Guingamp: Occupation d’EDF, communiqué du collectif de soutien aux squatteureuses

Le lundi 24 décembre 2001, vers 15h00, une vingtaine de personnes ont investi les locaux de l’agence EDF de Guingamp. Elles venaient notamment protester contre la coupure d’électricité du squatt Ty Disuj à Pabu au cours de la semaine dernière. Leurs revendications portaient sur 4 points essentiels :

– Arrêt immédiat des coupures d’électricité
– Retrait de la plainte contre les squatteureuses pour vol d’électricité
– Rétablissement du courant à la ferme Ty Disuj
– Arrêt du nucléaire et développement des énergies renouvelables 6 personnes se sont alors enfermées dans les locaux avec 3 membres du personnel d’EDF, tandis que le reste du groupe, à l’extérieur, distribuait des tracts de revendications. La seule cliente présente lors de l’entrée des squatteureuses a été invitée à quitter les lieux. La porte principale a alors été ficelée. Le personnel présent n’a durant cette action été ni verbalement ni physiquement importuné. Suite à la première prise de contact avec les forces de l’ordre, les personnes restées à l’extérieur ont demandé à rencontrer un membre de la Direction de l’agence d’EDF afin de lui présenter le tract et les intentions des occupants.

En même temps, il a clairement été expliqué que les occupants n’avaient pas d’intentions belliqueuses ni violentes, et que donc, la force n’était pas l’unique moyen d’intervention. Un inspecteur de police a par ailleurs pénétré, sans aucun problème, dans l’Agence pour s’y installer jusqu’au délogement après avoir néanmoins casser la barre de la porte principale. La Sous-Directrice de l’agence s’est entretenue avec les personnes dehors et a fait part de cette action et des revendications à son supérieur hiérarchique.

Malgré ces négociations non- violentes, la Police Nationale de Guingamp aidée de celle de Saint Brieuc, une trentaine d’agents au total, sont intervenus sans sommations et sans aucune difficulté. La violence a été employée de manière unilatérale et soutenue (matraquages, coups de pieds et coups de poings, insultes, violences verbales…).

Les soutiens extérieurs ont du eux aussi faire face aux invectives et menaces d’un agent particulièrement nerveux et heureux de cette démonstration de force, ceci devant des dizaines de badauds atterrés.

Les 6 personnes (les 6 occupants) ont été interpellées, gardées à vue durant 19 heures et mises en examen pour « séquestration de personnes ». Elles passeront en procès le 25 février 2002 au TGI de Guingamp.

Nous tenons à souligner que les termes de « séquestration », « prise d’otage », de squatteureuses « survoltés », « d’opération coup de poing », « situation sous haute tension », employés par le journal Le Télégramme, sont nettement abusifs et disproportionnés quant à la réalité des faits.

Nous nous demandons si cette accusation ne vise pas à criminaliser les squatteureuses qui au-delà de leurs actions d’occupations de propriétés vides sont porteurs de revendications sociales et environnementales bien plus larges. N’est-ce pas là, la porte ouverte à une dérive sécuritaire tendant à étouffer par le biais de la justice tout mouvement social ? D’autre part, comme cela s’avère être le cas partout en Europe et de préférence aux périodes les plus froides de l’hiver, le droit à la propriété privée d’où découle les avis d’expulsion des squats semble plus important que le droit des personnes. Et on versera une petite larme humanitaire sur la dépouille des SDF morts de froid cette hiver !

+ Revue de presse :

Les articles cités sont consultables ici :

Comité de soutien aux squatteureuses