Message du samedi 25 mai 2002
[6 jours plus tard, l’occupation illimitée d’une maison vide du quartier Saint-Jean-Baptiste à Québec tient toujours. Le moral, malgré la fatigue, est bon. Ça commence à bouger du côté des gouvernements municipaux et provinciaux. On va peut-être les avoir. Voici ce que le quotidien local avait à en dire ce matin.]
Le «squat» de La Chevrotière sera long
Alain Bouchard, Le Soleil
À la faveur d’un possible printemps, et peut-être même d’un possible été, qui pourrait enfin se pointer le nez à Québec, l’occupation militante d’une maison abandonnée de la rue La Chevrotière, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, a de fortes chances de durer longtemps, longtemps, longtemps…
Aussi longtemps, en fait, qu’il restera assez de volontaires pour maintenir le squat puisque la Ville de Québec n’est pas particulièrement dérangée par l’occupation. Et parce que les voisins, loin de s’en plaindre, sont plutôt d’ardents souteneurs du geste politique entrepris vendredi par le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste (CPSJB).
Le double but de la manoeuvre: protéger les logements sociaux déjà existants dans le secteurs et forcer la construction de nouveaux logis à prix abordables dans l’ensemble de la ville et de la province. Les groupes locaux sont autonomes. Mais le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), maître-d’oeuvre du squat montréalais qui a fait tant de bruit au centre Préfontaine, l’été dernier, appuie vigoureusement l’initiative. [Ici le journaliste délire, c’est le Comité des sans-emploi qui a fait le squat de l’an passé, tandis que l’action qui a débuté vendredi s’inscrivait, elle, dans une semaine nationale d’occupations organisée par le FRAPRU…]
À peine un an après un Sommet des Amériques qui transformait tout le quartier en four à gaz, voilà que s’amorce une petite lutte toute pacifique, à l’intersection La Chevrotière-René-Lévesque, ce coin éminemment visible, situé à deux pas du parlement provincial et du Centre des congrès. Là où gravitait cette poudrière de 2001 et là où, ironiquement, la maison de deux étages actuellement occupée par des contestataires se trouvait alors à l’intérieur de la célèbre clôture de broche gentiement baptisée périmètre de sécurité.
«Dans le quartier même, l’urgence est de faire cesser la conversion de logements en condominiums», confiait hier au SOLEIL Mathieu houle-Courcelles, porte-parole du CPSJB. Ce pourquoi le branle-bas actuel vise notamment à faire transformer la maison occupée et celle d’en face en coopérative d’habitation. Comme l’ont été les deux immeubles voisins du bas de la côte.
Mais cela, de prime abord, donne à penser que les protestataires et les autorités municipales ne sont pas si éloignés les uns des autres. «Il est déjà décidé que la moitié de l’emplacement concerné sera consacré à des habitations coopératives», a déclaré hier le conseiller Claude Larose, responsable du logement soial à la Ville de Québec
Démolition prévue
Ce dernier ajoute que la Ville a précisément acquis l’îlot Berthelot de manière à maintenir sa fonction résidentielle pour moyens et faibles revenus. Sauf que, et c’est peut-être là qu’il y a réel accrochage s’il en est, la maison occupée est irréversiblement jugée non viable, rapelle Larose. «Elle doit être démolie pour faire place à du neuf», dit-il.
La consigne municipale est la suivante: surveillance étroite mais discrète des policiers. Mais aucune intervention d’aucune espèce aussi longtemps qu’il n’y aura pas indices d’insécurité ou d’insalubrité.
Les occupants ne sont pas dupes. «Nous avons le sentiment que la Ville va nous laisser faire en souhaitant que nous nous épuisions nous-mêmes, dit Houle-Courcelles. Sauf que nous sommes prêt à durer très, très longtemps.»
Maude, une jeune éclairagiste de scène de 21 ans, qui n’a pas voulu dévoiler son nom, a été l’une des volontaires un peu transis qui ont dormi au frais, la nuit dernière. À un point tel, du reste, qu’une génératrice est le premier article «quêté» par le CPSJB, tout en haut d’une immense banderole blanche accrochée au mur de la maison occupée. Sont aussi réclamées des chaises, une table à pic-nic (isc), etc.
À l’intérieur, une pétition n’attend qu’à être signée par toutes les bonnes âmes qui voudront bien le faire. Journalistes exclus, toutefois puisque l’entrée leur était interdite, hier tout au moins. Les occupants se disent 15. Il faut les croire sur parole. «Nous assurons une rotation afin de tenir le coup», affirme Mathieu Houle-Courcelles.
Madeleine Ménard, une vénérable dame du quartier qui habite elle-même un HLM en face du Grand-Théâtre, est au nombre des sympathisants qui voient au relatif confort des squatters. Elle se chargeait hier de leur apporter de la nourritire, tandis que deux jeunes ressortaient de la maison avec trois caisses de Griffon vides.
Il semble que toutes sortes de causes soient défendues en même temps, dans cette maison. S’y trouve notamment une affiche en faveur de la «Palestine libre»…
Réaction de la Ville: Sept cents logements sociaux d’ici juillet 2003
Guy Benjamin
Le Soleil Québec
La Ville de Québec promet de construire 700 nouveaux logements sociaux qui seront prêts le 1er juillet de l’an prochain. Une promesse qui devrait permettre de résorber en partie la crise du logement, selon le maire Jean-Paul L’Allier.
Québec avait annoncé il y a quelques semaines la construction de 1000 logements sociaux d’ici les quatre prochaines années. La Ville accélère donc son rythme de construction.
D’ici quelques semaines, la ville fera connaître son plan de travail précis afin de permettre aux coopératives ou aux organismes à but non lucratif de soumettre pour septembre au plus tard leurs projets d’habitation. Claude Larose, vice-président du comité exécutif et responsable du dossier de l’habitation, a précisé que les projets retenus seront annoncés le mois suivant afin que la construction puisse commencer rapidement.
Chacun des huit arrondissements de la nouvelle ville recevra une part équitable des nouveaux logements, en fonction des besoins déjà identifiés.
Bonnes nouvelles pour la quinzaine de personnes qui occupent un édifice du quartier Saint-Jean Baptiste depuis vendredi dernier, pour réclamer la construction de logements sociaux. Claude Larose a d’abord rappelé que les occupants sont à l’îlot Berthelot, où la Ville a déjà financé la construction de 21 logements sociaux.
La Ville a acquis le terrain et un bâtiment de l’îlot en 1996 pour céder la bâtisse à une coopérative d’habitation, de préciser M. Larose. Le conseiller a mentionné que la portion du terrain fera l’objet de deux constructions, l’une par le secteur privé pour du logement locatif et l’autre pour un projet de coopérative d’habitation.
En cas d’urgence
Pour faire face à l’actuelle crise du logement, la Ville a annoncé hier une première mesure pour venir en aide aux chercheurs de logements. Elle veut mettre en contact locataires et propriétaires. Les personnes en quête d’un logement et les propriétaires qui ont des logements à offrir sont priés de composer le 691-2345.
D’autres mesures seront annoncées prochainement pour venir en aide aux personnes qui n’auront pas trouvé un toit le 1er juillet.
Entreposage des meubles, séjour dans des motels ou hôtels, ou aide temporaire pour financer la location d’un logement trop coûteux comparé au revenu sont les formes d’aide envisagées. La construction de 191 logements sociaux est amorcée sur le territoire de la Ville, mais ils ne seront pas prêts avant l’automne.