Montreuil (93): gardien de la paix… mon oeil !

Rassemblement ce mercredi 23 novembre 2016 à 18h30, à Montreuil, à l’appel de plusieurs collectifs contre les violences policières.

Dans la semaine du 21 au 25 novembre 2016, trois policiers sont mis en examen avec leurs flashballs au TGI de Bobigny, pour avoir tiré sur le rassemblement de solidarité avec la Clinique expulsée le 8 juillet 2009, en visant les têtes. En quelques minutes, six personnes ont été touchées, et Joachim a perdu un oeil.

Mercredi soir, les collectifs contre les violences policières et des collectifs en lutte aujourd’hui à Montreuil appellent à un rassemblement à 18h30. Ce sera l’occasion de prises de paroles, de discussions, et d’affirmer que ce procès ne se limite pas aux audiences à l’intérieur du tribunal.

Le texte du collectif 8-juillet ci-dessous revient sur quelques enjeux du procès.

Mutiler et Punir

Le soir du 8 juillet 2009, nous organisons un repas dans la rue pour protester contre l’expulsion, le matin même, d’une ancienne clinique occupée et transformée en un lieu aux multiples activités sociales et politiques. Après le repas, nous marchons jusqu’au lieu expulsé. Les policiers viennent se garer près de la clinique, sans sirène ni gyrophare. Ils sortent de leurs voitures et s’équipent de leurs flashball. Alors que nous nous éloignons sur la place du marché, ils nous tirent dessus à trois reprises, sans sommation et à hauteur de visage. Une personne est touchée en plein front. Igor est touché à la clavicule, Joachim est atteint à l’oeil et s’effondre. Les policiers ne lui portent pas secours et continuent à pourchasser le reste des manifestants. Trois tirs de flashball éclatent de nouveau autour de la place Jacques Duclos, touchant à nouveau trois fois, Flo à la jambe, Gabriel à l’épaule, et Eric à la nuque.

La hiérarchie policière et judiciaire aurait préféré faire reposer l’entière responsabilité des faits sur le seul policier ayant tiré sur Joachim, disculpant les autres policiers et se disculpant par là même. Le policier aurait été jugé en tant que personne et non en tant que policier. On se serait attardé sur son profil psychologique, ses antécédents. On aurait cherché en vain la figure d’un criminel, d’un flic pourri et on n’aurait rien trouvé sinon un policier, un banal policier pour qui l’usage de la violence est tout aussi banale. On aurait alors fait valoir une erreur de jugement. On aurait mis en avant l’imprécision de l’arme.

À la faveur de la comparution des trois policiers devant les tribunaux, un autre sens peut émerger. Six personnes ont été touchées par des tirs de flashball par trois tireurs. À une exception près, tous les tirs touchent le haut du corps des blessés, précisément là où la police n’a pas le droit de tirer. La répétition des tirs en direction du visage écarte l’hypothèse de simples erreurs, d’accidents, ou d’imprécision de l’arme et démontre une volonté collective de faire mal, de punir.

Si cette volonté de punir est imputable aux policiers, elle l’est aussi à la hiérarchie. De manière assez ordinaire, elle a joué sur la propension des policiers à sortir du rang,
à ne pas respecter les règles, à utiliser la force arbitrairement, non pas en donnant un ordre mais au contraire, en n’en donnant pas. C’est le sens de toute carte blanche. Le flou entretenu par la hiérarchie quant à la nature de l’opération, notre stigmatisation comme dangereux, son absence lors des opérations démontrent qu’elle a laissé libre cours, voir encouragé les policiers à agir ainsi.

Cette histoire en dit long sur l’action quotidienne de la police.

Les policiers 
se persuadent qu’ils font ce que la justice ne fait pas, ou pas assez, ou pas assez durement et systématiquement. Ils pensent appliquer une justice de terrain, une justice extralégale. Ils justifient ainsi leurs pratiques brutales, humiliantes et illégales par ailleurs encouragées par des objectifs chiffrés en matière de contrôles, d’arrestations. L’obsession des policiers envers les tribunaux trop laxistes trouve ici une explication.

Le flashball se prête parfaitement à ces pratiques punitives. La police l’utilise comme on utilise un bottin téléphonique, pour frapper sans laisser de trace. Sauf que
ce soir là, l’un des tirs a laissé une trace indélébile. Si Joachim n’avait été « que » blessé, et non mutilé, il n’y aurait eu aucune enquête et nous serions sans doute rentrés chez nous, la douleur au corps et la peur au ventre comme cela arrive quotidiennement en France sans que personne ne dise rien. Car pour un œil crevé, combien de corps frappés, d’anonymes portant en eux le souvenir des coups de flashball, de tonfas, de poings, de pieds, de grenades de désencerclement. Combien ? Des milliers.

Collectif 8-juillet

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