Nantes: expulsion du squat Moquechien à Talensac

Sans prévenir ni concerter, la mairie, accompagnée de l’association gestionnaire pour l’état Aurore, est arrivée à 8h ce matin, lundi 21 décembre, au squat Moquechien de Talensac où vivent 120 personnes pour expulser ! Comme d’habitude les gens sont traités comme des numéros de dossier qu’on peut se permettre d’expulser et de balloter de lieu en lieu.
Aucun habitant, aucune association n’a été prévenue de cette expulsion.
On oblige les habitants à rejoindre un autre lieu, l’auberge de jeunesse de la manufacture ou la rue. La bas rien ne leur est indiqué sur le nombre de places, les conditions d’accueil, s’il y aura des horaires de sortie et d’entrée, la possibilité d’inviter ses amis, si les militant-es de l’Autre Cantine pourront visiter tous ceux avec qui des liens se sont créer depuis 1 an….
Ce lieu sera-t-il inconditionnel ? Accueillera-t-il aussi bien les demandeurs d’asile, les dublinés que les personnes en situation irrégulière ??
Le squat de Talensac va être muré dans la journée !!!
Alors que le squat l’Orangeraie est toujours sans électricité avec 200 habitants …
A nouveau, ce gymnase va se retrouver vide pendant plusieurs mois avant d’être transformé selon les besoins de la gentrification pendant que des centaines de personnes sont à la rue ou vivent sans électricité !
Besoin d’assistance et de soutien cette matinée, pour récupérer ce qui peut l’être pour les habitants.
Merci par avance à celles et ceux qui pourront se coordonner et intervenir pour elles et eux.

L’Autre Cantine


Alerte, la Ville de Nantes expulse en pleine trêve hivernale !

Sans prévenir les occupants, la Mairie de Nantes a procédé à l’expulsion du squat de Moquechien qui hébergeait environ 200 personnes.

A 8h00 ce matin, les services du CCAS et de la Police Municipale de la Mairie de Nantes accompagnés par l’association Aurore ont procédé à l’expulsion sans préavis de ce lieu ouvert depuis le début de l’année 2020.

Il est prévu que les occupants soient hébergés de manière temporaire dans l’ancienne Auberge de Jeunesse de la Manufacture. Une évaluation de leur situation administrative sera également faite pour les orienter vers les dispositifs correspondant à leur situation.
Ces méthodes sont indignes de la part de la Mairie

– L’Auberge de Jeunesse ne dispose que de 120 places ce qui laisse 80 personnes sur le carreau. On peut imaginer que s’opère un report vers le squat l’Orangeraie qui pour rappel est privé d’électricité et de chauffage.

– Ce dispositif vise à orienter les occupants en fonction de leur statut administratif. Nombre d’entre eux bénéficient déjà d’un titre de séjour ou sont demandeurs d’asiles. Ils devraient être normalement pris en charge par les services de l’Etat. Faute de place d’hébergement, ils n’avaient comme solution que de se réfugier dans ce squat. Pourquoi agir aussi tardivement ?

– La Mairie de Nantes dispose d’un pouvoir de réquisition et dispose de millier de mètres carrés inoccupés (Ecole des Beaux Arts…), la solution d’ouvrir l’Auberge de Jeunesse avait été soumise lors du Conseil Métropolitain d’Octobre par l’Intercollectif Personne à la rue. Pourquoi ne pas avoir agi en lien avec les associations pour effectuer le relogement ? Pourquoi évacuer ces personnes sans les avoir prévenu?

Ce manque de considération est abjecte envers les occupants qui sont en situation de grande détresse.

UN TOIT C’EST UN DROIT !

DAL 44


Lettre ouverte à Johanna Rolland, à Yves Pascouau et aux élu-es de la ville.

Le squat de la rue Moquechien, en bas de Talensac, a été expulsé le 21 décembre dernier. Nous, membres de l’Autre Cantine, nous sentons trahis et en colère. Vous nous avez menti. À tous et toutes.

Depuis le 15 Novembre, nous avons rencontré cinq fois Yves Pascouau, choisi comme intermédiaire par votre cabinet, pour parler de l’avenir de l’Autre Cantine et de la question de l’hébergement des exilé.e.s à Nantes. Durant chacune de ces rencontres qui ont eu lieu à la mairie, Yves Pascouau nous a assuré d’un dialogue collaboratif et de son engagement auprès des populations exilées afin de mettre en place un accueil digne et novateur.

Nous vous avons alerté à plusieurs reprises sur l’urgence de la situation du squat l’Orangeraie, rue Daubenton, dûe à l’absence d’éléctricité et donc de lumière et de chauffage en plein hiver, et à la détresse psychologique de nombreux habitants. Malgré cela, une bonne nouvelle se profilait : le propriétaire proposait un commodat (prêt sur usage).

Nous avons discuté de ce qui aurait permis d’assurer la sécurité et l’accompagnement par des travailleurs sociaux de ces habitants. Nous vous avons demandé pour la mise en route de ce projet de trouver des associations gestionnaires en capacité de mener à bien ce projet. Yves Pascouau s’est dit concerné par la situation des 200 habitants de l’Orangeraie et est même venu constater par lui même, sur place, par deux fois au mois de novembre.

Lors de notre dernière réunion, le 16 décembre, nous avons compris que le projet de Commodat tardait à se mettre en place, alors même que nous avons insisté encore une fois sur la situation catastrophique du squat de l’Orangeraie : de nombreux habitants avec des soucis traumatiques amplifiés par les conditions extrêmement précaires en plein hiver.

