Tours : Procès du squat de la Victoire, le 10 juillet 2008

CHASSEZ CES PAUVRES QUE JE NE SAURAIS VOIR !

Le 10 juillet, le tribunal d’instance de Tours doit décider si le collectif la Victoire sera expulsé ou non des locaux qu’il occupe depuis le 9 juin. Le maire de Tours ne semble pas aller vers la conciliation que le collectif a proposé : signer une convention entre la mairie et celui-ci pour pérenniser la réquisition des locaux situés place de la Victoire.

Dans ces appartements logent déjà plusieurs personnes risquant d’être à la rue si les flics les expulsent. C’est aussi une salle ouverte, utilisée par différents groupes politiques, mais aussi des personnes organisant des conférences sur divers sujets, des expos de peinture, des concerts, des repas de quartier…

Quels sont les enjeux de ce procès ? En fait, ils recouvrent de véritables choix de société ! Qu’est-ce qui prévaut ? Est-ce la propriété (définie comme ce qui sert à exploiter autrui – c’est pourquoi c’est du vol – à la différence de la possession qui recouvre les moyens dont on a besoin pour vivre) ou bien celui de pouvoir vivre dans un logement même si on n’en pas les moyens financiers (ce qui est de plus en plus fréquent avec la misère grandissante) ? Si la première l’emporte, alors il faut assumer que des hommes, des femmes, des enfants restent dehors. Il faut assumer que des gens meurent de froid, comme tous les hivers ! Il faut prendre le risque que des êtres humains meurent sous la chaleur d’une canicule, comme en 2003. D’ailleurs, la préfecture tente d’anticiper et demande aux services sociaux d’apporter de l’eau aux personnes à la rue et de leur offrir des douches si le thermomètre venait à grimper trop haut.

Mais ce sont aussi les évolutions engendrées par la mondialisation qui sont en cause. Comme dans bien d’autres domaines, des groupes financiers, spéculateurs, entrepreneurs dans le bâtiment… cherchent à investir des capitaux pour en retirer des profits les plus importants possibles. En outre, de nouvelles couches, dont leur ascension sociale est liée à l’essor du capitalisme néolibéral (cadres de multinationales, avocats d’affaires, publicistes, responsables de médias…) recherchent un habitat en général non familial. Leurs formes de vie font qu’elles sont souvent célibataires ou couples sans enfant. Elles ont un usage très individualiste de la ville. Elles sont souvent attirées par les quartiers populaires proches des centres ville. Cela conduit à exclure de ces derniers les classes populaires, reléguées dans les banlieues à la périphérie des centres urbains, dans le meilleur des cas. L’arrivée de tout ce beau monde conduit inévitablement aux augmentations de loyers, des prix des commerces, etc. Ainsi on assiste à une uniformisation de la vie dans ces quartiers pour ces nouveaux riches. Vous greffez là-dessus « la tolérance zéro » et le tour est joué ! Apparaissent alors les flics avec leurs cohortes de violences à l’égard des “petits jeunes” et moins jeunes qui font tâches dans le décor. Vous interdisez toute expression culturelle alternative au profit de la culture dominante et vous obtenez un quartier où seules ces nouvelles classes moyennes ont droit de cité.

Cela se traduit par une véritable conquête du territoire. Pour faire passer la pilule, les technocrates et les élus inventent un discours afin de faire adhérer le plus de monde possible. Ces quartiers sont promis à une « renaissance urbaine », à être « revitalisés » ou « renouvelés ». Il faut ainsi embellir l’image des quartiers populaires à l’intention d’une population dynamique, instruite, consommatrice… et fiscalement plus intéressante que les pauvres.

Les quartiers bourgeois ne connaissent pas ces évolutions. Ils ne viendrait pas à l’idée du maire de Tours de « revitaliser » les Prébendes ! Ces derniers habitent entre eux. Les quartiers plus populaires et proches des centres villes doivent voir leur population se recomposer au profits des nouveaux riches générés par la mondialisation ! Les SDF en sont les victimes les plus visibles de cette évolution. Ce processus a un nom : la gentrification.

Les logements du 28/30 place de la Victoire et la salle commune attenante sont un moyen pour lutter contre cette évolution. A Tours, la lutte contre l’achèvement de la gentrification du vieux Tours passe par le soutien au collectif la Victoire. C’est pourquoi il est important de venir soutenir les camarades convoqués le 10 juillet à 9h30 au tribunal pour dire non à l’expulsion de la Victoire, pour dire non à la relégation des pauvres, pour dire qu’on veut vivre dans une ville ouverte, sans exclusion, et où la vie sociale et collective reprenne le dessus sur l’individualisme !

la-victoire at laposte.net

Tags: ,