Les 100 heures d’occupation (images sur le site https://squat.net/spaceinvaders)
Lundi 18 novembre 2002, après être entré par une fenêtre ouverte au premier étage, le collectif Space Invaders passe sa première nuit dans sa nouvelle demeure toute fraîchement barricadée. Nuit à la lueur des bougies car il n’y avait qu’une installation électrique plus que chaotique : tu branches le chauffage et c’est la lumière qui apparaît….
Mardi 19, aucune manifestation des propriétaires ou de la maréchaussée. Après s’être reposés quelques heures, les travaux commencent réellement : barricades, contrôle de l’installation électrique, des canalisations d’eau (ou ce qui l’en reste), évacuation, réfection de la cuisine, nettoyage etc. Tout cela à l’éclairage artificiel, les volets étant gardés clos pour ne pas attirer immédiatement l’oeil des voisins.
Mercredi 20, toujours pas de nouvelles des proprios malgré une lettre envoyée préalablement. En nettoyant les caves et les pièces communes, toujours dans le noir, on a trouvé beaucoup de bordel, des antiquités, un sabre, une armure, une quantité phénoménale de crucifix et d’images horriblement saintes et même de l’ amiante pure. Une serrure a été rajoutée, et toutes les portes ont été ouvertes grâce aux clés qui étaient toutes dans la maison.
Jeudi 21, décrassage total du troisième étage en vue d’y installer nos cabines spatiales et spacieuses personnelles. Au programme : arrachage de tapisserie, désinfection des sols et éradication totale des bactéries en tous genres. Troisième nuit sur terre sans problème.
Vendredi 22 novembre, ouverture publique de la maison, après avoir parlé avec des voisins on apprend que la maison est vide depuis bien plus longtemps que ce que l’on pensait (environ 20 ans !). Le matin un prétendu propriétaire ne voulant pas donner son nom (il y en a 5 en tout), en gris sur les photos, viens frapper à la porte, injure les occupants, refuse en bloc le dialogue puis repart aussi vite qu’il est venu. Vers 15h, le propriétaire, un voisin et des policiers (bleu et gris clair à raies blanches :-) arrivent sur les lieux. La police prend l’identité de quelques habitants, à travers une vitre, car ceux-ci ont refusé d’ouvrir la porte. Le propriétaire, sans vouloir entamer le dialogue, nous promet de porter plainte. Puis tout le monde s’en va l’air satisfait. Nous accrochons des banderoles sur sur la façade et nous nous enfermons dans la maison.
A 17h environ, profitant que quelques personnes soient sorties pour récupérer de la nourriture, 7-8 véhicules de police arrivent, des pions se présentent à la porte et plaquent rapidement à la fenêtre un mandat plutôt louche car délivré deux heures seulement après leur premier passage (du jamais vu pour notre part). Une vingtaine de flics entourent la maison puis commencent à défoncer la porte au bélier et en viennent à bout après moins d’une minute. Les quatre occupants restants, qui s’étaient réfugiés au troisième étage de la maison, se sont fait menotter violemment pour certains et emmener au commissariat. Là, ils ont été fouillés (à nu pour l’un d’eux) et interrogés pendant environ 3h. Le dernier d’entre eux a été relâchés cinq heures plus tard car il a été interrogé par un juge d’instruction, cinq heures durant lesquelles les agents l’on laissé menotté dans le dos et on refusé de lui donner de l’eau. On leur annonce qu’une plainte pour violation et de dégradation de domicile a été déposée contre eux. La bleusaille à même poussé la « plaisanterie » jusqu’à qualifier squat.net et le collectif Space Invaders de néo-nazis (!), après minutieuse vérification de leur part sur la toile, bien évidemment !
Une partie des affaires des occupants à été emportée par la police au commissariat puis restituée le lendemain, le reste est séquestré dans la maison et les occupants sont invités à les récupérer le mardi suivant. Quatre autres personnes (8 en tout) ont été interrogées sur convocation le samedi après midi, également pour dégradation et violation de domicile . L’un d’entre eux voulant parler au juge à été menacé d’être incarcéré en préventive 48h et a été fouillé à nu puis menotté à un radiateur jusqu’à ce qu’il fasse une déposition. Bien évidemment il est impossible d’appeler un avocat. On a toujours pas de nouvelles quant à l’identité exacte de la personne ayant porté plainte.
space.invaders@terre# end of transmission shutdown -r now