Nantes: Unissons-nous pour repousser l’expulsion !

28 Février 2018 : Unissons-nous pour repousser l’expulsion !

Tandis que le flou règne, il est sans doute temps d’éclaircir la situation sur le futur des occupations de l’Université de Nantes, où habitent depuis fin novembre plus d’une centaine d’exilé·e·s. Alors même que beaucoup de personnes croient que le statut quo tient toujours et que la trêve hivernale protège les habitant·e·s, il s’agit donc ici d’expliciter les menaces qui pèse sur ces lieux de vie.

Il nous faut d’abord rappeler la décision du Tribunal administratif de Nantes du 05 décembre 2017 qui a accordé à la Présidence de l’Université de Nantes un permis d’expulser, c’est à dire de faire appel à la Préfecture -lorsque bon leur semble- pour intervenir sur la fac, la trêve hivernal étant donc rendu inopérante. Or notre interlocuteur pour le président de l’Université nous a justement annoncé lundi dernier par téléphone que la préfète avait été sollicité, cela faisant suite à un mail d’Olivier Laboux (président de l’Université) du 15 février aux personnel·le·s et étudiant·e·s qui mettait déjà à jour les liens étroits entretenus avec la préfecture. Communiqué de presse, mail, appel téléphonique : voilà par quels moyens la présidence entre en contact avec nous. Un climat de peur et d’incertitude est durablement mis en place via ces canaux desquels elle profite pour se glorifier de son accompagnement et de son écoute tous deux modestes, afin de se dédouaner de l’expulsion qui se profile. Mais nous n’allons pas nous laisser jeter à la rue, alors qu’aucune solution de relogement sérieuse n’a été ne serait-ce qu’évoquée, et que les températures négatives menacent des vies. Nous pointons également la duplicité de la présidence qui appelle dans son mail à ce que « notre établissement [soit] un lieu d’échange » tout en déclarant qu’il n’y a plus de dialogue possible puisque le ’’dossier’’ serait maintenant entre les mains de la préfecture. De même lorsque nous avons sollicité à plusieurs reprises une rencontre avec Olivier Laboux, sa seule réponse fut le silence.

Depuis plus de 3 mois, l’Université est le nouveau centre d’hébergement d’urgence du 115, ce dernier n’hésitant pas à renvoyer les gens ici. L’État ne prend ainsi pas ses responsabilités et ne respecte pas le droit fondamental qu’est celui du logement. Lorsque plus de 60 associations, avec nous, se rassemblent pour manifester le 20 janvier 2018 pour interpeller et réclamer par ailleurs une table ronde, cela est ignoré. Depuis que s’est-il passé ? Des logements ont-ils été débloqué ? Les personnes qui vont être mises dehors prochainement vont-elles être relogées ? Ou les pouvoirs publics reconnaîtront-ils enfin que ces réquisitions répondent à une défaillance de leur part et cesseront alors d’étouffer toute réponse à leur insuffisance ? A Censive et au château du Tertre, ce sont des familles, des enfants, des femmes enceintes, des mineur·e·s, des majeur·e·s, des personnes malades, des sans ou avec papiers, aux histoires de vie multiples, complexes, difficiles, autant d’individus qui se croisent et s’entassent dans une joyeuse effervescence collective. Et l’on voudrait mettre fin à tout ça tandis que l’hiver sévit et tue ?

L’urgence plane à nouveau sur nos têtes et les menaces venues de l’extérieur sont intolérables. Ainsi quand notre interlocuteur principal nous dit au téléphone qu’il espère une « sortie en douceur » afin de « limiter les dégâts » humains, nous ne pouvons qu’être sonné·e·s : les flics débarquent pour expulser des personnes et cela se ferait sereinement ? Nous demandons donc à nouveau votre soutien pour repousser une expulsion dévastatrice et appeler à la raison la présidence et les autorités publiques en leur rappelant qu’une « sortie progressive » est tout à fait impensable dans les prochains jours ou semaines. Qu’au moins on nous prévienne de l’arrivée des forces du désordre, comme on nous l’avait auparavant promis, et surtout qu’on nous laisse jusqu’au 31 mars comme c’est le cas à la faculté occupée de Grenoble, qu’on relance cette table ronde, qu’on commence enfin à s’agiter face à l’engourdissement général sur cette question impérative. Ne les laissons pas guider nos vies par la peur et l’incertitude, ni aujourd’hui, ni demain.

Aider, c’est d’abord se tenir informé mais c’est aussi envoyer son numéro via le site https://nantes.aveclesexiles.info/ pour être informé en cas de danger imminent et pouvoir venir sur les lieux en soutien, ou encore pour proposer un hébergement d’urgence de quelques jours ou plus.

Unissons-nous pour repousser l’expulsion !

Publié le 3 mars 2018 sur https://nantes.aveclesexiles.info/spip.php?article191