Lausanne: Les journalistes découvrent l’Espace autogéré de Lausanne…

Prêté par la commune suite à l’expulsion d’un squat, en « contrat de confiance » depuis 7 ans, l’Espace autogéré de Lausanne est l’un des lieux autonomes les plus vivants de Suisse (restaurants végétaliens, débats, concerts, infokiosk…). Le 13 et le 15 mars 2007, le quotidien lausannois « 24 Heures » publie deux articles à son sujet, faisant mine de découvrir la situation et évoquant les sempiternels problèmes de sécurité.
Fin mars, l’Espace autogéré rédige une réponse et un communiqué de presse ironiques en retour. Quelques extraits.
Les réponses complètes et les articles de 24h sont sur le site de l’Espace autogéré:
http://www.squat.net/ea/shownews.php?id=1174640633

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Jamais nous ne demanderons l’autorisation de vivre !

Le scoop qui avait 14 ans de retard

Lorsqu’il n’y a pas d’actualité, il faut l’inventer. C’est ainsi que nous pourrions interpréter l’article du grand reporter Laurent Antonoff paru dans 24 à l’heure le 13 mars 2007. Sous le titre de « Les concerts ont repris dans les murs de l’ancienne Dolce » l’article essaie de faire croire « qu’une véritable scène alternative voit le jour ce printemps dans l’Espace autogéré ». Si véritable scène alternative il y a effectivement, M. Antonoff a juste 6 ans et demi de retard s’il veut parler du bâtiment de César-Roux 30 et 14 ans si l’on prend en considération les trois lieux qui l’ont précédé (Primerose, Colline, Prélaz). S’il veut traiter d’actualité, il a donc juste plus d’une décennie de retard et nous pourrions en rire.

 

Nous pensons cependant que le grand reporter Antonoff n’est pas un crétin et que c’est à dessein qu’il manœuvre de la sorte. Il intrigue et défend – en utilisant sa position de journaliste – des intérêts dont il se garde bien de parler à « ses » lecteurs/trices. Ainsi, il prétend avoir contacté l’Espace autogéré. En effet, il a envoyé un e-mail sibyllin le vendredi 9 mars au matin pour un article à paraître le lendemain ! N’ayant pas de permanent·e chargé·e de gérer les relations publiques (la comm’ pour les branchés du bulbe), nous n’avons découvert l’e-mail que samedi. Ce jour-là, précisément, il se pointe au concert du soir, incognito, ne cherchant aucunement à prendre contact avec les gens du lieu. Il s’en est paraît-il allé en catimini, lorsqu’il a été demandé à son photographe de ne pas prendre de photo à l’intérieur puisque telle est la politique de la maison. Ben oui, on est pas des stars, même à deux balles et on ne souhaite pas vivre une vie virtuelle sous les flashes. Mais à quoi bon parler cartes sur table avec les membres de l’Espace autogéré puisque le grand reporter Antonoff savait d’ores et déjà ce qu’il allait écrire.

 

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Pour rafraîchir les mémoires courtes ou rongées par le surmenage, nos activités ne se réduisent de loin pas à la musique et ce depuis toujours. Nous organisons encore des débats, des projections, des repas, des ateliers de sérigraphie, des échanges de savoirs (plomberie, électricité, plâtrerie, peinture, jardinage…). Nous considérons l’Espace autogéré comme un lieu culturel et politique au sens large, un lieu convivial de rencontre et de réunion. Nous ne sommes ni une boîte ni un club de plus sur le marché « dédié aux musiques actuelles », terme bâtard dont nous n’avons que foutre. Personne ne vit, en terme pécunier, des activités organisées à l’Espace autogéré. C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres encore que c’est un lieu de vie et d’expérimentation auquel tant de gens tiennent depuis tant d’années. Nous nous refusons à faire de la culture une marchandise et de la politique un sacerdoce dévolu à quelques spécialistes. C’est ainsi, collectivement, que nous tentons de vivre ce lieu et il ne viendrait à l’idée de personne de demander une autorisation de vivre. Même les municipalités successives ont fini par l’admettre, bon gré mal gré, qu’elles soient de droite ou de gauche.

 

A chaque concert nous mourons et à l’aube nous ressuscitons !

 

Un scoop bidon ne venant jamais seul, c’est ensuite au grand reporter Philippe Maspoli de verser dans le sensationnalisme pathétique. Les mesures de soi-disant sécurité n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. La raison principale en est la volonté de contraindre les petites structures à investir, les contraignant à entrer dans une pure logique capitaliste ou à disparaître. La force de travail Maspoli ferait mieux de s’inquiéter des effets de l’amiante que contenait, jusque récemment, le bâtiment dans lequel ses patrons le font trimer. Il s’agit là d’un danger qui lui est bien réel. Mais nous savons aussi toutes et tous qu’à chaque fois que l’on veut nous voir partir d’un lieu de vie autogéré, on nous refait le coup éculé de la maison qui va s’effondrer. Ca en devient lassant !

