USA: “Pour tout changer” – un appel anarchiste

Traduction française du texte de CrimethInc. « To Change Everything »

« To Change Everything », voici le nom et l’objectif ambitieux du nouveau projet international lancé, en ce début d’année 2015, par le collectif anarchiste CrimethInc.
Traduit, à ce jour, dans pas moins d’une dizaine de langues, ce dernier est également disponible en version française.
Ce texte a pour vocation d’analyser les multiples problématiques du monde contemporain et de faire tomber, un par un, les différents concepts et construits soi-disant « fondamentaux » et « légitimes » sur lesquels sont fondés nos sociétés et systèmes.
Les diffusions ont commencé aux quatre coins du globe, que ce soit aux Etats-Unis ou en Allemagne, en passant par le Brésil, la Slovénie, le Canada, ou encore le Brésil.
Maintenant, c’est au tour de la France de se lancer dans cette diffusion.
C’est pourquoi, nous mettons à la disposition de celles et ceux qui seraient intéressé(e)s par ce texte/projet le PDF en version imprimable du texte.

A télécharger, imprimer, diffuser et lire sans aucune modération:
version cahier (48 pages A5 – couleur)
version page par page (48 pages – couleur)

Pour tout changer !

Pour plus d’informations sur le collectif à l’origine de ce texte, ainsi que sur le projet en lui-même, vous pouvez consulter les sites suivants :
http://www.crimethinc.com/ 
http://tochangeeverything.com/ 


Extrait:

(…)

Le problème c’est la propriété

Le fondement du capitalisme est le droit de propriété – un autre construit social hérité des rois et aristocrates. La propriété change de mains plus rapidement de nos jours, mais le concept reste le même: l’idée de possession légitime l’usage de la violence pour imposer les déséquilibres artificiels d’accès à la terre et aux ressources.

Certaines personnes pensent que la propriété pourrait exister sans l’État. Mais le droit de propriété ne rime à rien sans une autorité centrale pour l’imposer – par ailleurs, tant et aussi longtemps qu’une autorité centrale existera, rien ne pourra vraiment appartenir à qui que ce soit. L’argent que tu gagnes est imprimé par l’État et soumis aux impôts et à l’inflation. Le certificat d’assurance de ta voiture est émis par ta société d’assurance. Ta maison ne t’appartient pas, elle est la propriété de la banque qui t’a accordé une hypothèque ; et même si tu en es propriétaire de droit, le pouvoir d’expropriation supplante n’importe quel acte de propriété.

Que faudrait-il pour véritablement protéger ce qui nous est le plus cher ? Les gouvernements n’existent qu’en fonction de ce qu’ils nous prennent. Ils prendront toujours plus que ce qu’ils donnent. Les marchés
nous récompensent lorsque nous arnaquons nos semblables, et vice versa. Nos liens sociaux sont notre seule véritable protection: pour être vraiment en sécurité, il nous faut des réseaux d’entraide autonomes et capables de se défendre.

Sans argent ou droits de propriété, nos rapports aux biens matériels seraient déterminés par les rapports que nous entretenons les un(e)s avec les autres. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui prévaut : nos rapports avec les autres sont déterminés par nos rapports aux biens. En finir avec la propriété, ce n’est pas faire une croix sur nos biens ; c’est faire en sorte qu’aucune loi ni aucun krach boursier ne pourra nous arracher ce dont nous avons vraiment besoin. Au lieu de dépendre de la bureaucratie, nous pourrions partir des besoins humains ; au lieu de s’exploiter les un(e)s les autres, nous pourrions tirer avantage de l’interdépendance.

La plus grande crainte des escrocs est de voir émerger une société sans propriété – parce que sans elle, ils seraient condamnés au mépris qu’ils méritent. En l’absence d’argent, la valeur des personnes se mesure à ce qu’elles apportent de bon dans la vie des autres, et non pas à sa capacité de les acheter ou de les soudoyer. Sans le motif de profit, chaque effort est sa propre récompense. On laisse ainsi de côté toute incitation à mener des activités dénuées de sens ou destructrices. Les choses qui comptent vraiment dans la vie – comme la passion, l’amitié et la générosité – sont disponibles en abondance. Il faut littéralement des légions de policiers et d’experts immobiliers pour imposer la rareté des choses, rareté qui nous enferme toutes et tous dans cette grotesque course au profit.

(…)

CrimethInc. Ex-Workers’ Collective (2015)