Grenoble / (Saint-)Martin-d’Hères: rassemblement contre l’expulsion de la Charade

Contre l’expulsion de la Charade : mobilisation

Rassemblement contre l’expulsion de la Charade, samedi 5 avril 2003 à 10h30 le matin, devant la mairie de (saint-)Martin-d’Hères (111, avenue Ambroise Croizat). Musique, chants révolutionnaires, lectures, zone de gratuité et autres colères et rigolades au programme.

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Au 90, avenue Ambroise Croizat (ou place du 8 février 1962), à (saint-)Martin-d’Hères, tout près de Grenoble, se trouve la Charade, un lieu de vie et d’activités. 11 personnes y vivent ensemble depuis près de sept mois et les activités se sont multipliées.

Dès le départ, s’y installent : – Une bibliothèque gratuite avec des ouvrages à emprunter mais aussi de nombreuses brochures à emporter. – Une zone de gratuité, où l’on peut prendre et/ou déposer tout ce qu’on veut. – Un espace féministe où les femmes se retrouvent pour des moments de convivialité mais aussi pour discuter, réfléchir ensemble et préparer diverses actions. – Un espace pour les enfants avec des jeux à volonté.

Et plus ponctuellement la Charade est aussi : – Un cinéma pour tou-te-s, gratuit et convivial. – Un lieu de répétition pour un groupe de musique traditionnelle. – Un lieu de débat pour différents collectifs et associations. – Un lieu d’activités, entre autres pour les enfants du quartier, avec contes, musique…

Mais la Mairie veut nous expulser !

Chronologie :
– env. 1992 : la mairie de (saint-)Martin-d’Hères commence à vanter un projet d’urbanisme pour le quartier où nous sommes.
– env. 1998 : la mairie rachète l’hôtel-restaurant « le Chamois » pour son lointain projet d’urbanisme, mais le laisse vide.
– début oct. 2002 : nous occupons « le Chamois » : nous l’appelons « la Charade ».
– oct. 2002 : énorme coïncidence : la mairie commence à contacter des architectes pour le bâtiment qui remplacera « la Charade »
– 30 oct. 2002 : procès intenté par la mairie pour expulsion immédiate.
– 6 nov. 2002 : verdict du juge du TGI de Grenoble : nous bénéficions d’un délai allant jusqu’au Printemps.
– 18 mars 2003 : la mairie nous envoie un huissier avec un commandement de quitter les lieux pour le 18 mai.
– 18 mai 2003 : la mairie peut demander à la Préfecture d’envoyer les forces de l’ordre nous expulser.

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La Mairie tient un double discours

-Ce qu’illes disent en public :

« Le projet de la ville (…) intervient en particulier pour (…) le soutien aux actions qui contribuent à la création et à la participation active des personnes, au-delà des conformismes et dans des pratiques non-exclusivement consuméristes, (…) (et le soutien au) développement de pratiques culturelles au sens large du terme qui favorisent la formation du citoyen et son expression dans la commune. » Site officiel de la ville de (Saint) Martin d’Hères. « Tout le monde à le droit d’avoir un toit » R. Proby, maire de (St) Martin d’Hères, en réunion publique le 14/11/02.

-Ce qu’illes nous disent en privé :

D’abord, illes refusent de nous parler et illes envoient illico presto la police municipale pour tenter de nous intimider, l’huissier et ses sbires pour nous assigner en procès le plus vite possible, les techniciens nécessaires pour couper eau et électricité. Leur seul langage : répression, bureaucratie, centralisation. Quand, à force d’insister, nous arrivons à décrocher deux entrevues, illes ne savent pas quoi dire d’autre que les arguments habituels de tout propriétaire privé: ces arguments vagues, simplistes, de qui préfère voir son bien vide sans pour autant perdre la face. Finalement, la mairie nous parle de nous accompagner vers la sortie…

-Ce que nous leur opposons :

« Accompagner vers la sortie », un doux euphémisme pour parler d’expulsion, avec le concours de la police, cela va sans dire. La Mairie veut surtout se donner bonne conscience sans prendre en compte toute la réalité de notre projet. En effet, pourquoi parler de relogement alors que ce bâtiment vide a enfin une utilité, une vie sociale et culturelle ? « Nous devons quitter les lieux… » parce qu’il y aurait des problèmes de sécurité (mais le bâtiment est en parfait état et la mairie n’a jamais précisé de quels problèmes il s’agissait, pas même au procès…). « Nous ne pouvons pas rester… » parce que (saint-)Martin-d’Hères n’a pas besoin de notre projet et que nous ne sommes pas martinérois-e-s (!) (que dit la droite déjà aux « étranger-e-s » ?). Ou surtout parce qu’il y aurait un projet de logements (« sociaux » dit la mairie, ça passe mieux) à construire à la place de la maison où nous habitons… pourtant le juge en charge de l’affaire affirme dans ses conclusions « qu’il est établi que cet immeuble, sans affectation précise depuis plusieurs années, ne fait actuellement l’objet d’aucun projet d’urbanisation (rénovation ou transformation) ».

De toute façon, nous avons trop bonne mémoire : les récentes aventures de squats voisins comme le CPA à Grenoble nous ont montré combien, venant de sociétés immobilières (Clinique Mutualiste) aussi bien que d’organismes de logements sociaux (Opale), les soi-disant projets urgents sont surtout un bon prétexte pour expulser des maisons vivantes et y laisser ensuite des terrains vagues, plusieurs mois et plusieurs années durant. Nous nous battrons pour continuer à enchanter la Charade de nos projets, de nos envies et de nos silhouettes, aussi longtemps que possible, et espérons que sa façade n’en sera pas « une de plus où les parpaings ont remplacé les vitres » (citation tirée de L’Humanité du 13/10/02).

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La Charade, Place du 8 février 1962, 38400 (saint-)Martin-d’Hères, fr. Bus 21 ou 23, arrêt Gay Tel : 04 76 03 28 14 e-mail : charade [at] squat [point] net notre site internet : http://charade.squat.net

la Charade