Marseille: les suites de l’expulsion du CAT…

Expulsion du CAT Marseille – compte rendu des suites n°1

Après la journée mouvementée de lundi, l’expulsion, le mardi l’est tout autant…. Il y a un rassemblement devant « l’évêché »[1] puis un rendez-vous devant le TGI de Marseille ou le dernier ex-occupant, encore en garde-à-vue du CAT, N…, doit passer en comparution immédiate…. Une cinquantaine de personnes se relaient toute la journée afin de lui apporter soutien et, si besoin, assistance. Ce n’est pas superflu car l’appareil juridique et policier a la main lourde : « outrage à agent [2], coups et blessures avec arme » (n’ayant pas entraîné d’arrêt de travail), N… est notamment accusé par l’agent de police plaignant d’avoir lancé des briques, des morceaux de verre, et des fusées de feux d’artifice sur les forces de l’ordre en intervention.

La version des gens présents sur les lieux lors de l’expulsion est tout autre : N… s’étant réfugié sur les toits, il a été contraint de descendre sous la menace d’un fusil à pompe que brandissait, un fonctionnaire de la « BAC », qui, prudent, ne s’était engagé qu’a demi dans l’ouverture d’accès. Ayant sur lui les feux d’artifices (un dernier spectacle avant fermeture !), N…, les envoya à ses amis qui l’attendaient dans la rue. Les fusées arrivèrent bien sur le trottoir sans encombre, et sans blesser personne… Quant aux briques et aux morceaux de verre, la police voulait-elle parler des quelques gravillons qui roulèrent sur les tuiles lors des déplacements de N…. ? L’interpellation aurait pu se poursuivre sans incident, si les forces de l’ordre, qui non contentes d’avoir de nouveaux crédits, du nouveau matériel, le soutien du gouvernement et de l’opinion publique, ne tenaient à pimenter l’affaire par des insultes, des humiliations et des bourrades appuyées, ce qui ne manqua pas d’inspirer au prisonnier une observation judicieuse [3]. Si les choses n’ont pas empiré à ce stade, on le doit sans doute à la présence de journalistes « officiels » [4], qui, rapidement prévenus, eurent le bon goût de venir vite « couvrir » l’événement. Nous en revenons au tribunal où le juge, ses substituts et les avocats constatent que le plaignant est absent. Dans ce cas, il est uniquement décidé de la mise sous mandat de dépôt ou de la remise en liberté de l’interpellé en attendant le procès… Surpris de prime abord par l’aplomb et l’élocution de N…, a qui l’on donne la parole, la juge s’enquit de ses activités et de ses moyens de subsistance. N… donne un aperçu du mode de fonctionnement d’un Espace Occupé Autogéré, ce que résumera la substitut avec une remarquable largesse d’esprit par : « vous étes donc un marginal… ». L’avocat du plaignant visiblement agacé par la décontraction du prévenu se risque avec une grimace de dégoût de le qualifier « d’anarchiste ». Mais tous ces gens en robe noire ont une botte secrète : N… , étant expulsé de son logement, devient par la force des choses SDF et même pour les délits les plus bénins, les comparutions immédiates de SDF se terminent en détention provisoire. C’était sans compter sur les gens venus le soutenir qui avaient « senti le coup » in extremis et qui tout de suite proposèrent un hébergement « à la campagne » pour N……; Le greffier fera venir « l’hôtesse » improvisée afin d’enregistrer l’adresse et les coordonnées. Cerise sur le gâteau, la juge évoquera dans un premier temps un pointage journalier au commissariat de la commune de résidence provisoire, ce qui aurait constitué au vu des faits reprochés une entrave très sérieuse à la liberté de circuler. Et ce que l’avocat de la défense commis d’office visiblement dépassé par les événements ne récusera pas.

Le verdict final sera la remise en liberté avec pointage hebdomadaire jusqu’au procès fixé au mardi 17 juin 2003. Pour finir cette journée édifiante, le CAT et leurs amis et soutiens ont organisé tout de même le restaurant prix libre hebdomadaire… sur les trottoirs du CAT bd Maillane. En fin de compte de ce jour, il restera cette image : les rires et la musique d’une assemblée bariolée d’une centaine de gens, buvant mangeant et chantant sous les yeux perplexes de la BAC toujours là … Comme dira l’un des convives : « rien n’est perdu, …une maison fermée ce sera dix autres d’ouvertes ! »

Contact et soutien : cat1 [at] altern [point] org

Notes:
[1] Commissariat central de Marseille
[2] « N…… ta mère »
[3] « Ta mère serait fière de te voir là »
[4] Journalistes de FR3. Si la maison-mère est au diapason de la désinformation générale des médias « dépendants », quelques journalistes de terrains très motivés et très minoritaires parviennent à diffuser de l’information « pas trop fausse ». Ceci est valable pour le journal « la Marseillaise ». Quant à « La Provence » elle a pour habitude lors de ses occasions de retranscrire à la virgule près les rapports de police.