Lyon: Retour sur l’attaque d’un squat par la police

  Lyon: Retour sur l’attaque d’un squat par la police


Publié le mardi 9 décembre 2008 sur http://rebellyon.info/article5773.html

Événements du 16 novembre 2008, survenus dans un squat à Lyon aux environs de 23h30

Avec : Bobe, Gertrude, Lole, Laur, Limbo, Zina et Beber, ainsi qu’une vingtaine de flics et une quinzaine de copains.

Les faits :

Nous sortions d’un chantier sur lequel nous avions récupéré des poutres pourries trouvées dans les poubelles.
Sur le chemin du retour vers la maison, une voiture est arrivée à toute vitesse ; ne sachant pas qu’il s’agissait d’une voiture de flics, trouvant qu’elle roulait trop vite et ne sachant pas si les conducteurs nous voyaient, nous lui avons fait signe de ralentir. La voiture nous a dépassé et a tourné au coin de la rue.
Sur ce, on s’amuse à blaguer sur le fait que nous étions invisibles… Nous arrivons devant la maison, ouvrons la porte et commençons a rentrer le bois.

Lorsque Gertrude ressort pour aller chercher le reste du bois, elle voit deux mecs planqués au niveau de la charrette (sur laquelle est entreposé le bois) et qui surgissent de l’entrée de porte de la fleuriste d’à côté. Ils ont une attitude agressive, rapide et très énervée.
Le premier hommes agrippe son bras (Gertrude ne sait pas encore qu’il s’agit de la BAC car ils sont habillés en civils et ne portent pas de brassard). Ils finissent par s’identifier :
« Police, on ne bouge plus ! »
Gertrude ne répond rien, surprise par la peur.
Puis, les flics se dirigent vers la porte de la maison, leurs matraques à la main.

Au même moment, Bobe, qui se dirigeait également vers la porte (grande ouverte) mais en sens inverse, est interpellée par une voix d’homme. Elle s’avance donc vers la porte et voie un bras armé d’une matraque mais sans brassard. Elle essaie de refermer la porte mais n’y parvient pas ; l’homme la tire et la jarte à l’extérieur ; dans la précipitation, Bobe se racle l’oreille sur le bord de la porte.
L’homme lui lance :
« Qu’est-ce que vous faîtes là ? Vous n’avez pas entendu que c’est la police ? »
Bobe répond :
« Non, j’ai pas entendu que c’est la police.
– Qu’est ce que vous faîtes là ?
– Je viens de ramasser du bois, nous l’avons récupéré à une rue d’ici. »

Entre temps, Lole va vers la porte et enlève le crochet qui retenait la porte.
Un des flics lui demande de sortir. Lole répond :
« Oui, je sors tout de suite. » (le but de la manoeuvre de Lole était de sortir et de fermer la porte derrière elle).
Laur, qui est cachée derrière la porte, pousse sur celle-ci afin qu’elle se referme correctement et rapidement.
Jusque là, les flics n’ont fournit aucune explication justifiant leur conduite violente.

Lole leur dit qu’elle ne comprend pas la raison d’une telle intervention. Elle leur demande des explications, mais ceux-ci sont incapables de les lui donner.
Lole essaie de calmer la situation en disant :
« C’est bon, on est là, on est dehors. Alors, qu’est-ce qu’il se passe ?
– Pourquoi tu as fermé la porte ? répliquent-ils.
– Je ne veux pas que vous entriez, c’est mon domicile principal, vous n’avez pas à rentrer.
– Donnes-moi tes clefs, lance un flic.
– Non, c’est chez moi, je n’ai pas à vous donner mes clefs, ni à vous ouvrir. »
À ce moment, des renforts policiers arrivent (une voiture transportant trois flics).
Il y a maintenant cinq policiers pour trois personnes (Lole, Bobe et Gertrude).

Très vite, deux nouvelles voitures surgissent : les flics sont à présent une bonne douzaine. Dialogue entre policiers :
« Vous nous avez appelés pour du renfort ?
– Ça a l’air d’être bon, nous, on doit aller au 8. »
D’eux-mêmes, les flics avaient constaté qu’il n’était pas nécessaire pour eux d’être venus aussi nombreux à cette intervention.
Gertrude, Bobe et Lole subissent alors la fouille au corps tout en se faisant poser des question :
« C’est quoi, ici ? Vous louez ?
– Non, c’est un squat, nous vivons ici depuis plus de deux mois.
– Est-ce que vous avez des cutters ? Sortez tout de vos poche. Vous avez des rasoirs ? Des lames ?
– Non, nous n’avons rien de ce genre. »
Ils mettent les mains des trois interpelées contre le mur afin mieux les fouiller.
Un flic lance à un de ses collègues :
« Elle doit avoir ses clefs, prends-lui, ce sera plus facile pour rentrer. »
Puis, s’adressant à Lole :
« Donne-moi tes clefs ou je défonce la porte ! »
Et il tape dans la porte pour essayer de l’ouvrir.
Une femme-flic balance violemment Lole contre la porte de la maison et lui tord un bras derrière le dos.
Sachant que les flics convoitent ses clefs, Lole tente de les glisser dans la fente de la boîte aux lettres (de laquelle elle est à la hauteur) afin que les flics ne s’en emparent pas.
Surprenant la tentative de Lole, la femme-flic et deux autres policiers la repoussent brutalement sur le sol. S’ensuivent de nombreuses insultes de la part des flics :
« Ta gueule, salope, ou je t’en mets une, ferme ta gueule ! (alors que Lole leur demande à nouveau à comprendre ce qu’il se passe) Ne bouge pas ou je t’en met une ! (alors que Lole est immobilisée par trois flics, et ne peut donc pas bouger et qu’elle sait, de toute façon, que se débattre ne peut qu’empirer la situation) Ferme ta gueule sinon tu va le regretter ! »
Lole se fait remettre debout pour être fouillée. Les flics lui maintiennent toujours les mains derrière le dos ; ils sont à la recherche des clés de la maison. Ils les trouvent finalement ; ça les fait marrer. Lole se fait balancer contre la vitrine du centre funéraire d’à côté (la vitre tremble tellement elle a failli casser) puis reste assise par terre.

