Montréal : Des SquatteurEs sont evincéEs d’un terrain vacant

Jeudi soir dernier [27 mai 2004], à environ 22h30, 7 personnes ont été évincées de leurs abris bâtis sur un terrain vacant dans le Centre-Sud par au moins 10 officiers de police de la Division 22 du SPVM. Un avis d’’éviction prévue pour vendredi matin a été livré mardi dernier à 10h00 par le commandant Daniel Allard de la Division 22. Cet avertissement a été provoqué par un article sur les jeunes de la rue qui a été publié dans “La Presse”, édition du samedi 22 mai. Dans cet article, le journaliste Nicolas Bérubé a divulgué l’’endroit où habitaient les sans-abri ainsi que les photos des squatteurEs. Il a passé trois jours avec eux et elles, leur achetant de la bière et des cigarettes, en prétendant rédiger un article sur « les conditions de vie des jeunes de la rue ». Les squatteurEs ont dit qu’’il était venu sous de faux prétextes, car il se disait étudiant en journalisme et les avait convaincuEs qu’’aucune des photos ne serait publiée.

Cinq baraques ont été détruites lors de l’’intervention policière qui s’’est effectuée un jour plus tôt qu’’annoncé, accompagnée d’’un bulldozer, un camion d’incendie et d’’une ambulance. Les policiers ont informé les squatteurEs présentEs qu’elles et ils avaient 30 minutes pour évacuer le terrain, tout en les rassurant que le gouvernement pouvait leur offrir des programmes adaptés à leurs besoins et que Montréal était rempli de centres d’hébergement avec des lits disponibles. Les officiers de police ont alors entrepris de détruire une maison de deux étages qui contenait 12 chambres. Quinze minutes plus tard, les autres maisons de fortune se faisaient également démolir. Plus de 15 personnes y avaient habité pendant 4 semaines. Elles n’’avaient eu aucun problème jusqu’au moment de la parution de l’’article.

Après l’éviction initiale, les squatteurEs ont tenté de se rendre à une autre maison de fortune construite deux semaines auparavant, située à deux coins de rue, mais la police les en a empêchéEs. Cette dernière maison a aussi été détruite par le bulldozer et les squatteurEs ont dû chercher d’autres endroits où dormir, dans les parcs et sur les toîts.

L’ordre d’éviction a été mis en application malgré le fait que les voisinEs n’avaient pas porté plainte. De plus, les travailleurSEs de la construction, employéEs par un projet de condo non loin du site, leur offraient des planches de bois et du matériel de construction « inutilisable » comme des sacs de clous et une brouette afin d’aider les squatteurEs à bâtir leurs maisons.

La raison officielle donnée par la police pour justifier l’éviction était que les maisons de fortune représentaient un risque de feu. Peter B. Yeomans, le conseiller de la Ville responsable de la sécurité publique s’est même permis de répéter à qui mieux mieux lorsque questionné à ce sujet pendant la consultation annuelle sur la sécurité publique 5 heures auparavant que si les squatteurEs avaient tant besoin de logement, ils et elles n’’avaient qu’’à utiliser les centres d’hébergement.

Robert Laramé, le conseiller municipal représentant Centre-Sud s’est montré beaucoup moins diplomatique en donnant ses raisons pour l’’éviction en disant « que si on les laisse rester là, 15 personnes vont en devenir 30, et ensuite 60… jusqu’’à ce qu’’ils [toute la population itinérante du Canada] viennent tous dormir [là]. »

La scène des maisons de fortune détruites le lendemain de l’éviction était triste, pour dire le moindre. Des sacs, du linge, des sacs de couchage, des toiles et tout un assortiment de biens personnels étaient éparpillés sous des piles de débris.

Ces évictions font partie d’une vague d’attaques perpétrées par le SPVM contre la population de la rue du quartier Centre-Sud, une attaque qui va en escalade depuis que la Ville a acheminé 14.5 $ million pour la revitalisation (lire GENTRIFICATION) de la rue Ste-Catherine entre les rues St-Laurent et Papineau.

Vous pouvez rejoindre Nicolas Bérubé, le journaliste de La Presse, en composant le 285-7070. Nous vous encourageons fortement à l’appeler et à exiger qu’’il présente au minimum des excuses aux squatteurEs, qu’il fasse un suivi de l’histoire avec un autre article ou encore, qu’’il apprenne l’éthique journalistique (peut-être un oxymoron).

Pour plus d’information sur la situation des squatteurEs ou sur la gentrification dans le Centre-Sud, contactez-nous : http://www.logement.taktic.org, claclogement [at] yahoo [point] ca, 515.409.2049