Expulsion à Bruxelles : témoignages

Voici deux témoignages de l’expulsion du squat de la rue du Trône à Bruxelles, le matin du 13/12/01, par des personnes ayant échappé à l’arrestation. Rappel : le lieu avait été ouvert la veille pour loger les manifestant-e-s anti-sommet, arrivant par centaines, sans aucune possibilité de se loger.

Ce premier compte-rendu a été publié anonymement sur www.indymedia.be :

Le squat a été expulsé vers 7.30am. J’étais avec un groupe qui s’est échappé par l’un des murs arrières. La police était dehors. J’ai vu 3 voitures de flics mais il y avait également beaucoup de flics en civils dans des voitures banalisées. Impossible de dire combien. Depuis la fenêtre de l’étage, nous pouvions les voir poursuivre quiconque tentait de s’enfuir par l’avant du bâtiment.

Du côté du mur de derrière, des gens essayaient de grimper pour trouver une autre issue. Certains d’entre nous ont trouvé une échelle et accédé au toit d’un autre bâtiment. Alors que nous marchions sur le toit, il a cédé sous mes pieds et je suis tombé à l’intérieur du bâtiment. Heureusement, je suis tombé sur le toit d’une voiture, qui amortit ma chute avant que je ne glisse sur le sol. Je me suis bien blessé à l’épaule ainsi qu’au bras, à la jambe et aux côtes.

Deux types m’ont suivi à l’intérieur de ce qui était en fait un garage, et l’alarme s’est alors déclanchée. Elle fut entendue depuis le squat et encouragea d’autres personnes à tenter de s’échapper. Nous avons essayer de sortir par la porte du garage, mais sans succès. Nous avons alors pris l’escalier vers le toit et avons grimpé jusque dans un jardin, puis dans le bâtiment suivant, duquel nous avons pu rejoindre la rue. La police se trouvait à notre gauche mais n’a pas fait attention à nous. Nous avons donc pu nous enfuir.

Ce second compte-rendu, “occupation et expulsion d’un squatt à Bxl”, a été posté sur www.indymedia.be par “Fred” :

36 arrestations…. et expulsion de belgique

Face à l’attitude de la ville de Bruxelles de ne conceder aucun lieu d’hébergement pour les manifestants il ne nous restait plus qu’une solution: occuper des espaces inutilisés. Des lieux intéressants à squatter avaient déjà été repérés par les bruxellois du mouvement. Le mercredi soir 12 décembre, par petits groupes on se dirige vers le batiment qui avait été désigné. Le but de l’occupation été aussi celle de permettre aux manifestants arrivant le lendemain d’avoir tout de suite un lieu de logement. Le batiment était immense, étant un ancien siége administratif, chauffage, éléctricité et eau courante, bref, un endroit décent où passer quelques nuits pendant le sommet. Nous étions une soixantaine de personnes, provenant principalement de France, mais aussi d’Allemagne, d’Hollande, de Finlande et de Grèce, mais nous étions accompagné et guidés par un petit groupe de belge, qui ont, une fois l’installation terminée, quitté le batiment. La gestion du lieu a été le point principal de la réunion. Il fallait maintenant prendre en main la sécurité des lieux par rapport à une éventuelle attaque policière: il fallait barricader et organiser un tour de rondes pendant toute la nuit. On avait repéré des sorties “alternatives” pour s’échapper au cas où. L’occupation a été jusque là tranquille, sans aucune casse, sans aucun flics, sans aucun bruit et limite sans lumière pour ne pas éveiller les soupçons des gens du quartier. Vers sept heures du matin deux voitures de flic s’arretent devant le batiment….l’alerte est donnée, c’est la panique, tout le monde dormait. Les flics commencent à arriver de plus en plus nombreux, un quart d’heure de flottement avant qu’ils ne détruisent nos barricades. Du premier étage je m’aperçois que dans la cour du batiment mitoyen deux flics ont déjà pénetrer pistolets au poing. Adrenaline à donf, qu’est-ce qui nous attend? Moi, je prend la fuite, je me précipite dans la cour etje m’échappe par les toits en effectuant un excellent numéro d’équilibriste. De toit en toit je descend dans une cour de lycée grace à une échelle d’une vingtaine de mètres. Un jeune lycéen m’indique la sortie….je repasse devant l’entrée du batiment, je vois environ une quinzaine de fourgons de police et une dizaine de voitures, et une quarantaine d’occupants (36 ou 43 selon les sources officielles), assis menottes aux poignets dans le dos. La tension était tellement extreme, qu’une personne a fait, juste apres son arrestation, une crise d’epillepsie; paradoxalement c’est malheureusement grace à ça que les flics l’ont laissée partir, “ne voulant pas d’emmerdes”, comme ils ont déclaré, l’aide au citoyen ne constituant pas une préoccupation première chez eux. Seulement après j’ai su qu’une dizaine de personnnes avaient réussi aussi à s’échapper, qui par les toits (non sans danger, une des personnes ayant les flics au cul, a traversé une toiture et est tombée trois mètres plus bas), qui par un garage; une personne a attendu sur un toit de voir des lumières dans un appartement pour pouvoir demander aux habitants de passer par chez eux, ça a marché, sympa! Le legal team a été prevenu aussitot et a commencé les démarches(inutiles!!!!) qui n’ont aboutit à rien, car les gens arretés ont été expulsés dans la soirée du treize décembre alors qu’une action pour leur libération était en cours en face du centre de rétention spécialement mis en place pour le sommet. Pour bien sentir l’atmosphère qui régnait pendant notre action pacifiste: un canon à eau et de nombreux car de condés stationnaient à quelques dizaines de mètres de nous. La station de métro Delta, point de convergence de l’action, était très mal frequentée: que des flics. Certain des expulsés ont meme été reconduit dans leur pays par avion, ils avaient vraiment envie de les jeter du pays….voilà mon histoire pour l’instant….

des expulsé-e-s