Dijon : théâtre, frippe gratuite et infokiosk dans la rue contre la LSI

Le mercredi 23 octobre, une série de lois visant à criminaliser la pauvreté et renforcer le contrôle social a été présentée à l’assemblée nationale. Il s’agit des Lois sur la Sécurité Intérieure (LSI) de Sarkozy, qui s’inscrivent dans la continuité d’une poussée sécuritaire accélérée depuis le 11 septembre 2001, et déjà matérialisée par les Lois sur la Sécurité Quotidienne (LSQ).

A Dijon, comme dans d’autres villes en France, des gens ont voulu s’y opposer dans la rue. Une action a ainsi été organisée dans la très commerciale rue du Bourg de Dijon, donnant lieu à des moments de théâtre de rue très animés, visant à mettre en évidence la violente répression qui risque de s’accroitre à l’encontre des « nouvelles classes dangereuses » explicitement désignées par cette LSI.

Des cages assorties de diverses étiquettes (« pauvre », « artiste de rue », « nomade », « prostituée », « squatteur », « immigré »…) ont été installées dans la rue, pour être vite remplies par de faux policiers menant la chasse aux « indésirables », épaulés par un citoyen modèle (un consommateur lobotomisé par sa TV). Pendant ce temps, une équipe de télévision s’est acharnée à montrer la manière des médias institutionnels de traiter cette actualité, en encourageant vivement les flics surexcités. L’action se voulant participative, de nombreux-ses passant-e-s furent également interpelé-e-s par ces médias en quête de sentiment d’insécurité. Le citoyen-consommateur modèle, après avoir aidé les policiers et imposé à sa compagne un ordinaire schéma patriarcal, s’est soudain rendu compte de l’absurdité de son existence, voulant alors détruire ce modèle de société. Dans le même temps, les prisonniers se sont extraits de leurs cages, dans un grand moment de solidarité…

Il s’agissait certes de dénoncer une machine à punir qui se perfectionne à une vitesse galopante, est relayée par les gouvernements successifs et écrase les plus faibles, réprime toute contestation, interdit tout mode de vie et forme d’expression différente (expression artistique et politique dans la rue, lieux alternatifs, rave party, graffs, nomadisme…).

Il s’agissait aussi, par opposition à la peur du voisinE, la compétition et la consommation aveugle, l’individualisme, de défendre le partage, l’entraide et la solidarité. Aussi le moment de dénonciation théâtrale a-t-il été couplé avec l’installation d’un espace de gratuité, avec vêtements sérigraphiés et lectures, que les passant-e-s étaient encouragé-e-s à emporter (« lecture gratuite, vêtements gratuits, rien à payer, tout à voler ! »).

Cette action fut organisée par divers-es squatteureuses, artistes de rue et militant-e-s, qui entendent bien renouveler leurs interventions et créer des solidarités entre les différentes victimes de ce projet de loi infâme.

A noter que le samedi 26 septembre prochain, divers collectifs appellent à une mobilisation nationale, sous le slogan « Cessons d’avoir peur », et préparent des fêtes de rue contre la répression à Paris, Lyon et Marseille (plus d’infos sur http://antisecuritaire.free.fr).

A suivre, donc.

Ci-dessous, le tract distribué lors de ce rassemblement-théâtre-zone de gratuité :

A V E R T I S S E M E N T S

– Si tu fais la manche : 6 mois de prison et 7500 E d’amende
– Si tu exerces ton art dans la rue : même tarif…
– Si tu es artiste : d’abord, t’es pas rentable, change de métier
– Si tu discutes en bas d’un immeuble avec + de 2 amiEs : 6 mois de prison et 7500 E d’amende
– Si tu attends le bus en minijupe : 6 mois de prison et 7500 E d’amende pour racolage passif
– Si tu squattes un appart : 6 mois de prison et 3000 E
– Si tu fraudes à répétition les transports en commun : 6 mois de prison et 7500 E d’amende
– Si tu organises un rassemblement festif à caractère musical avec 250 invités : confiscation de ta sono, suspension de ton permis, et travail d’intérêt général
– Si tu t’arrêtes à un endroit ne t’appartenant pas : tu perds ton véhicule et ton permis de conduire
– Si tu refuses un boulot de merde payé des miettes : oublie tes ASSEDIC
– Si tu fumes des joints ou cultives du cannabis : jusqu’à 10 ans de prison et 7500000 E d’amende
– Si tu es condamné-e et que tu es étranger-e, ce sera double-peine : paye ta dette à la société (prison) et expulsion (centre de rétention, déportation en charter) t’as jamais quitté l’état français où ça craint dans ton pays d’origine ? On s’en fout
– Si tu milites, si tu revendiques et si tu te montres solidaire : flashball, matraques, gaz lacrymogènes, amendes et prison
– Si tu ne fais rien de tout ça : ne t’inquiète pas, on étudie de nouvelles lois, on te mettra au pas !
– Si tu trouves ça triste : souris quand même, tu es filmé-e !

T’AS BIEN COMPRIS ?

Ne t’exprime pas, ne revendique pas, ne te rassemble pas, ne te déplace pas !

Et rappelle-toi que la police, l’armée et l’administration pénitencière embauchent.

Donc, si tu veux vivre tranquille dans l’état français et servir le système : travaille-achète-consomme, perds ta vie à la gagner, perfectionne ta compétitivité et écrase les autres, enrichis les requins et pourris l’environnement, regarde la TV et les publicités, honore l’argent-roi et ta voiture, surveille ton-ta voisinE, méfie-toi des étrangerEs, traite les femmes comme des objets, shoote-toi aux tranquillisants, prie ton dieu, chante ton hymne national et salue ton drapeau.

BREF, SOIS UN-E BON-NE CITOYEN-NE, DOCILE ET SOUMIS-E !
ou…
MANIFESTE – TOI POUR LES LIBERTES !
HALTE A LA CRIMINALISATION DE LA PAUVRETE !
NON AUX LOIS SECURITAIRES, A LA REPRESSION ET AU CONTROLE SOCIAL !
CONSTRUISONS ENSEMBLE DES ALTERNATIVES A UNE SOCIETE BASEE SUR DES RAPPORTS DE POUVOIR ET DE PROFITS 

Tract écrit pour la street party du 26 octobre à Lyon et Paris, retravaillé par des habitant-e-s des Tanneries, bd de Chicago, Dijon (contact : 03-80-666-481 – tanneries [at] squat [point] net)

PS: une partie des lois mentionnées dans ce texte ont déjà été votées et appliquées (Lois de Sécurité Quotidienne votées par le gouvernement jospin en novembre 2001). Les autres (Lois sur la Sécurité Intérieure) seront présentées à l’assemblée nationale le mercredi 23 octobre. Il est temps d’agir…

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