique, du Soudan, d’Angleterre, d’Érythrée… Quelques prises de paroles place d’Armes, un cortège par les grandes rues de Calais, samba en tête, un autre arrêt devant la mairie. Plus loin, la manifestation quitte le boulevard Gambetta pour s’engager dans des rues plus petites.

Puis bifurque dans l’impasse des Salines. Au bout, l’entrée d’une ancienne usine désaffectée, Galloo Littoral. Le lieu est occupé depuis plus de 48h, sans effraction (la police viendra le constater). Le lieu s’ouvre samedi 12 juillet aux personnes sans domicile de Calais, quelque soit leur nationalité ou leur pays d’origine.

On s’installe dans la cour, on visite les locaux, des soutiens s’installent devant l’entrée. Un repas se prépare à partir des dons apportés à la manifestation. À 18 heures, un groupe vient jouer. À 20 heures, assemblée générale, principalement pour présenter le lieu, le contexte, les risques d’intervention policière, déterminer les premières notions de vie collective sur le lieu.

Puis une sono : musique. Des gens dansent, improvisent du rap, la fête occupe l’espace. Des gens, parfois connus, parfois inconnus, viennent là, apportent parfois de la nourriture ou des couvertures. La solidarité et la rencontre tissent une soirée qui prend les couleurs de l’espoir.

Espoir qui sera peut-être dès demain barré par l’intervention de la police, l’expulsion, la rafle.

Mais espoir que nous emporterons chevillé au corps, dans l’errance ou dans l’énième recommencement, et que nul ne saura nous prendre.

Pentax Digital Camera

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[Publié le 13 juillet 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalité.]


L’OCCUPATION GALOU, ENTRE L’IMPROBABLE ET L’ÉPHÉMÈRE

Hier [samedi 12], c’était au terme d’une manifestation l’installation d’exilés et de soutiens sur le site de l’ancienne entreprise Galloo, impasse des Salines, un concert de bienvenue, la première assemblée générale des nouveaux adhérents, puis la fête. Des Calaisiens comme des gens de plus loin sont venus en visite, en amis et parfois en voisins.

Inquiétude ce matin [dimanche 13] par rapport à une possible intervention de la police. La matinée passe sans qu’il ne se passe rien. La vie collective s’organise, la préparation des repas, la vaisselle, la gestion des déchets. Des visiteurs, des soutiens commencent à venir, certains apportent la nourriture, des couvertures, du savon, ce qui peut être utile ou nécessaire.

L’équipe de foot des exilés de Norrent-Fontes arrivent pour un tournoi avec celle des exilés de Calais. Norrent-Fontes est un village à l’intérieur des terres, où se trouve un campement d’exilés à proximité d’un parking d’autoroute où s’arrêtent des camions en route vers la Grande-Bretagne.

On s’affaire, on bavarde, une tente d’accueil est installée près de l’entrée. Des enfants jouent, on est parfois venu en famille. Vers cinq heures, le marchand de glace s’arrête devant la porte. Vers 18 heures, des musiciens viennent, jouent un peu, et puis s’improvise un boeuf franco–arabo–soudanais.

20 heures, assemblée générale. On a toujours du mal à se projeter dans l’avenir, une expulsion étant toujours possible dès le lendemain.

La richesse du lieu se confirme, et la richesse des échanges qui s’y produisent. L’occupation du lieu de distribution des repas avait déjà été un lieu de rencontre entre exilés et Calaisiens. L’expulsion n’a pas brisé ces liens, elle les a renforcés. Tout le contraire de l’apartheid que veulent imposer les autorités, en séparant et opposant les populations.

[Publié le 14 juillet 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalité.]