Laur grimpe au premier étage de la maison afin d’avertir Zina, Limbo (qui dormait) et Beber (cette dernière se met alors à envoyer des textos aux copains afin qu’ils se ramènent en renfort).
Zina (qui dormait aussi) ouvre la fenêtre et regarde en bas ; les flics, à présent au nombre de moins d’une vingtaine, la voient et lui crient de descendre en l’appelant « monsieur ».
Zina s’habille, descend et va se poster derrière la porte d’entrée. Elle crie à l’adresse de Gertrude, Lole et Bobe en leur demandant si elles vont bien.
Zina regarde par la fente de la boîte aux lettres : les flics cognent contre la porte en hurlant « Ouvrez, police ! ».
Zina décide alors de retourner à l’intérieur de la maison. Au moment où elle revient sur ses pas, les flics ouvrent la porte (grâce aux clés qu’ils ont volées à Lole) ; Zina leur crie :
« Vous n’avez rien à faire ici ! »
Deux flics l’empoignent par le collet, la sortent dehors, puis lui font un croche-pied en lui maintenant la nuque très fort et la font assoir à côté de Lole, toujours en lui maintenant la nuque (à Zina). Zina exige des explications, mais les flics ne répondent pas et contrôlent son identité. Comme le trottoir est mouillé, Zina demande si elle et les copines peuvent s’assoir ailleurs, là où c’est sec. Elles se font déplacer par les flics.

Dans la maison, Limbo, inquiète, décide de rester à l’intérieur. Laur continue d’envoyer des messages d’SOS aux copains.
Beber descend au rez-de-chaussée : il y a cinq flics dans le jardin (ils sont hyper stressés). Beber leur demande ce qu’ils foutent là, ils répondent non sans ironie :
« On nous a donné les clés. »
Beber leur donne sa carte d’identité en disant qu’elle habite là et qu’ils n’ont rien à foutre ici.
Elle demande à nouveau la raison de cette intrusion et ils répondent : « On nous a contactés pour vol. » (on parle des poutres pourries, mais Beber, perplexe, n’est pas encore au courant de cette histoire de récup sur le chantier et croit donc qu’ils sont là pour expulser le squat).
Les flics posent un tas de question à Beber tout en s’aventurant dans l’entrée de la maison, balayant de leurs lampes-torche la cuisine, le salon et la chambre de Lole :
« C’est un squat, ici (ben tiens ! comme s’ils le savaient pas !) ? Vous avez un bail ? Y a combien de personnes qui vivent ici ? C’est un ancien hôtel (ils veulent savoir si on est pas un bordel ou des marchandes de sommeil.) ? Vous avez contacté les propriétaires ? Vous avez fait des démarches auprès de la mairie ? Vous allez essayer de légaliser ce squat ? L’électricité, elle était là quand vous êtes arrivées (pour vérifier si on pirate pas EDF) ? etc. »
Ils restent plantés dans l’entrée au moins dix minutes tandis que Laur, Zina (qui s’est finalement fait rentrée à l’intérieur de la maison par les flics), Beber et Limbo cherchent les preuves du 48h. Les flics demandent les identités de celles qui ne les ont pas donné.

Finalement, ils ressortent sans avoir vu les preuves. Dehors, les copains sont arrivés en renfort (ils sont une quinzaine à avoir débarqué en cinq minutes).
Les flics amassés sur le trottoir sont un peu troublés ; ils ne savent pas trop ce qu’ils font là :
« On nous a appelé pour vol de bois » (lire : récup de poutres pourries dans les poubelles du chantier, c’est la crise, le marché de la poutre est bien gardé. D’après nos estimations de ce soir, l’État fournit deux flics armés pour une poutre pourrie !).
Ou encore :
« Chef ! C’est pour de l’art » (parce que Zina leur avait fait la blague de : on veut faire des sculptures avec les poutres, on est des artistes ! L’art, ça marche toujours avec eux).
Quelques flics sont déjà repartis ; il en reste une quinzaine (dont la BAC). Une patrouille revient pourtant au bout de trois minutes, ne sachant toujours pas trop ce qu’il se passe.
Il faut noter qu’un des gars de la BAC était bourré (selon Lole, il puait l’alcool).
Finalement, les flics disent à Gertrude, Lole et Bobe : « Bon on vous fait une fleur, vous ramenez les poutres sur le chantier et on vous laisse partir ».
Nous, on voulait bien, mais y’avait une bagnole de flics sur le trottoir, la charrette pouvait pas passer.

On leur demandé leurs noms (pour les dénoncer pour violence), mais ils n’ont pas voulu nous les donner.
Quand une pote leur a dit : « Vous avez pas le droit » (au refus de s’identifier), un flic lui a répondu : « Vérifiez vos lois, mad’moiselle ».

Heureusement qu’les copains étaient là !


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