Kabylie (Algérie): Blocages en pagaille pour l’accès au logement !

[Article publié initialement le 22 mai 2013 sur le site du quotidien L’Expression, presse mainstream algérienne.]

CITÉ DES 400 LOGEMENTS DE DRAÂ BEN KHEDDA
Les habitants ferment la route

La route reliant Tizi Ouzou à la capitale, Alger, a été fermée hier durant toute la matinée par des citoyens en colère au niveau de la ville de Draâ Ben Khedda située à 10 km à l’ouest du chef-lieu de wilaya.
Sur les lieux, les habitants de la cité 400 Logement sise dans la même ville ont dressé des troncs d’arbres, allumé des pneus obstruant totalement la chaussée à l’entrée de la ville et au niveau du siège de la daïra.

Les jeunes en colère ont justifié leur action par le refus de voir des chantiers de construction des nouveaux logements être lancés dans les espaces verts de leur cité. Ils estiment, en effet, que ces espaces sont réservés à l’amélioration du cadre de vie des habitants et des générations futures et que personne n’a le droit de les grignoter. Sur les lieux de l’événement, des centaines de citoyens s’étaient regroupés. Des discussions parfois chaudes ont réuni les citoyens en colère et les passagers qui étaient systématiquement invités à rebrousser chemin.

Cette action a d’ailleurs provoqué un énorme chamboulement dans la circulation routière durant toute la matinée. Connue pour être un axe routier névralgique pour la wilaya de Tizi Ouzou, la RN12 a été vite saturée et un long embouteillage s’est formé à l’entrée ouest de la ville des Genêts. En effet, le problème posé par les habitants de la cité des 400 Logements sise Draâ Ben Khedda nécessité un dialogue avec les directions concernées, car les citoyens rencontrés pointaient du doigt ces directions. En fait, ce genre d’action n’a pas cessé depuis plusieurs années. Mais le problème soulevé à Draâ Ben Khedda revêt un caractère nouveau.

Certaines voix accusaient les citoyens de manque de civisme. Hier, à Draâ Ben Khedda, hormis le mode de l’action, la revendication avancée exprimait en fait une grande maturité. Les habitants d’une cité qui refusent que leur espace vert ne soit mangé par le béton. C’est un fait nouveau qui illustre le décalage qui existe entre les citoyens et les responsables locaux. A l’évidence, certains élus et responsables sont réceptifs, mais que peuvent-ils devant une culture de bureaucratie.

Pour rappel, le 5 mai dernier, les mêmes habitants ont bloqué l’accès au siège de la wilaya de Tizi Ouzou en organisant un rassemblement pour le même motif.

Kamel Boudjadi