Dijon: Diffamation journalistique et communication de quartier

Ci-dessous, un tract rédigé suite à la parution d’un tissu de mensonges dans le journal dijonnais « Le Bien Public » qui en a désormais l’habitude. A noter que l’article est signé G.D., éminent partisan de la désinformation, ayant notamment fait ses armes avec l’intégrale des articles contre le squat de la rue Saumaise en 2000. Dédicace toute spéciale à ce cher ami.

A noter que cette « réponse » n’est qu’un prétexte pour communiquer avec les habitant-e-s des quartiers concernés (qui, contrairement à ce qu’avance l’article, ne sont pas majoritairement hostiles aux maisons occupées), et non la marque d’une volonté de « dialogue » avec le journal réactionnaire qu’est le Bien Public (ce qui serait peine perdue, bien entendu).


Vu dans la presse : les squatteurs et squatteuses seraient-ils/elles immatures, terroristes, demain cannibales ?

Jeudi 31 janvier 2002, le Bien Public a publié un article curieusement intitulé « Squats : les riverains en ont marre ». On y découvre le témoignage de quelques voisin-e-s mécontent-e-s, qui se laissent aller à des mensonges grossiers, dont certains frisent le délire. Voici donc quelques précisions par les accusé-e-s (habitant-e-s du Pamplemousse, de la Courdémone et des Tanneries), afin de rétablir un peu de vérité.

L’article nous dit d’abord bruyant-e-s (« ces jeunes dorment certainement la journée, parce que rue du Midi, ils coupent du bois à 2 heures du matin »). Du bruit, il nous arrive d’en faire, comme tout le monde. Mais nous sommes tout disposé-e-s à l’éviter, comme en témoigne une étude d’impact de nuisance sonore commandée par les Tanneries, pour s’assurer que les concerts organisés n’affectent pas la tranquillité du voisinage. Restent les hallucinations (non, le Pamplemousse n’est pas bûcheron !), et la mauvaise volonté : si bruit il y a, encore faut-il nous le signaler !

Et s’offusque ensuite que nous fermions nos portes à clef et que nous securisions nos habitations (« A la Courdemone […], elles sont complètement barricadées. Elles m’ont reçu bien enfermées derrière leur grille »). Peut-être faut-il rappeler que des voisin-e-s avaient cru bon d’appeler la police, alors que les occupantes se faisaient juste réinstaller le téléphone. Et si la police fait rarement preuve de délicatesse lors de ses visites, les squats ont également tous eu affaire aux attaques répétées de militants fascistes, contre lesquels il a bien fallu se défendre.

Ceux qui se plaignent du manque de communication (« Il y a aussi le manque de dialogue ») semblent être les derniers à vouloir l’établir. Notre démarche s’est toujours voulue communicative : nous avons multiplié tracts explicitant nos actions, accueil de voisin-e-s curieux-ses, invitations à discussions, goûters populaires et autres manifestations.

Mais quoi qu’il dise (« Si nous ne sommes qu’une dizaine ce soir, c’est parce que beaucoup n’ont pas pu ou même pas osé venir »), ce « club de voisin-e-s en colère » aura du mal à faire croire à un ras-le-bol généralisé. Ce serait sans compter sur le soutien de nombreuses personnes qui participent aux diverses activités proposées par les squats, et sur la sympathie que peuvent témoigner des habitant-e-s du quartier, avec qui des contacts parfois durables ont été liés. Et nous ne pouvons croire une seule seconde nos détracteurs, quand ils disent se préoccuper des « vrais pauvres » (« Allons, cessons cet amalgame entre leur situation et celle des vrais sans abri, des vrais immigrés chassés de leur pays par les guerres et les famines »). Leur ouvrent-ils leurs portes ? Les squats ont par contre souvent apporté soutien à des réfugié-e-s et autres sans-logis.

Curieusement, les squats incriminés (Courdémone, Pamplemousse et Espace Autogéré des Tanneries) sont parmi ceux qui affichent le plus ouvertement leurs volontés : se loger, mais aussi construire des vies épanouissantes et mener des combats politiques contre de nombreux traits de la société (exclusions, discriminations, et plus largement capitalisme, patriarcat, pouvoir). Il est bien normal qu’un certain nombre de personnes s’en sente offusqué, répugne à nous voir mettre en pratique ces idées, et veuille nous discréditer (en nous disant « fils et filles de la bourgeoisie moyenne qui prolongent leur adolescence en jouant à la révolution »). Ou comment prendre ses fantasmes pour la réalité : si nous pouvons nous permettre de consacrer moins de temps que la moyenne au travail salarié, c’est parce que nous nous organisons collectivement afin d’échanger, recycler et récupérer, et que nous voulons ne pas répondre à toutes les sirènes de la consommation. Précisons également que les lieux que nous occupons nécessitent souvent un travail et une énergie considérables, et que notre large investissement dans les réseaux associatifs ne fait pas vraiment de nous les parasites dont parlent certain-e-s. Nous n’avons pas non plus « tous les droits » : vivre ses idées et s’organiser de la sorte, c’est aussi s’exposer aux contrôles policiers musclés, aux visites d’huissiers et aux expulsions.

Quant à notre pratique du squat, elle est souvent une nécessité, mais correspond également à un choix de vie conscient et réfléchi. Dommage que la résignation de certain-e-s les amène à mépriser toute dissidence. C’est que notre « crise d’adolescence tardive » commence à sérieusement se prolonger: le mouvement squat existe depuis des années ! Il a toujours été porteur de pratiques constructives et de réflexions concrètes sur la société. Et si nous disons vouloir la « révolutionner », les prétendus « appels à la lutte armée » qu’un voisin aurait trouvé sur nos sites internet ne sont que des fantaisies supplémentaires dans ce montage burlesque et grossier. Soyons sérieux-ses : les squatteuses et squatteurs n’ont jamais agressé quiconque est venu leur parler, contrairement à certain-e-s habitant-e-s du cours du Parc, qui ont multiplié insultes, agressions verbales et menaces à l’encontre des occupantes de la Courdémone !

Nous persistons et signons. Nous continuerons à occuper les maisons à l’abandon, et encourageons d’autres à le faire ! Nous n’avons pas l’intention d’abandonner nos idées et de faire un trait sur des expériences et acquis que nous avons mis des années à développer. Nous voulons également rester ouvert-e-s aux rencontres et discussions. Ceci n’est pas une attaque contre « les voisin-e-s des squats », mais un éclaircissement à qui saura l’entendre. Voisin-e-s et autres intéressé-e-s, venez nous rencontrer !

Intersquat Dijon (Courdémone, Pamplemousse, Tanneries et autres maisons complices)