 

Le côté autoréférentiel de la presse est quelque chose de merveilleux. Comme si nous ne vivions que parce qu’un journaliste parle de nous. De même, si danger il y avait réellement dans nos locaux celui-ci serait forcément antérieur à l’article du 24 Heures alors que le titre annonce : « Dans l’ancienne Dolce Vita, le public prend désormais des risques ». Pourquoi « désormais » ? Parce que 24 Heures en a décidé ainsi ? Est-ce un aveu de la cabale montée contre nous à moins que ça ne soit contre la municipalité ou les deux à la fois ? Nous prenons note que 24 Heures se prévaut du pouvoir de créer le danger. On peut aussi se demander pourquoi les risques, tant valorisés dans certains cas par le modèle capitaliste (en affaire, à la bourse, centrales nucléaires…), deviennent selon les cas subitement insupportables. Il y a là une véritable schizophrénie du système.

 

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Le marché c’est la mort !

 

Nous ne sommes pas un lieu de plus. Nous ne sommes pas une offre. Nous ne sommes pas une concurrence. Le marché que constitue les nuits lausannoises nous débecte. (…)

 

Si tenter d’organiser des activités, telles que par exemple des concerts en dehors des lois du marché et de ce qu’elles impliquent est illégal, alors oui, nous organisons des concerts illégaux depuis 14 ans et nous le revendiquons. Nous avouons ne pas considérer les personnes qui fréquentent le lieu comme des « clients » ou des « artistes », mais comme des personnes avec qui nous avons envie d’échanger, de tisser des liens, de vivre des choses que le commerce ne pourra jamais ni nous offrir, ni nous vendre.

 

Avec tou·te·s nos ami·e·s « des Etats-Unis, de France, de Pologne et du Brésil »… et de partout ailleurs,
Avec toutes celles et tous ceux qui ici comme ailleurs,
de Coppet à Medellìn, de Boston à Jaipur, des Pouilles à Copenhague, … ne se considèrent pas comme une marchandise

 

Nous disons Ungdomshuset est partout !!!

 

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Communiqué de presse du 31 mars 2007

Plunge into Death à l’espace autogéré : un concert d’enfer

Environ 2000 personnes (4000 selon la police, 8 selon les organisateurs) ont assisté vendredi 30 mars 2007 au concert de Plunge into Death à l’espace autogéré de César-Roux, attirées par la publicité inespérée qu’en a faite la presse les jours précédents.

 

Résumé de la soirée :
Une personne a failli se blesser grièvement en glissant sur un exemplaire du journal 24Heures qui traînait négligemment sur le sol. Elle s’en tire finalement indemne avec plus de peur que de mal.

 

Il a ensuite fallu secourir un individu qui a manqué de se noyer en buvant son dixième verre d’eau cul-sec. Après une période d’observation à l’infirmerie César-Roux, il a pu regagner son domicile.

 

Un début d’incendie s’est déclaré lorsqu’un journaliste consciencieux mais ô combien distrait a mis le feu à sa cravate en voulant allumer son cigare. Les pompiers ayant décliné toute responsabilité, c’est à coups d’extincteurs que le malheureux a été secouru par les personnes présentes, le sauvant d’une mort certaine.

 

A 00h01, une déflagration de 6 sur l’échelle de Richter a secoué le bâtiment, faisant craindre le pire pour la sécurité du public. Par chance, les murs de l’édifice ont tenu bon et la fête a repris de plus belle. L’origine du séisme reste à l’heure actuelle aussi mystérieuse qu’inconnue.

 

Effrayés par le tintamarre, les rats qui squattaient le lieu depuis des semaines et menaçaient la salubrité publique, se sont enfuis sans demander leur reste, écartant tout risque d’épidémie de peste.

 

Et pour finir, le public et les policiers en civil l’ont également échappé belle, lorsqu’un punk a tranché involontairement avec sa crête un des nombreux fils qui pendent partout du plafond. Fort heureusement, ceux-ci n’étaient que des lanières de cuir datant d’une récente performance SM effectuée lors d’une soirée par un fonctionnaire des services de l’administration communale (nom connu de la redaction).

 

Nous remercions les journalistes de se préoccuper de notre sécurité.

 

Votre dévoué espace autogéré,

 

Lausanne, le 31 mars 2007

Espace Autogéré de Lausanne