Le Cap (Afrique du sud): Qui détruit nos baraques récolte des pavés

Depuis de nombreuses années, des habitant-es occupent un terrain situé à l’est de Philippi [l’un des plus grands townships de Cape Town], dans la ville du Cap (Cape Town), que les médias et autorités appellent « quartier informel de Marikana » [nommé ainsi en hommage à la grève sauvage des mineurs qui avait été attaquée par la police en août 2012]. La justice a récemment ordonné l’expulsion des habitant-es et la démolition de leurs logements pour occupation illégale de terrain privé. Le vendredi 22 août au petit matin, les flics et les employés municipaux ont envahi la zone et ont pu s’affronter à la rage de celles et ceux qui n’ont rien et qui voient leurs logements se faire raser sous leurs yeux. Des centaines de personnes se sont levées contre la police, en ripostant avec les moyens du bord (bouteilles en verre et pierres en grande partie): un porc casqué a été évacué la gueule en sang après avoir été frappé à coups de pierres par un enragé.

Les affrontements ont été intenses et ont duré une grosse partie de la journée (vidéo ici). Certainement grâce à une solidarité active qui a pu amplifier l’émeute (à en croire un protagoniste de l’expulsion, un dénommé JP Smith, qui a affirmé aux médias que 2000 personnes sont venues de partout afin de renforcer la lutte). Plusieurs routes du secteur ont été fermées par les flics pour faciliter leur sale travail. Aux alentours, des entreprises locales ont été pillées, saccagées puis incendiées. 

Le même scénario s’est déroulé quelques jours avant dans cette même ville: employés municipaux et policiers avaient été appelés en début de semaine pour expulser d’autres occupant-es qui s’étaient installé-es sur un terrain municipal vacant dans le secteur d’Enkanini à Khayelitsha [un autre township de Cape Town]. Voir vidéo de l’expulsion ici. Des centaines de cabanes ont été démolies et des milliers de personnes foutues à la rue. Il s’en est suivi plusieurs jours d’affrontements. Des barrages de pneus enflammés ont été montés à travers les routes et les flics ont fait face à une opposition déterminée. En plus des canons à eau, les policiers ont eu recours à des grenades assourdissantes et des lanceurs de balles en caoutchouc pour contrôler et réprimer la foule de centaines de manifestant-es. Plusieurs personnes ont été interpellées (vidéo).

Malgré la destruction de plus de 500 cabanes en bois, la plupart des résidents sont catégoriques et ont affirmé qu’ils reviendront sur le terrain vacant dès que les chiens de l’Etat seront repartis.

En juin dernier, c’est à Nomzano [township situé en banlieue de Strand] que l’Etat a expulsé des centaines de familles sur la demande de la SANRAL (South African National Road Agency Limited), société sud-africaine d’autoroute (vidéo).

[Publié le 23 août 2014 sur Le Chat Noir Émeutier. Les notes entre crochets ont été ajoutées par Squat!net.]