Grenoble: La Métro et la Mairie nous prennent pour des abruti-e-s !

C’est pas nouveau: La Métro et la Mairie de Grenoble nous prennent pour des abruti-e-s !

C’est la nouvelle année, 2006, oh ! youpi ! tralala, tsoin tsoin ! Voici le n°47 du Métroscope (hiver 2005-2006, le mensuel de Grenoble-Alpes Métropole, Communauté d’agglomération) et le n°96 des Nouvelles de Grenoble (décembre 2005 – janvier 2006, le journal d’informations de la ville), avec leurs habituels éditos soi-disant rédigés par leurs chefs respectifs.

Aussi bien Didier Migaud (président de Grenoble-Alpes Métropole) pour le Métroscope que Michel Destot (Maire de Grenoble, député de l’Isère) pour Les Nouvelles de Grenoble nous bassinent avec leurs bons sentiments sur la question du logement (rires) :

Notre bon Maire nous dit qu’en ces périodes fête (Noël, blabla), « le sentiment d’être abandonné frappe évidemment aussi les Grenoblois qui souffrent de précarité. Grenoble s’est doté du premier CCAS de France après Paris pour répondre à leurs problèmes. Nous logeons en hiver plus de 2200 personnes sans domicile fixe chaque nuit. La construction de logements sociaux contribue à notre effort de solidarité. »

Sous cette façade « sociale », combien d’expulsions de squatteur-euse-s et de locataires ? Combien de logements « sociaux » pour classes moyennes tandis qu’à la cité Mistral plusieurs dizaines de personnes se voient menacées d’expulsion (ou disons, de déménagement forcé) ? Combien de SDF qui se font dégager de certains quartiers par les flics pour que ces quartiers restent « propres » et attirants pour les ingénieurs et autres rupins du coin ?
Mais qui ne sait pas encore que ce qui intéresse avant tout Monsieur Destot est le « rayonnement » de Grenoble, son « développement », à travers des projets pas vraiment « sociaux » tels Minatec (voir squat.net), MC2 (voir pmo.erreur404.org), le grand stade, etc.

Quand Destot termine son édito par « Je forme le voeu que l’année qui vient soit plus que jamais celle de la solidarité vécue entre tous les Grenoblois », faut-il rire, pleurer… ou s’enrager ? Comment peut-on parler de solidarité quand nous n’avons aucune prise sur les décisions politiques prises en Mairie ? Il s’agit tout au plus d’assistanat (allez, on met tous ces pauvres sans-abri dans des foyers et on la joue « solidaire », tiens prends-moi en photo avec nos cher-e-s centenaires ça fera pleurer dans les chaumières), et qui plus est, d’un assistanat de façade, façon Croix-Rouge…

Pendant l’occupation des arbres du parc Mistral en 2003-2004, un slogan résonnait régulièrement : « Ni Destot ni Carignon, autogestion ! » (voir grenoble.squat.net et infokiosques.net). Il est toujours d’actualité… Ne nous replions pas sur un rire cynique du genre « de toute façon, tout est pourri alors j’aime autant ne rien faire » ni sur des pleurs du style « je sais que voter ne sert à rien, mais la politique du moins pire c’est déjà mieux alors… », enrageons-nous, auto-organisons-nous, luttons de manière autonome pour dégager ces ordures qui siègent à la Mairie, à la Métro et ailleurs (au palais de justice, au commissariat, etc.) !

Monsieur Migaud, lui, revient notamment sur « les événements qui ont embrasé début novembre certains quartiers des grandes métropoles de notre pays ». Dans sa grande générosité de gauche, Migaud nous explique que « l’analyse du phénomène est complexe et les raisons de la colère multiples. La situation de l’emploi (près de 50% de jeunes chômeurs dans certains quartiers), celle du logement pour laquelle, depuis 1954 et l’appel de l’abbé Pierre, il n’a toujours pas été fait assez pour répondre à la demande des plus modestes, les constats d’échec en matière d’éducation et de formation constituent les principales causes d’un contexte rendu plus « explosif » par le désengagement financier de l’Etat ».
Hé oui, ce fameux rôle totalitaire de l’Etat, qui se doit selon la gauche souverainiste et citoyenne d’avoir le contrôle sur tout, donc d’empêcher toute possibilité d’initiative autonome (et « illégale ») de la part de la population de l’agglo. La solidarité hors du contrôle de l’Etat, de la Mairie ou de la Métro n’est pas une solidarité acceptable.
Les sans-abri qui occupent des bâtiments vides : dehors !
La « solidarité », dans les bouches de Migaud ou Destot, c’est un contrôle social doublé d’une répression au visage « démocratique ». Une machine de guerre très efficace… Mais que ces messieurs ne s’inquiètent pas trop, la police et l’armée sont encore aux mains de l’Etat. Ouf.

Migaud fait dans le comble de l’hypocrisie quand il nous dit, et on l’imagine les larmes aux yeux, que « les premiers froids ont déjà fait plusieurs victimes avant même le début de l’hiver. » Comme Destot, il nous parle de solidarité pour mieux nous endormir ou nous apitoyer : « Disposer d’un toit devient un luxe que certains ne peuvent plus s’offrir. Le devoir de solidarité, qu’individuellement on exprime plus fortement au moment des fêtes de fin d’année, doit être le moteur d’une politique d’agglomération qui fait du logement une priorité pour la Métro ».

Monsieur Migaud ne doit pas savoir ce que ça signifie, d’être en galère de logement… Quand quasiment tous les bâtiments squattés de la ville de Grenoble sont menacés d’expulsion, quand 2005 a été à Grenoble comme ailleurs une année bien remplie en termes d’expulsions (squat.net), quand de plus en plus de bâtiments vides sont murés et « protégés » d’éventuelles occupations illicites par des plaques en métal (merci Sitex qui n’est pas vraiment une entreprise publique, monsieur Migaud), quand les loyers sont de plus en plus inabordables et profitent toujours aux mêmes salauds de proprios, quand les demandes de logements sociaux sont de plus en plus nombreuses (et que les différentes Mairies, de Grenoble ou Saint-Martin-d’Hères, ne trouvent rien de mieux à faire que de s’en vanter en disant « regardez, tous ces gens qui veulent habiter dans notre bonne ville » sans bien sûr proposer de solutions à la vaste majorité d’entre eux), Didier, tu l’as eu comment ton logement ? Allez laisse-le nous, on échange nos noms, nos salaires et nos réputations et débrouille-toi pour profiter de cette fameuse solidarité dont tu nous parles tant…
Non ?… Tu ne veux pas ? Ce n’est pas possible ? Ha…
Oui, je vois. Oui oui, je comprends.

Oui Didier, « la violence que la société impose aux plus faibles d’entre nous est plus silencieuse que celle que les jeunes ont pu exprimer en brûlant des voitures. Elle n’en est pas moins réelle. »
A qui le dis-tu ? Tu te crois de quel côté de la barrière ? T’as pas l’impression, Didier, que comme Michel, tu fais partie de ceux qui en imposent ? T’es tout en haut de la société dont tu dénonces les injustices, et tu le sais.
Didier, elle est où ta voiture ?
Il se pourrait bien que nous soyons plus que quelques-une-s à avoir des envies incendiaires, quelques fois…

Grenoble, début janvier 2006

Dichel Mistot