Rennes : des expulsions bien rapides

Depuis début septembre, plusieurs collectifs essaient d’ouvrir des squats, afin d’y vivre, et pour certains, d’y établir des activités (ir)régulières.
Mais on dirait que les propriétaires et la justice voient ces mouvements d’un autre œil.

Voici, très rapidement, l’histoire de 3 collectifs, 3 ouvertures, 3 expulsions. Le tout en moins de 2 mois.

Un premier lieu a été ouvert fin septembre.
Quelques jours après l’entrée dans la maison, le proprio, un promoteur, arrive seul, un matin, les mains vides, et évidemment demande aux habitantEs de quitter les lieux. Devant leur refus, il se barre, puis revient quelques heures plus tard, avec une pioche, qu’il utilise pour essayer de défoncer la porte (il a pété la serrure, mais pas grand chose de plus), il passe par dessus le mur du jardin, et s’attaque aux fenêtres de l’arrière de la maison. Les habitantEs lui tiennent tête, à l’aide d’une fourche (!) et d’un peu de bagou. D’ailleurs depuis cette bagarre, la maison s’appelle la pioche, ou la fourche, au choix !
En partant, abandonnant son combat, il a dit : “Je reviens à 16h, vous avez intérêt à être partis”. Bien évidemment, à 16h, une trentaine de personnes étaient devant la maison. Il est arrivé, mais n’est pas sorti de sa voiture, et des habitantEs sont alléEs lui causer. Il n’a évidemment rien voulu entendre.
Deux jours plus tard, l’huissier passe pour constater, et le même après-midi, le proprio repasse, et termine de casser toutes les vitres qui donnent sur la rue. L’huissier est revenu 10 jours plus tard, avec l’assignation en référé expulsion, procès dans 4 jours.
Au procès, les habitantEs ont obtenu un report, demandé par l’avocatE, mais d’une semaine, seulement. Étonnamment le juge a mis un mois avant de rendre son verdict, hier matin : expulsables dans l’instant, pas de délai légal de deux mois.
L’huissier n’est pas encore passé, mais la maison est d’ores et déjà vide, dans l’attente d’être démolie par le propriétaire, probablement dans plusieurs mois, plusieurs années…

Pendant ce temps, un autre collectif a tenté l’ouverture d’une petite maison, mais le propriétaire s’est pointé très vite, avec les flics. Ces derniers ayant la preuve que les habitantEs étaient là depuis plus de 48h, ils ont choisi de dire au proprio (encore un promoteur) qu’ils ne pouvaient rien faire, mais que si lui, il y parvenait, alors ça leur irait très bien.
Il est donc revenu le lendemain matin, 8h, avec une douzaine d’ouvriers, qui ont tout défoncé, et sont rentrés dans la maison…
Les habitantEs ont eu le temps de s’enfuir, après avoir profité de la maison moins de 3 jours.

Dernière histoire, celle d’une ouverture ayant aussi eu lieu à peu près en même temps, par un autre collectif. Ici, les proprios n’étaient pas (encore) des promoteurs, mais avaient un acte de vente prévu quelques semaines plus tard, pour un promoteur.
Tout est allé très vite : Les huissiers sont passés quelques jours après les proprios, le procès a eu lieu une semaine plus tard, et le verdict est arrivé une semaine après, un vendredi. Ce jour, l’huissier s’est pointé à midi, avec le commandement de quitter les lieux, et la décision du tribunal, retirant les deux mois légaux.

Une fois de plus, les promoteurs immobiliers sont les amis de la justice, qui jamais ne se risquerait à leur dire “mais attendez, votre maison là, elle va rester debout encore 3 ans !”, et qui, bien sur, aime à nous revoir régulièrement.

MONSIEUR LE JUGE, PLUS VITE TU NOUS DÉGAGES, PLUS VITE TU NOUS REVOIS.

À Rennes, 8000 logements vacants.