Dès 14h ce samedi 17 décembre [2022], entre 200 et 300 personnes se sont rassemblées à la pointe de la Jonction pour prendre part à la fête foraine contre la marchandisation de la pointe de la Jonction.
Stands de frites, soupe et sandwich, chamboule-tout, rodéo à énergie humaine, cocktails et des tas d’autres animations ont rassemblé entre deux et trois cents personnes à la pointe de la Jonction pour une fête foraine. Le froid était dans l’air, mais la joie était dans les coeurs des habitante.xs de la Jonction et de leurs soutiens.
La pointe de la Jonction, c’est cet espace autrefois dévolu à un dépôt d’autobus et qui abrite aujourd’hui les activités de plusieurs associations regroupées dans le Forum Pointe de la Jonction. Ce grand espace entre le Rhône et l’Arve doit être à terme transformé en parc public.
Pourtant, les autorités de la Ville de Genève veulent à tout prix que ce triangle leur rapporte de l’argent. C’est pourquoi elles ont lancé un appel à projet pour la gestion de l’espace avant la construction du parc. Face au projet défendu par les associations, c’est un projet commercial qui a été retenu, celui du Baroque SA, une discothèque chic de la place (lire les détails ici). Si le Baroque SA a remporté la mise, c’est pour sa « solidité financière » selon les autorités municipales. Faut-il absolument que chaque mètre carré rapporte son pesant d’or ?
En attendant la réalisation du « champ de foodtrucks », le secteur de la pointe a été fermé et les activités associatives et conviviales qui s’y tenaient depuis deux ans ont été suspendues dans l’attente du début des activités qui intéressent seule la municipalité de gauche : les activités commerciales.
Une fête foraine pour s’amuser et protester
C’est pour protester contre cette situation qu’une fête foraine a eu lieu sur place ce samedi 17 décembre. C’est aussi pour apporter une preuve de plus que l’on peut très bien s’amuser sans payer une bière cinq balles. Ce samedi, tout était prix libre ou gratuit, un free shop de livres et de vêtements avait trouvé sa place sous les halles du dépôt d’autobus.
La Pointe de la Jonction dans les années 1920: à l’époque on ne tire pas du profit en faisant des foodtrucks, mais de l’industrie. C’est la fonderie Kugler et l’usine de matériel électrique Gardy qui occupent la Pointe de la Jonction.
Deux cents à trois cents personnes sont venues s’amuser, discuter, passer un bon (mais froid) moment entre ami.es sans que personne ne tire de profit financier de leur présence. De quoi faire convulser les vampires capitalistes !
Une fête qui en annonce d’autres !
La volonté de faire du profit sur nos lieux de vie, d’habitat, de loisir est plus forte que jamais. Genève connaît actuellement une puissante offensive de hausse des loyers des habitations. Notre canton détient le record de Suisse de surfaces commerciales vides. Les quartiers populaires font l’objet d’opérations de rénovations qui n’ont pas pour objectif d’améliorer les conditions de logement des habitant.exs mais de permettre à des capitalistes d’engranger toujours plus de fric. Des zones de villas sont honteusement maintenues à la périphérie de la ville, obligeant les habitant.es à s’entasser et à payer des loyers prohibitifs.
Tout cela ne se passe pas qu’à Genève. A Zurich, des occupations et des manifestations contre les expulsions ont lieu. A Berlin ou Marseille, on lutte contre la gentrification des quartiers.
Ce ne sont ni les élections ni les référendums qui mettront un terme à cette situation. C’est en organisant plein de fêtes foraines dans les lieux que convoitent les capitalistes, en occupant les surfaces vides de toutes les manières possibles que nous pourrons habiter notre ville sans payer une rançon aux propriétaires immobiliers.
Si la fête foraine de ce samedi t’a plu, si tu partages les points de vue exprimés ici : reste à l’écoute pour de prochaines actions et toi aussi rassemble tes ami.es pour que les capitalistes se sentent moins à l’aise dans nos quartiers !
[Publié le 18 décembre 2022 sur Renversé.]
