Grenoble: occupation et expulsion du 51 rue des Eaux-Claires, brefs communiqués de la journée

Grenoble, le 30 mai 2015.

10h : Communiqué n°1. Envoyé aux médias, assos et signataires de l’appel à soutien aux occupants de terrains et de bâtiments

Communiqué de presse: réquisition [Note de Squat!net: il s’agissait en réalité d’une “occupation”, une “réquisition” provenant toujours d’un “ordre que donne l’autorité publique”] d’un bâtiment public situé au 51 rue des Eaux-Claires à Grenoble pour héberger deux familles sans domicile

Depuis plusieurs années, plusieurs familles du quartier des Eaux-Claires sont accompagnées par un collectif RESF de parents des écoles Painlevé et La Savane. Leur soutien est essentiellement administratif, moral, matériel et humain. Depuis plus d’un an, une très nette aggravation de la problématique du logement est visible partout dans l’agglomération grenobloise. La situation de l’hébergement d’urgence et du logement social est telle aujourd’hui, qu’elle donne lieu à la sélection des familles par des critères d’accueil extrêmement restrictifs qui ne respectent pas le droit au logement, et condamnent à la rue des familles, et cela même lorsqu’elles ont des enfants en bas âge ou gravement malades. Pour nous, habitants du quartier, parents d’élèves, militants du droit au logement, la violence des situations vécues est devenue insupportable. Et pour certaines de ces familles, nous n’avons trouvé aucune solution d’hébergement, malgré toutes nos démarches. L’absence de solutions proposées par les autorités compétentes et l’urgence des situations vécues nous conduisent donc aujourd’hui à soutenir une action de réquisition (sic) du bâtiment public inoccupé, situé au 51, rue des Eaux-Claires, à Grenoble. Elle a eu lieu pour mettre temporairement à l’abri deux familles du quartier sans toit depuis trop longtemps et sans perspective d’en avoir un à court ou moyen terme. Cette action est soutenue par de nombreux citoyens de l’agglomération qui se relayeront sur les lieux.

Des habitants du quartier, RESF Painlevé La Savane, Le collectif hébergement-logement, La patate chaude.

16H30, communiqué n°2 envoyé aux médias, assos et signataires de l’appel à soutien aux occupants de terrains et de batiments

Suite aux informations transmises ce matin concernant l’occupation de la maison située au 51 rue des Eaux-Claires à Grenoble menée conjointement par le collectif RESF, la Patate chaude, le collectif Hébergement logement, nous tenions à vous informer de l’évolution de la situation.

Nous rappelons que cette action répondait au besoin de loger deux familles à la rue dont des enfants en bas âge sont scolarisés à l’école Painlevé. Le collectif RESF constitué de parents d’élèves de l’école avait interpellé à plusieurs reprises la mairie. Face à l’absence de solutions proposées, la réquisition (sic) d’une maison vide depuis février dernier avait été décidée pour répondre à l’urgence de cette situation.

Nous avons appris ce matin que cette maison, gérée par la mairie, serait destinée à une autre association et qu’une convention était en voie d’être signée. Nous n’avons rien contre cette association ni contre le fait qu’elle ait besoin de locaux pour son activité. Suite à de multiples discussions, la mairie a cependant choisi d’expulser ces familles dans la journée.

Nous déplorons ce choix pour de multiples raisons :

– La mairie a choisi de mettre à disposition cette maison à une association plutôt qu’à des familles. Pourtant, cette maison se prêtait particulièrement bien à l’habitation.

– La marie rate ici l’opportunité de s’appuyer sur une dynamique citoyenne alors qu’elle a été élue sur un programme défendant ce principe. Elle avait en effet la chance d’avoir dans le quartier des Eaux-Claires un collectif mobilisé, et une maison dans le même quartier qui aurait pu répondre à leur demande.

C’est pourquoi les collectifs et habitants mobilisés aujourd’hui ont décidé de maintenir l’occupation en demandant à la mairie un délai pour trouver d’autres locaux pour l’association concernée ou pour trouver d’autres solutions d’hébergement pour les familles.

Malgré l’urgence sociale, nous n’avons pas trouvé d’accord et la mairie a ordonné l’expulsion ce jour-même. Demain, les deux familles retourneront à la rue.

Face à cette décision déplorable, nous vous invitons à être témoin de l’expulsion qui devrait survenir dans les heures qui viennent.

Bien à vous,

Des habitants du quartier, RESF Painlevé La Savane, Le collectif Hébergement-logement, La Patate chaude.

Communiqué n°3 envoyé aux médias, assos et signataires de l’appel à soutien aux occupants de terrain et de bâtiments

A 18h, le sous-préfet M. Lapouze et les forces de police, appelés par la mairie, sont venus nous déloger du jardin avec une très grande violence (gaz lacrymogènes à bout portant, dans les yeux, sur le visage, coups de matraques, coups de pied sur des personnes à terre, coups de chaîne…). Plusieurs personnes ont eu le visage et les yeux tuméfiés, des hématomes… les pompiers sont venus sur place et ont emmené une personne aux Urgences. Une autre a été emmenée au CHU. Un jeune mineur du quartier qui passait devant la maison s’est fait arrêter, sans aucune raison apparente à part celle du délit de faciès (il a été relâché après contrôle d’identité).

Nous sommes choqués. Il n’y avait pas eu effraction. Seul le jardin était occupé. Les collectifs attendaient la réaction de la mairie pour reloger les deux familles à la rue, ou trouver une autre solution pour l’association Roms Action. La réponse est incroyablement inadaptée et inacceptable.

Nous nous retrouvons lundi pour faire un communiqué plus complet que l’on vous transmettra.

[Publié le dimanche 31 mai 2015 sur Indymedia-Grenoble.]