Info reçue par mail le 20 avril 2009
Il faut continuer…
…Pour des raisons historiques, sociales voire personnelles, pour la lutte des classes, et bien sûr du fait de l’assassinat d’Alexis par le flic Korkoneas, nous sommes de ceux-celles qui se sont rencontré-e-s dans les rues et les occupations d’un décembre en révolte. Un événement majeur, une étincelle qui a enflammé paix sociale et consensus, un début d’explosion sociale sans précédent. Une explosion qui a remis en cause à tant de niveaux l’étouffante normalité de nos vies. Ce décembre en fête a tout chamboulé : ignorance et solitude se sont transformées en un « nous » gai, sauvage et collectif qui a conquis les rues. Ce décembre a attaqué la démocratie, ses fantasmes et les gardiens qui l’accompagnent ; il n’avait aucune revendication, ne priait pour rien ni personne, il autogérait son quotidien dans les bâtiments occupés. Cette fête de décembre a engendré une critique acerbe du soliloque marchand en détruisant et en pillant les lieux sacrés de la consommation, en redistribuant les richesses, en paralysant le centre-ville. Décembre a ignoré les gauchisantes trahisons qui voulaient jouer le rôle d’intermédiaires, les laissant bégayer leurs âneries sociologiques dans les écrans de télé. Décembre a fait taire les cris d’orfraie des journalistes en montrant de manière manifeste que celui qui veut comprendre ce qui se passe n’a qu’à sortir de chez lui. Même si ce ne fut que provisoire, ce décembre en révolte a supprimé le rôle du Spectacle et la distinction entre les sexes : dans les situations où le plus important n’est pas celui-celle qui fait mais ce qui se passe, des milliers de personnes opèrent comme un corps uni.
D’un autre côté, ils se sont mis en branle dés qu’ils ont su se réorganiser, l’État, les patrons et toutes les autres canailles qui ont toujours eu intérêt à ce que rien ne change. Ils se sont prévalus du retour à la normale pour mettre au travail toutes les forces disponibles : les flics et les milices paramilitaires, bien sûr, mais aussi les sociologues et les artistes engagés. Les autres, ils disent que ce ne sont là qu’extrémistes, gangs, anti-grecs, provocateurs… Et que ces gens-là, les extrémistes, les anti-grecs iraient même jusqu’à remettre en cause le droit des autres à fêter paisiblement Noël. La pseudo-autocritique de ces adultes envers leurs enfants a amené l’arrestation de 265 révolté-e-s et la détention préventive de 65 d’entre eux-elles. Ces autres ont tout fait pour transformer les événements de décembre en une « triste parenthèse » de sorte qu’à la fin, les extrémistes et les anti-grecs soient puni-e-s, et que ceux-elles qui se soient laissé-e-s entraîner aient bien retenu la leçon…
Il faut continuer…
… Une forme de réalité continue à se nourrir de la révolte de décembre. Dans ce conflit, chaque camp reste en lutte. Ce n’est qu’à travers le prisme de décembre qu’on peut comprendre des événements tels que l’attaque à l’acide contre la syndicaliste Konstantina Kouneva, la tentative d’attentat à la grenade contre le centre social d’aide aux immigrants, mais aussi les déclarations sur la restructuration de l’arsenal militaire et législatif de l’Etat, ainsi que la volonté affichée de réveiller les réflexes les plus réactionnaires de la société.
Mais, dans le même temps, des larges pans de la société développent constamment discours, actions, et pratiques subversives qui ont comme point de référence les événements de décembre. Que ce soit dans les stations de métro, les gares, les centres de la bureaucratie syndicale, les bureaux, les secrétariats des hôpitaux, les parcs et jardins publics, dans les quartiers et jusqu’aux lieux con-sacrés du Spectacle et de la marchandise, les initiatives autogérées se diffusent, s’enrichissent, deviennent des outils, des méthodes, des inventions du quotidien et des moyens d’attaque contre le Capital et la démocratie, deviennent des éléments constitutifs d’une vaste procédure de radicalisation qui, de par sa durée, son intensité et sa qualité, devient une nouvelle forme de société.
Il faut continuer…
… De tout ce qui précède, d’où que nous soyons, nous avons collectivement décidé la réappropriation du bâtiment abandonné du 61, rue Patission. Que cet espace soit le point de départ de la vie que nous voulons construire. Qu’il devienne un espace autogéré ouvert à tou-te-s à partir duquel nous allons prendre part à la conspiration pour la destruction de ce monde. Qu’il soit contre toute forme de hiérarchie et de pouvoir, contre toute médiation politique et commerciale, contre tout rôle spectaculaire et toute distinction entre les sexes. Et puissent, dans cet effort, des complices nous rejoindre…
LA RÉVOLTE À VENIR EST DÉJÀ PARTOUT
SOLIDARITÉ AVEC KONSTANTINA KOUNEVA
LIBÉRATION IMMÉDIATE DE TOU-TE-S LES EMPRISONNÉ-E-S DE LA RÉVOLTE DE DÉCEMBRE