Grenoble: Occupation d’Actis (contre l’expulsion de la Poulie, et des autres aussi)

Une occupation d’Actis, bailleur social grenoblois, a eu lieu le jeudi 4 octobre 2007 à l’initiative du squat de la Poulie.

Voici un récit, des photos et un des tracts distribués pendant l’action:

Récit de l’occupation d’ACTIS, contre les expulsions de logements
(par Pratick Rbuel, le 4 octobre 2007)

Ce jeudi 4 octobre en début d’après-midi, une quarantaine de personnes, pour la plupart déguisées et/ou masquées, ont occupé les locaux d’ACTIS, avenue Alsace-Lorraine (pratiquement en face de ceux du Dauphiné Libéré, dont la couverture médiatique de l’occupation sera bien sûr fidèle aux événements).

Arrivé-e-s avec confetti et bonne humeur, les occupant-e-s ont branché un poste de musique et annoncé la pendaison de crémaillère de l’occupation d’ACTIS en distribuant le tract qui se trouve ici.

D’ailleurs, pour les raisons de l’occupation, je vous convie à lire le tract, qui s’étend plus largement sur la question que mon pauvre récit (je ne suis que chantreu-actreu, pas érquivain-philosophe !). Un autre tract, plus long, décrivait l’histoire du squat de la Poulie (Parad is back), dont les habitant-e-s étaient parmi les initiateur-ice-s de l’action d’aujourd’hui. Un texte également fort intéressant, qui aurait sa place ici, mais je ne vais tout de même pas le recopier à la main (je ne suis qu’un chantreu-actreu, pas serquétrai-dactylo !). A bon-ne entendeur-euse…

Alors revenons à nos moutons (noirs) ! L’occupation remplit l’accueil d’ACTIS de confetti, le mobilier qui s’y trouve est déménagé devant l’entrée où l’on peut danser sur de la musique endiablée ou se reposer sur les fauteuils peu confortables d’ACTIS… A l’intérieur, les tableaux de décoration sont décrochés et/ou déplacés. Bref, on s’installe, tandis que les employé-e-s se réfugient dans des bureaux derrière (par mesure de sécurité ? y’avait pourtant pas panique à bord…). Quelques inscriptions sur les murs d’ACTIS apparaissent comme par enchantement, des tracts sont distribués dans les étages de l’immeuble et aux passant-e-s dehors, et une grande banderole est installée au premier étage sur un balcon (je ne sais plus le slogan exact, ça disait quelque chose comme “Actis expulse pour mieux encaisser les loyers”, mais formulé différemment).

Pas mal d’occupant-e-s portent des pancartes contre les expulsions avec des phrases du genre “Pas besoin de Sarkozy, les Verts expulsent aussi” (puisque Maryvonne Boileau, cheffe d’ACTIS, est membre des Verts) ou “Sarko, Destot, Boileau, même topo”.

Un sous-chef d’ACTIS arrive pour “dialoguer” avec les occupant-e-s, c’est le même que l’an dernier, celui qui avait floué les squatteur-euse-s de la Mèche en leur promettant fin octobre qu’il n’y aurait pas d’expulsion avant le prochain rendez-vous entre squatteureuses et ACTIS (qui devait avoir lieu le 6 novembre 2006)… l’expulsion avait finalement eu lieu le 2 novembre, quatre jours avant le fameux rendez-vous censé permettre de trouver une solution autre qu’une expulsion.

Quelques souvenirs de cette période:

– Un texte datant du 28 octobre 2006 évoquait le conflit entre le squat de la Mèche et ACTIS: “Pour une solidarité active généralisée

– Le 1er novembre 2006 se tenait un “Grand gala contre les expulsions“, devant la préfecture de l’Isère.

– Le 2 novembre 2006, la Mèche se faisait expulser.

– Le 14 novembre 2006, occupation du siège social d’ACTIS (à Grand Place).

Déjà, ACTIS, avec sa façade politique verte-écolo, se foutait ouvertement de la gueule du monde en promettant des solutions pourtant peu satisfaisantes, et ne tenant même pas parole ! Mais tou-te-s les demandeur-euse-s de logement voient bien de quoi je parle… “Oui oui, le mois prochain on vous trouve quelque chose, ne vous inquiétez pas”. Et deux ans plus tard, toujours rien. Combien d’entre nous sommes obligé-e-s de nous ruiner en louant dans le privé ? Et l’on voudrait nous faire croire que c’est criminel de squatter ? “En vérité, en vérité je vous le dis”, toute ouverture de squat devrait être considérée comme une oeuvre de salubrité publique !

