Semaine libertaire à Dijon : les squats bougent, la police frappe…

Vendredi 9 mars vers 10h30, une trentaine de valeureux-ses squatteurs et squatteuses dijonnais-es armé-e-s d’épées et de boucliers en carton s’est lancée à l’assaut de la préfecture de Côté d’Or ! Un « cordon de sécurité » a été mis en place autour de l’entrée de la préfecture, jonchée de panneaux de signalisation précisant « ici on expulse », « zone dangereuse » ou encore « préfecture fermée ». Une banderole contre les expulsions fut également déployée, pendant que des manifestant-e-s déguisé-e-s tapaient sur des bidons, jouaient des percussions et distribuaient des tracts aux passant-e-s intrigué-e-s par le spectacle. Après une brève diffusion de tracts dans ses locaux, la préfecture a bouclé ses portes et descendu son rideau, devant des manifestant-e-s acclamant bruyamment cette victoire symbolique. Après une heure de joyeuse occupation, la police a décidé d’entrer en scène, en arrachant sans préavis banderoles, panneaux et instruments à des manifestant-e-s surpris-es de la réponse policière démesurée à une action clairement ludique et inoffensive. Refusant de quitter les lieux sans avoir récupéré leurs affaires, les manifestant-e-s furent violemment dispersés par des flics surexcités, frappant et gazant tous azymuts. Une personne fut embarquée et tabassée sur place devant des passant-e-s halluciné-e-s, des caméras et autres journalistes, et une bande vidéo fut également arrachée par les flics. Devant l’impossibilité de libérer l’arrêté, les manifestant-e-s durent alors quitter les lieux.

La violence des uniformes est un phénomène qui tend à devenir régulier à Dijon, les flics ne pouvant manifestement pas supporter un mouvement squat et contestataire qui prend de plus en plus d’importance. Le manifestant interpellé a été relaché après quelques heures de garde-à-vue, et se trouve convoqué au tribunal pour outrage et violence à agent. Une fois de plus, les médias locaux n’ont pu que se faire complices de l’affaire, ignorant nos communiqués de presse, en omettant soigneusement de traiter le sujet (France 3 Bourgogne), ou en se faisant l’organe de presse de la police dans le cas du Bien Public (qui publia le lendemain un infâme article signé Gilles Dupont, tristement célèbre pour sa campagne de désinformation contre le squat de la rue Saumaise, début 2000). Face à ces provocations et violences policières, les squatteurs, squatteuses et solidaires entendent réagir, et refuseront obstinément de respecter le silence qu’on leur impose ! Pour l’heure, un tract faisant le point sur l’arrogance policière a aussitôt été distribué (voir plus bas). A suivre…

Ci-dessous, le tract distribué devant la préfecture, suivi de celui diffusé le lendemain (en réponse à l’agression des flics) :

EXPULSONS LA PREFECTURE AVANT QU’ELLE NE NOUS FASSE EXPULSER !

A quelques jours de la fin de la trêve d’hiver, peu après les élections, la préfecture se préparera à prendre ses responsabilités : envoyer ses flics pour expulser le plus vite possible squatteuses, squatteurs et locataires « mauvais-es payeurs-euses ». Quelle tâche passionnante ! Pourtant, tout le monde sait que les expulsions n’apportent AUCUNE solution au « problème » du logement.
Nous n’accepterons jamais d’être jeté-e-s dehors sous le prétexte de lois protégeant la sacro-sainte propriété privée, base de bien des inégalités en ce monde… Et puisque nous n’attendons rien de la préfecture, qui est une institution répressive qui se contente « de faire son boulot », nous nous proposons de la faire disparaître, d’autogérer la ville, ses logements et l’organisation de nos vies ! Ça vous dit ?

mars 2001, Interscouate dijonnaise

POURRA-T-ON ENCORE MANIFESTER SANS SE FAIRE MATRAQUER ?

Depuis quelques années, de nombreux bâtiments laissés à l’abandon ont été ré-aménagés par des squatteurs et squatteuses qui y ont bâti des lieux de vie collectifs, des espaces de réflexion, de création et d’expression. La police, qui n’a jamais beaucoup aimé la contestation, a toujours manifesté son hostilité à l’égard de ces pratiques alternatives, en exerçant une forte pression sur les acteurs et actrices de ces lieux autogérés (contrôles répétés, menaces et insultes, etc.). Elle vient d’en faire une nouvelle fois la démonstration à Dijon, sans oublier, bien-sûr, son habituelle brutalité.

Vendredi 9 mars 2001 en fin de matinée, une trentaine de squatteurs, squatteuses et sympathisant-e-s s’était rassemblée devant la préfecture de Dijon, pour manifester son ras-le-bol des expulsions, qui touchent les squatteurs, squatteuses et divers-es autres précaires (locataires ne pouvant payer leur loyer, etc.). L’action visait à parodier les expulsions pratiquées par la préfecture sous forme de théâtre de rue, à l’aide de percussions, de bonne humeur et d’épées en carton. Mais les flics ont vite cassé l’ambiance : sans attendre, ils ont confisqué brutalement les instruments de musique, arraché banderoles et pancartes en insultant les personnes rassemblées. Demandant à récupérer leurs affaires, les manifestant-e-s n’ont eu pour réponse que la violence : l’un d’eux fut matraqué à la tête, plusieurs personnes furent jetées à terre, une autre mise à l’écart, frappée et arrêtée, alors que la plupart subissait les gaz lacrymogènes projetés à plusieurs reprises en pleine face et à bout portant. Des passant-e-s furent choqué-e-s, indigné-e-s, certain-e-s suffoquant sous l’effet des gaz. Le Bien Public s’est aussitôt emparé de l’affaire pour disculper les policiers, en fabriquant une version des faits délirante.

Les violences policières n’ont cependant rien de nouveau : en mars 2000, quelques flics s’étaient déjà laissés aller à leur haine des contestataires, en tabassant un habitant du squat de la rue Saumaise, au terme d’une tentative d’expulsion manquée. Très vite, les flics couvraient leur bavure en inventant une improbable histoire et en jouant sur des clichés créés de toutes pièces, grâce à la participation active du Bien Public. En décembre dernier également, deux personnes avaient dû être conduites aux urgences, après que des policiers leur aient ouvert le crane à coups de matraques en gare de Dijon (lors d’un départ collectif pour des manifestations se tenant à Nice).

Demain, pourra-t-on encore manifester sans se faire systématiquement réprimer ?

Ces quelques exemples ne sont malheureusement pas isolés. La violence policière est quotidienne, et s’exerce tout particulièrement à l’encontre de populations défavorisées (immigré-e-s, précaires, etc.). A l’exception de quelques « bavures » dramatiques (assassinats de jeunes, pompier amputé…), on en entend cependant jamais parler. Police et médias savent souvent s’arranger.

La violence de la police n’est pourtant pas bien surprenante. Son rôle a toujours été de protéger un système inégalitaire contre ceux et celles qui voudraient le changer. La police n’aime pas la créativité, l’intelligence et la curiosité, mais vénère l’ordre, l’obéissance et la passivité. La police veut un monde d’aliéné-e-s, où chacun-e reste à sa place et fait ce qu’on lui dit sans rechigner. Nous voulons tout le contraire.

Intersquat Dijon, Samedi 10 mars 2001