Nous vous avons donc demandé la mise en place d’un compteur électrique temporaire type fête foraine afin de garantir un minimum d’électricité et de chauffage, ce que vous avez refusé.

Nous avons alors fait part d’un urgence : que l’auberge de jeunesse de la Manufacture, propriété de Nantes Métropole, puisse accueillir le transfert de 120 personnes les plus fragiles du squat de la rue Daubenton afin qu’un maximum de personnes soient en sécurité, accompagnées et ne sombrent pas dans le désespoir. Droit dans les yeux, Yves Pascouau nous a assuré que ce n’était pas possible car ce lieu était à la disposition de l’Etat qui déciderait de l’utiliser comme hébergement lorsqu’il en aura le besoin. Selon vos dires, la mairie n’avait pas la main sur ce lieu.

Méprisant cette situation d’urgence réelle, vous avez, 5 jours plus tard, expulsé le squat de la rue Moquechien sans prévenir ni les habitants ni les associations. Aucun agent de la Préfecture n’était là ce jour, uniquement des élu-es de la mairie et agent-es du CCAS. Ne parlez pas de mise à l’abri, une mise à l’abri par surprise à 7h du matin sans que les habitants n’aient le choix, ça n’existe pas.

Vous nous avez donc doublement menés en bateau : vous saviez déjà lors de notre dernière rencontre que l’auberge de jeunesse était destinée à accueillir les expulsés de Moquechien et votre soutien au projet de commodat n’était qu’une façade, puisque rien n’a été fait de votre part, ni contact avec des prestataires, ni devis. Lassé, le propriétaire a donc lancé la procédure d’expulsion

Or, le squat de Moquechien n’était pas une mise à l’abri d’urgence puisque ça faisait 10 mois que les habitants s’étaient auto-organisés dans un lieu salubre et chauffé. En acceptant les conditions et méthodes de la préfecture, vous avez volontairement fermé et muré un lieu de vie de 120 places pour céder à la gentrification immobilière. Le propriétaire n’étant autre que COVIVIO, une entreprise de gestion immobilière au patrimoine de 23 milliards d’euros qui a un projet de démolition et de création de logements et espaces de co-working.

Vous avez également justifié votre choix d’expulsion dans la presse le lendemain, en arguant que le nombre de places à l’auberge de jeunesse correspondait à celui du nombre d’habitants de Moquechien, ceux du squat de l’Orangeraie étant trop nombreux. Pourtant, vous avez finalement trouvé 180 places d’hébergement, soit 60 de plus que celles prévues initialement. A l’Orangeraie, il y a 200 habitants, vous auriez donc pu fournir un effort supplémentaire et tous les reloger sans souci si vous en aviez eu la volonté politique.

Vous avez affirmé votre dédain des associations de terrain tel que vous l’avez fait durant tout votre dernier mandat. Le squat de Moquechien n’était pas un simple gymnase, mais un exemple de squat fonctionnel et autogéré. Ce lieu avait été organisé par les habitants, avec des bureaux réaménagés en chambres et le gymnase, utilisé exclusivement comme espace convivial et social, où ont eu lieu, outre les rencontres sportives quotidiennes, des fêtes, des concerts, pièces de théâtre et mariages, ainsi que les consultations de Médecins du Monde, de la PASS (Permanence d’Accès aux Soins de Santé) et de la CIMADE (Association de défense des droits des personnes réfugiées et migrantes). Nous avions rempli ce lieu de rire, d’amitié, d’entraide et de confiance. Un Noël solidaire était prévu.

Vous avez détruit presque 1 an de travail de confiance, d’accompagnement juridique, médical et humain qui permettait liberté et autonomie à ses habitants, sans prévenir, un petit matin d’hiver. Pour les gens qui ouvrent le journal, à la veille de Noël, vous avez “mis à l’abri” plus de 160 personnes, tout va dans le bon sens. Mais pour nous, qui sommes tous les jours sur le terrain, nous sommes trahis et savons ce que vaut cette opération de communication.

Mais ce n’est pas le pire. Le pire c’est que vous laissez volontairement pourrir un squat et ses 200 habitants, dans le noir et le froid de l’hiver avec tous les risques que cela comporte. Ce sont eux qui auraient du être les premiers concernés par cette mise à l’abri ! L’urgence de l’hébergement ce sont eux qui auraient du en être les bénéficiaires.

Nous créons des liens tous les jours avec les exilés de l’Orangeraie et ils nous disent le stress, l’angoisse, les cheveux qui tombent par poignées, le manque de sommeil, les cauchemars, l’isolement, l’anxiété, la dureté des conditions de vie du manque d’électricité et de chauffage, la toilette du matin à l’eau glacée. Tous les jours, ils nous demandent quand reviendra cette fichue électricité. A cela s’ajoute désormais la question : quand est-ce que nous aussi, nous serons relogés ?

Par cette action d’expulsion sans concertation, vous avez rompu toute discussion avec notre association. Vous avez su nous rappeler en moins de quelques semaines que vous restez, Madame Johanna Rolland, la maire qui avait déjà laissé pourrir les situations des camps de Daviais et Jeanne Bernard en agissant trop tard.

Nous n’oublierons pas et continuerons de combattre vos logiques politiciennes.

Nous mettrons toujours en œuvre nos énergies pour créer des liens d’humanité, de solidarité et d’entraide.
Avec ou sans vous.
Malgré vous s’il le faut.

L’Autre Cantine
https://squ.at/r/838v


Les sans papiers https://radar.squat.net/fr/groups/topic/sans-papiers
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Nantes Indymedia, le 21 décembre 2020 https://nantes.indymedia.org/articles/54527