Dijon : L’expulsion de deux squats de Roms empêchée !

5 déc. 2008

Voilà un communiqué sur deux squats de Roms dont l’expulsion a été empêchée in-extremis cette semaine:

Suite à l’annonce en plein hiver de menaces d’expulsion de plusieurs familles roms installées depuis un an dans deux maisons laissées à l’abandon par la société Gessy-Verne, une trentaine de soutiens se sont mobilisés dans l’urgence ce matin devant les maisons. Il s’agissait de militants de RESF 21, du collectif « un Toit pour toi » ou d’ami-e-s des occupant-e-s. Leur présence visait à empêcher la mise en oeuvre de la démolition par la société Pennequin dépêchée par M. Pereira, patron de Gessy-Verne.

Une mobilisation s’était mise en place hier après que les occupant-e-s, une trentaine de personnes dont une dizaine d’enfants, aient fait savoir que M. Pereira les menaçaient d’expulsion pour cette semaine. Suite à divers messages d’alertes envoyés par les collectifs de soutien hier en direction de autorités publiques, une commissaire est venue ce matin pour confirmer que le propriétaire n’avait pas mis en oeuvre de procédure d’expulsion. De ce fait et en raison de la période hivernale, la préfecture voulait bien s’engager à ce qu’il n’y ait pas d’expulsion des familles avant le printemps et à ce que la procédure soit respectée.

L’entreprise Pennequin est néanmoins venue poser des grilles pour entourer la maison en vue d’une démolition vers 8h30. Mais, les personnes présentes leur ont fait comprendre que ce n’était pas possible et les grilles sont reparties dans le camion.

Si aujourd’hui la solidarité a payé, une mobilisation forte reste de mise car il arrive malheureusement régulièrement que des personnes soient mises à la rue dans le silence le plus total et sans pouvoir bénéficier des mêmes soutiens.

Rappelons que dans le cas d’une occupation sans droit ni titre, le droit au logement rend obligatoire une décision du Tribunal d’Instance pour autoriser l’expulsion. Des occupants en situation de précarité peuvent bénéficier de divers délais, d’autant plus comme c’est le cas ici si il n’y a pas de projets de construction urgent et pendant la période hivernale.

Mais de plus en plus souvent, les propriétaires et pouvoirs publics abusent de leurs droits et mettent de force les gens dehors, avec l’aide de la police ou en démolissant directement les bâtiments, et ce sans respecter aucune procédure. Cette répression concerne notamment des populations comme les Roms, stigmatisés et criminalisés de toutes parts, moins à même de faire valoir leurs droits et encore couramment expulsés vers la Roumanie alors que celle-ci fait maintenant partie de l’Union Européenne.

Tandis qu’il existe plus de 2500 logements vides à Dijon et plus de 8000 dans le grand Dijon, que les foyers d’accueil sont surchargés ou parfois inadaptés et que les délais d’attente pour obtenir des logements sociaux sont souvent extrêmement longs, nous ne pouvons accepter que des personnes en situation de précarité se retrouvent brutalement sans toit du jour au lendemain. Il est vital que des bâtiments laissés à l’abandon souvent sans projets à court terme puissent servir à ceux et celles qui en ont besoin.

Post-scriptum :

Pour compléter le communiqué il faut préciser que c’est la mairie de Dijon et la préfecture qui avaient d’abord fait pression, sur le propriétaire pour qu’il mette fin aux deux squats.

Après avoir fait visiter les squats par leur services, ils avaient avancé divers prétextes sanitaires fallacieux, pour le « bien des Roms », et mis en avant divers fantasmes criminalisant sur les femmes et enfants forcés par quelques caïds à la mendicité dont les fruits reviendraient ensuite à la mafia. Inutile de préciser que les familles avec qui nous avons agi cette semaine étaient loin de correspondre à ces fantasmes xénophobes et sécuritaires.

Mais le propriétaire s’était vu menacé d’être mis en cause juridiquement en cas de problème…en laissant entendre qu’il devait soit mettre sa maison aux normes pour les squatters (une bonne blague…surtout quand on sait que les deux maisons en question sont plutôt en bon état et ne posent aucun danger particulier), soit les faire partir.

Les représentants de la mairie et de la préfecture ont ensuite changé de position in extremis face à la mobilisation rapide et à la menace d’un scandale public en voulant hypocritement apparaître alors comme les protecteurs des Roms face au propriétaire.

Il est utile aussi de préciser que la mairie de Dijon est dans une politique d’éradication systématique des squats, quitte à casser ces maisons vides en l’absence de tout projet plutôt que de prendre le risque qu’elles soient occupées. Leur culot est tel qu’ils n’hésitent quelquefois pas à se contenter de casser le toit, montrant bien ainsi que leur seul but est de rendre la maison inhabitable. Quand les maisons ne leur appartiennent pas, la tactique est alors comme dans le cas présent de faire pression sur le propriétaire pour qu’il agisse.

toitpourtoi at brassicanigra point org

Collectif « Un Toit pour Toi »

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