Bruxelles: Présentation historique du collectif COLERe |
COLLECTIF ORGANISÉ DE LOCATAIRES EN RÉSISTANCE
– « COLERe » présentation historique –
Le collectif COLERe est né en 2003.
Dunions de locataires luttant pour le droit au logement décent à Bruxelles qui ne se reconnaissaient plus dans la politique menée par leur fédération, elles se sont associées avec les familles quelles côtoient quotidiennement pour organiser ce quelles ont appelé le Collectif COLERe, autrement dit : COLLECTIF ORGANISÉ DE LOCATAIRES EN RÉSISTANCE.
En effet, la situation de crise du logement est de plus en plus forte et les moyens pour y palier, de plus en plus inefficaces. Les gens en mal de logement sont de plus en plus nombreux et vivent dans des conditions de plus en plus inhumaines. Ils descendent dans les caves, voire les égouts.
Cest donc dun bilan nourri du vécu quotidien commun, quun mouvement vers le changement pousse ces personnes à réagir contre une politique qui ne répond pas aux besoins de la population, à réagir contre linjustice.
En collaboration avec ces trois Unions de Locataires (à savoir lunion des locataires de Saint-Gilles (ULSG), lunion des locataires des Marolles (ULM et lassociation des locataires de Molenbeeck-Koekelberg (ALMK)), dautres organisations ce sont associées, tel le Front des Sans Domicile Fixe, la Fée Coopérative, le Syndicat des Locataires et le Comité Général dAction des Marolles.
Aujourdhui, le collectif a derrière lui une série dexpériences qui nous poussent à penser la question du logement au-delà des frontières de sa crise. Nous avons appris par nos manifestations quil ne sagit pas dun phénomène isolé dautres sphères de la vie courante. Cest plus que cela encore. Cest La dictature de largent. Sans argent, pas de logement décent ; à chacun selon la place quil occupe dans la hiérarchie sociale.
Au fur et à mesure, deux tendances se sont dégagées au sein du groupe : lune revendiquée par lALMK voulant agir de façon spécifique, au « cas par cas », tandis que la seconde tendance (ULM et ULSG) intègre la sphère individuelle dans son contexte, comme dépassement du particularisme. Initialement donc, le collectif COLERe se voulait différent de ce qui existe sur le marché des bonnes âmes associatives. Cependant, nous navons pas pu assumer pleinement cette différence, pris dans nos propres contradictions : entre la gestion et la revendication. Doù la nécessité pour nous de nous détacher des associations qui étaient à la base du collectif. Le collectif sest scindé.
Seule la seconde tendance a décidé de continuer la lutte sous la bannière de COLERe, avec une vision mondiale et critique de la société capitaliste. Sans renier la nécessité de connaître les difficultés et caractéristiques dune zone et dun secteur pour mieux agir et comprendre notre environnement proche (en loccurrence pour nous Bruxelles et la question du logement), il est tout aussi fondamental dinscrire ce rapport dans un contexte plus large dans lequel il est impliqué quil le veuille ou non : nous vivons tous sur la même planète, et il ne faut pas avoir fait sciences-po pour savoir que la politique-économique est mondiale, géostratégique. Le « néolibéralisme », comme on aime a lappeler sévit partout dans le monde : on a pas encore vu un autre système déchange que celui de la dictature de largent ou ses formes apparentées tel le troc ! Que la dictature soit sociale, rouge ou blanche ; cest toujours la dictature ! Le Collectif COLERe nest dès lors plus lémanation des unions de locataires, mais un collectif de personnes autonomes.
– Ce que nous voulons –
Nos spécificités sont initialement sectorielles et géographique. La question du logement, lorganisation des habitants et leur mobilisation pour lavancement de revendications fortes sont notre secteur. Bruxelles est notre terrain géographique. Mais Nous ne voulons pas rester fixé et contingenté à nos petits horizons. A partir du logement, nous voulons aborder toutes les sphères de la question sociale qui évidemment sont intimement liées (le monde est global !). A partir de Bruxelles nous voulons étendre notre lutte à la Belgique, à lEurope, au Monde : le monde est mondial ! Nous ne voulons pas de cette idéologie qui voudrait nous faire croire que la promotion sociale est le cheval de bataille, comme fer de lance du moindre mal, car il ne sagit pas de volonté, niant complètement les raisons de la stratification sociale.
En conséquence, nous nous refusons au minimum, nous voulons la liberté pour nous tous davoir réellement le « choix ». Ce « choix » étant conditionné par les moyens dont nous disposons, nous ne pouvons nous limiter aux seuls traitements de la « crise du logement » avec des solutions qui ne font quélargir les brèches. Nous rejetons cette politique de ségrégation sociale. Nous refusons dy collaborer en nous posant comme victimes ou comme gestionnaires dun système. Une seule résultante : nous devons nous unir pour un but commun : lutter ensemble pour de meilleures conditions de vie.
Nous voulons lutter contre la dictature de largent qui détermine les inégalités sociales, notamment en matière de logement. Et puisque le politique, en tant que « représentant » des intérêts généraux de cette société, nest interpellé quà condition que lon crée un rapport de force qui nous serait favorable : COLERe sorganise pour le développer.
– Moyens dactions
Dune part, ne sachant pas exactement comment agir pour que les choses changent réellement, nous avons décidé de réfléchir et dinformer sur ce qui ne change rien, afin que les mêmes erreurs ne se reproduisent pas.
Dautre part, il parait essentiel de développer un partenariat avec toute personne, groupe ou organisation, dici et dailleurs, souhaitant sorganiser en vue de porter dune voix unie une volonté commune, en vue détablir un rapport de force nécessaire. Le développement du partenariat international est dès lors très important. Dabord parce quil permet de mieux comprendre ce qui se passe au-delà des frontières et de relayer les événements. Ensuite, parce que nous sommes tous dans un seul et unique système, cest le système social le plus large. Et soyons clair : il ny a pas de dehors. Rien ne peut être alternatif. Il ny a pas a aménager non plus : il y a à transformer. Dans létat actuel, cette transformation ne peut être que mondiale. Tout est en lien, lisolement nest que dans nos têtes, et généré par lidéologie dominante. Rien nest en dehors, tout est dans tout, même la marge reste dans le cadre de la feuille.
Aussi, organiser une solidarité avec le « ici » et le « là-bas » nous permet de mener ce combat plus fort et en ce jour, vital. Dautant plus encore, car aujourdhui plus quhier, le système social assassine nos ressources : la Terre. Sans vouloir déborder sur de graves problèmes écologiques, il ne sagit plus seulement de nos guerres intestines, mais de notre survie sur une planète où lactivité capitaliste créée et renforce des dégénérescences telles que la pollution qui, non seulement nous tue, mais en plus rend les possibilités de « guérisons » de moins en moins envisageables. Cest pourquoi, décidé à mettre l ÊTRE HUMAIN au centre des préoccupations, il faut que chacun dentre nous puisse se reconnaître comme tel. La seule manière pour cela est daller à la rencontre de lautre.
Extrait de la lettre de COLERe n°1, septembre/octobre 2004
Collectif COLERe asbl
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Collectif COLERe