Paris: Gauche poubelle, expulsions plurielles

Le texte ci-dessous a été distribué par des précaires en colère le 31 mars à la mairie du 20e arrondissement de Paris (les vigiles puis quelques pauvres flics nous en on ensuite sortis). Cette date marque notamment la fin de la trève relative d’hiver concernant les expulsions de logements (dont les squats). D’ailleurs, le 14 avril le squat Dada (ouvert depuis 7 mois) situé aux Lilas 61 avenue Pasteur et le 16 avril le squat du 22 passage des Tourelles (20e arrondissement) se sont fait expulser. Le 15, les occupants de ces deux lieux et d’autres avaient réoccupés après avoir chassé les vigiles le squat Dada avant de lâcher prise sous la pression policière et la fuite d’une partie des gens venus assister aux concerts punk prévus dans le lieu avant sa première expulsion. Bilan de ce week-end : une vingtaine d’interpellations, des garde-à-vue jusqu’à 36 heures et 3 personnes qui passent en procès le 28 septembre. La suite dans quelques jours.

GAUCHE POUBELLE, EXPULSIONS PLURIELLES

Les pauvres du XXe ont bien de la chance. Nulle part ailleurs en Ile de France, on ne compte autant de crapules politiques dont la vocation affichée -après la victoire aux élections bien entendu-, est la lutte contre l’exclusion.

De Michel Charzat (PS), le roi de l’assoc’ prêt à subventionner n’importe quelle organisation du moment qu’elle tient bien haut le drapeau rose, à la camarade Gégout (PC) qui ne manque aucune manif de sans-papiers ou de mal logés du moment que les journalistes sont là, en passant par David Assouline créateur du «stop la violence» des jeunes pauvres, le Conseil municipal regorge de nouveaux croisés lancés corps et âmes dans le combat verbal contre la misère. Quant à la gauche de la gauche, le XXe ne vit-il pas Babar, président du DAL, y faire des premiers pas ? N’est-ce pas l’arrondissement où l’on trouve le plus d’artistes engagés, de journaleux hors normes, d’écrivains de polars subversifs attirés par ces prolétaires si pittoresques dans leur malheur ? Bref, l’élite des progressistes de ce pays !

Et pourtant on y rencontre encore des pauvres mécontents. Des ingrats qui se disent que finalement, tout ce beau monde ça n’empêche pas de se retrouver sur le pavé, sans un sou en poche le printemps venu. Qui se souviennent que se faire expulser d’un squatt en plein hiver (108 rue de Belleville, 29 rue de Bagnolet par exemple) c’est l’horreur, que le trottoir soit de gauche ou de droite. Certains aigris (des nihilistes probablement) murmurent même que la présence du DAL ne change pas grand chose, et qu’être baladés de campements humiliants en occupations éclairs par Babar et ses dames patronnesses c’est aussi révoltant que d’être ballotté d’hôtel social en foyer pourri…

Plus inquiétant pour les nantis, certains de ces exclus tentent d’agir. Plusieurs intrusions de mal-logés ont été signalées cet hiver à la mairie, le nombre de squatters est en hausse (rapport du Ministère de l’emploi et de la solidarité 1999). Le racket de l’OPAC et sa sélection au faciès lui ont valu plusieurs visites de miséreux particulièrement déterminés. De plus en plus de révoltés clament haut et fort qu’aucun politicien bouffi par le fric et le pouvoir n’a intérêt à voir les pauvres sortir de leur misère parce que draguer du promoteur c’est toujours plus payant que de filer des logements aux Rmistes. Que le seul moyen d’obtenir des appartements ou autre chose, c’est de l’arracher par l’action collective, que si on veut vivre où on veut, il faudra bien se débarrasser de tous ces bourges qui nous en empêchent.

Si vous êtes cadres à l’OPAC, huissier spécialisé dans les expulsions de squatts, si votre carrière dans l’humanitaire ou au sein de la gauche plurielle repose sur l’exploitation de la misère, cette recrudescence de galériens en colère devrait vous inciter à participer activement à la campagne du PS -voire celle de la LCR- qui vous procureront plus de flics, plus de contrôleurs sociaux, plus de briseurs de grève.

Si par contre vous êtes dans la merde, que votre squatt va se faire expulser, que votre demande de logement prend la poussière depuis 20 ans dans le bureau de Monsieur Libine, que le DAL vous a déjà offert trois campings gratuits en décembre et cinq séjours dans des squatts insalubres, peut-être que ça vaut la peine de nous organiser pour résister aux expulsions, virer les huissiers ou investir les logements vides. Jusqu’au 31 mars c’était la soi-disante «trêve d’hiver» ; à présent les expulsions vont redoubler…

CONTRE LES VAUTOURS DE L’ETAT ET DE LA BOURGEOISIE AUTO-ORGANISATION SOLIDARITÉ DE CLASSE

Des travailleurs, des chômeurs et des précaires en colère – 21 ter rue Voltaire – 75011 Paris réunion tous les mardis à 17h30