Dès l’affichage, tôt dans la matinée du dimanche 31 janvier, de la liste des bénéficiaires de 80 logements sociaux, dans la commune d’El-Khabouzia, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Bouira (en Kabylie), des dizaines d’habitant-e-s de la localité se sont rassemblé-e-s devant le siège de la mairie, afin de réclamer l’annulation pure et simple de cette liste.
Comme souvent dans de pareils cas, les protestataires, dont la majorité sont détenteurs de dossiers de logements, reprochent aux responsables locaux «de ne pas avoir respecté les priorités dans l’attribution de logements». Ils réclament aussi l’intervention du wali de Bouira pour la mise en place d’une commission d’enquête «pour l’annulation de cette liste et afin de mettre toute la lumière sur les critères adoptés par la commission communale du logement».
Une personne interviewée dans La Dépêche de Kabylie demandait clairement: «Nous vivons tous dans des conditions difficiles. Sur quel critère s’est basée la commission des logements, puisque des personnes habitant des garages et des taudis n’ont pas bénéficié d’un logement digne ?»
Face à cette situation de tension, les pouvoirs locaux ont répondu comme partout dans le monde dans des circonstances semblables, c’est-à-dire qu’un important dispositif de “sécurité”, constitué d’une dizaine d’unités mobiles de la gendarmerie nationale, a été déployé autour du siège de l’APC (conseil municipal). Pour info, le maire de cette localité, M. Mekki Brahim, avait déposé sa démission la semaine précédente, et son successeur n’a pas encore été désigné par les élus de l’assemblée communale…
Le lendemain, pendant toute la journée du lundi 1er février, l’accès au conseil municipal d’El-Khabouzia a été bloqué. Les employé-e-s n’ont pas pu entrer dans le bâtiment. Des barricades avaient été érigées par des jeunes en colère. «Le maire et le chef de daïra se sont moqué de nous ! Le peu de confiance que nous avions placé en eux s’est évaporé. Ils nous ont menti et trahis!» s’est exclamé un manifestant auprès d’un journaliste de Liberté.
Alors que deux jeunes avaient été arrêtés par les flics, en fin de journée les manifestant-e-s annonçaient d’autres actions “plus musclées” si les autorités, avec à leur tête le premier magistrat de Bouira, ne se décident pas à revoir ces listes…
Jeudi 4 février, la wilaya de Bouira annonçait l’annulation de la liste des 80 logements de la commune d’El Khabouzia. Une commission d’enquête est mise en place à propos de ce dossier. Reste à savoir ce que ça va changer dans les jours et semaines à venir…
Les protestataires se donnent rendez-vous chaque mardi pour exiger des autorités la distribution des logements. Selon El Watan, un quota de 250 logements sera livré prochainement. Mais à qui ?
