Dijon: Expulsion du squat de demandeurs d’asile rue Bertillon

Suite à l’expulsion du squat de demandeurs d’asile rue Bertillon ce matin à Dijon…
… appel à rassemblement à 18h devant la Préfecture.

### Les divers représentants des associations et collectifs de soutien présents sur place appellent à un rassemblement de protestation ce soir, vendredi à 18h devant la Préfecture.###

A 8h ce matin, plus d’une centaine de policiers se sont rendus au squat de la rue Bertillon qui abritait de nombreux demandeurs d’asile depuis un an et demi. Ils ont défoncé les portes des chambres des habitants et les ont sortis sans ménagement. Une centaine de personnes sont arrivées très rapidement en soutien. Ils ont bloqué dans un premier temps les bus Divia réquisitionnés pour l’opération afin que les demandeurs d’asile puissent s’organiser pour décider de ce qu’ils voulaient faire. Même si ceux-ci ont pu reprendre une partie de leurs affaires, des sommes importantes de mobilier, gazinières, affaires personelles risquent d’être perdues.

La préfecture s’était pourtant engagée à plusieurs reprises au cours des dernières semaines auprès des associations à ne pas venir de nouveau expulser par la force. Elle avait affirmé hier encore qu’aucune opération de police n’était prévue dans les jours à venir.

Comme nous l’avons maintes fois affirmé, les “solutions” proposées par la préfecture sont inacceptables puisque plusieurs dizaines de demandeurs d’asile vont se retrouver à la rue ce soir et qu’une vingtaine d’autres n’auront droit qu’à un hébergement d’urgence de nuit sans possibilité de cuisiner, d’espace personnel, ni d’abri durant la journée. Seule une trentaine de places en CADA ont été proposées. Même si l’abri que représentait le squat rue Bertillon restait bien précaire, les demandeurs d’asile présents sur place avaient affirmé ensemble à plusieurs reprises leur volonté de rester dans ce logement, plutôt que de se retrouver une nouvelle fois à la rue ou dans des hébergements encore plus instables. Le collectif de soutien aux demandeurs d’asile, regroupant une trentaine d’associations et syndicats, les avait soutenus en ce sens et avait refusé de cautionner les solutions proposées par la Préfecture.

Rappelons par ailleurs que la Mairie de Dijon, propriétaire du lieu, avait demandé cette expulsion alors qu’elle n’avait pourtant aucun besoin urgent du bâtiment. Certains de ses représentants étaient d’aileurs présents sur place ce matin pour légitimer l’opération.

Face aux politiques de répression des migrants et au choix de l’Etat de laisser les demandeurs d’asile à la rue malgré ses engagements légaux, le squat de la rue Bertillon avait constitué un abri provisoire et un foyer pour des dizaines de demandeurs d’asile de divers pays depuis l’occupation du bâtiment à l’automne 2011. Malgré les difficultés du quotidien, il offrait un lieu de repos et de convivialité, permettait des rencontres et solidarités indispensables pour tenir le coup, entre migrants et avec des Dijonnais-es. Ce regroupement des demandeurs d’asile sur un lieu permettait aux associations de s’organiser et de proposer aux demandeurs d’asile des soins médicaux, distributions alimentaires, cours de français et suivis des dossiers. Ce sont ces liens et réconforts que l’opération policière d’aujourd’hui aboutit aussi à briser.

De nombreux travaux d’électricité, de plomberie et de remise en état avaient été réalisés par des associations et personnes solidaires afin d’améliorer l’habitat. Dimanche encore un grand nettoyage collectif du bâtiment avait eu lieu et une exposition de photos sur la situation des migrants à Dijon avait été collée sur la façade. Malgré les demandes à ce sujet, la Mairie de son côté avait été jusqu’à refuser de faire venir les services de dératisation pour aider à améliorer l’hygiène du lieu.

L’expulsion d’aujourd’hui survient juste un an après celle de l’école des Greffes, bâtiment qui logeait 300 demandeurs d’asile à Dijon. L’an dernier déjà les autorités avaient cherché à prendre les soutiens par surprise en avançant la date d’expulsion et en passant en force grâce à un arrêté de péril délivré par le Maire. A l’époque, cette expulsion avait occasionné de nombreuses manifestations et protestations. Un village de tentes avait été dégagé manu militari par la police, place de la Libération et un nouveau squat situé rue des Petites Roches avait été ouvert dans la foulée. Depuis les migrant-e-s, laissé-e-s à la rue par l’Etat, étaient majoritairement regroupé-e-s dans le squat de la rue
Bertillon et aux Petites Roches. La préfecture avait affirmé ne pas vouloir rejouer le scénario de l’an dernier. C’est pourtant ce qu’elle vient de faire aujourd’hui, en se moquant éhontément de tous ceux qui auraient encore pu lui accorder une confiance quelconque.

De notre coté nous continuerons à nous organiser avec les demandeurs d’asile et les associations pour ne laisser personne à la rue et lutter contre les politiques de répression des migrants !

Un toit pour tous ! Contre toutes les expulsions !
Solidarité avec les migrants et demandeurs d’asile.

Nous appelons dans un premier temps à manifester dès ce soir devant la Préfecture à 18h.

Des personnes et collectifs solidaires du coté des Tanneries et du quartier des Lentillères
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Par ailleurs, du côté des médias mainstream:
France 3 Bourgogne | La Gazette | Le Miroir | RTL | Ouest-France