Pour d’autres souvenirs du même type, avec d’autres propriétaires publics “de gauche” dans le rôle du menteur qui n’a rien à se reprocher, on rappellera l’histoire du squat de la Charade, en son temps (2002-2003) opposé à la mairie “communiste” de Saint-Martin-d’Hères:
http://charade.squat.net/

Bref, je m’égare… enfin pas tant que ça, je ne suis qu’à peine dans la digression ! C’est quand même important de rappeler que sur quelques années à peine, on retrouve toujours les mêmes foutages de gueule politiques “de gauche” !

Où en étais-je ? L’occupation continue dans une plutôt chouette ambiance, l’interlocuteur d’ACTIS essaye en vain d’embrouiller les squatteureuses présent-e-s, qui ne semblent pas vraiment dupes et se font un plaisir de lui rappeler le passé proche que j’évoquais à l’instant… On dirait bien que la Poulie ne se laissera pas endormir.

En parlant de Poul(i)e, la volaille arrive peu à peu, d’abord avec quelques motards, puis un RG facilement reconnaissable, et un peu plus tard quelques flics en tenue anti-émeute avec flashball en évidence… Mais le rapport de force nous semblait encore favorable. Pourtant, assez rapidement la décision est prise de filer, pour éviter tout problème avec la flicaille.

On se disperse alors peu à peu, et on s’aperçoit qu’un bon paquet de voitures de police tournent dans le quartier Berriat, entre la gare et le centre-ville… Coup de pression volontaire ou peur policière d’autres actions en ville ? Je ne sais pas trop, mais peut-être que d’autres personnes sauront en dire plus, notamment s’il y a eu des contrôles voire des interpellations (ce qui semblerait absurde vu qu’il ne s’est rien passé de gravement “illégal”…).

Voilà. Longue vie à la Poulie et aux autres squats, de maintenant et de demain !

Pourquoi nous occupons Actis – Acteur de l’Immobilisme Social
(anonyme, le 4 octobre 2007)

Crémaillère à Actis

Pourquoi nous occupons Actis – Acteur de l’Immobilisme Social

Si nous occupons une agence d’Actis aujourd’hui, c’est tout d’abord pour protester contre l’expulsion à venir du squat la Poulie, situé 9, rue des bons enfants à Grenoble.

L’organisme nous a intenté un procès en juin dernier, nous accusant de nuire au projet de réhabilitation du lieu et donc aux personnes qui attendent patiemment leur logement depuis des années. Ceux dont la situation est si urgente que les dits logements ne leur sont toujours pas attribués…

Verdict de la justice : expulsabilité de plus d’une douzaine de personnes à 3 semaines de la trêve d’hiver (1er novembre-15 mars) et plus de 120 000€ d’amende en tout.

D’ailleurs, le squat la Mèche (rue Ponsard) a été expulsé subitement un 2 novembre 2006 par la police, alors qu’Actis avait promis de laisser une semaine de répit pour déménager. Voilà l’application concrète de la vocation sociale d’Actis.

Rappelons que le bâtiment dont il est question est vide depuis… 2001. Et que le précédent collectif ayant occupé le lieu a été expulsé – il y a plus d’un an – sous le motif d’une vente urgente à la Sonacotra…
Pour une vente urgente…
Rappelons aussi que Maryvonne Boileau, présidente d’Actis – membre des Verts, est nommée par le conseil municipal de la mairie (PS) de Grenoble. Souvenez vous : cette même mairie faisait expulser le squat des 400 couverts en vue d’une réhabilitation (elle aussi très urgente), il y a plus de deux ans…
Deux ans de terrain vague : les inscrits sur les listes d’attribution des logements sociaux auront sûrement envie de rire (jaune).

Notons enfin que le parti dont se revendique Mme Boileau déplorait – il n’y pas si longtemps – le « recours aux CRS pour régler la question des squats ». Ah bon ?

Nous protestons aujourd’hui contre toutes les formes d’expulsions. Nous critiquons la vision « vrais pauvres/faux pauvres » dont fait preuve Actis en opposant ceux qui empruntent la voie légale à ceux qui la contournent.

Nous squattons parce que nous ne pouvons ni ne voulons payer des loyers destinés à enrichir des propriétaires (qui n’ont pas à courir les agences immobilières, trimer pour payer loyer, charges et frais). Ce sont eux qui nuisent au droit au logement en rendant nécessaire la mise en place de logements dits « sociaux ».

Nous ne nous laisserons pas expulser ainsi. Et comme nous sommes des jeunes dynamiques qui préparons l’avenir, nous avons décidé d’emménager chez Actis.

Aujourd’hui, c’est la pendaison de crémaillère ! Alors venez faire la fête avec nous !

– Des photos de l’action se trouvent ici.

A part ça, la Poulie va proposer une série d’activités à partir de samedi, au moins jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Le tout commence avec un concert de soutien contre le fichage ADN, samedi 6 octobre à 19h30.

z.