Un énième projet plane sur le quartier de lespace autogéré, ce qui pour les bâtisseurs semble impliquer que les Tanneries doivent dégager.
Nous vous invitons donc dès à présent à vous mobiliser à nos côtés, puisqu’il est hors de question que disparaisse ce rare espace de liberté, construit par 10 ans de luttes, d’activités et de passion, sans subvention ni patron.
Les Tanneries, C’est loin d’être fini !
Les Tanneries et l’Inter-Libertaire vous invitent à les rejoindre lors de la manifestation du premier mai, et après. « Les Tanneries, c’est loin d’être fini », et nous entendons bien le prouver. A commencer par quatre jours de portes ouvertes, initiatives et festivités, auxquels vous voici convié-e-s.
Vendredi 1er :
10H30 : Manif inter-luttes
12H : Les Tanneries s’invitent place Wilson
-Gargotte : à manger, à boire et un coin ou s’asseoir.
-Kermesse : des jeux, des lots et du rire à gogo.
-Expo : images et temoignagnes sur l’histoire de l’Espace autogéré des Tanneries.
-Infokiosques : textes, brochure et idées.
-Friperie : t-shirt, jeans et paillettes.
-Scène ouverte : musique, débat et blabla.
20H : Ciné Club de Puissance : « Izmir, une maison pas comme les autres ». s heurts et bonheurs d’un squat à Saint-Etienne.
au Local Libertaire 61, rue Jeannin
Samedi 2 : Portes ouvertes à L’espace autogéré des Tanneries (17, blvd de Chicago)
Toute l’aprèm : -Jam Session avec Da Ultimate Kompilator : du hip-hop, du graff et du basket.
-Serigraphie : emultion, raclette et insolation. Customise tes habits !
-Bike party : des courses, du polo et des bleus.
-Bibliothèque : de quoi réfléchir, rêver et comploter.
-Expo sur les luttes à Dijon.
-Infokiosque et zone de gratuité / friperie.
-Surprises !
21H : Concert de Clara Clara (Free rock synthetique / Dijon-Lyon) et Ours Bipolaire (Rock cyclothimique / Lyon)
23H : Boum Hors Série : De la boulette à facette !
Dimanche 3 :
14H : Pizza Party : levain, légumes et amour
20H : Projection de « 69 », un film sur l’espace autogéré qui a embrasé le Danemark. Retour en images sur la lutte victorieuse de l’espace autonome Ungdomshuset à Copenhague, cousin de l’espace autogéré des Tanneries. Suivi d’une discussion autour de la situation des Tanneries et des perspectives de resistances.
à l’Eldorado 21, rue Alfred de Musset
Lundi 4 :
19H : Intervento
Spectacle sur les mouvements sociaux autonomes des années 70 en Italie (luttes dans les usines, quartiers, prisons, occupations de logements et auto-réductions, féminisme, radio libres, action directe et illégalisme…). Suivi d’un débat sur les stratégies de lutte aujourd’hui, à Dijon et au-delà…
Et pour prolonger le plaisir:
Mercredi 6
19h : Réunion mensuelle ouverte autour des activités et de la résistance des Tanneries.
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Les Tanneries, cest loin dêtre fini !
A retrouver sur :
https://www.brassicanigra.org/blabla/numero-9/les-tanneries-c-est-loin-d-etre-fini.html
Ci-dessous un texte diffusé dans les manifs sur Dijon pour faire le point à chaud sur la situation:
Quelques réactions à chaud !
Le 20 janvier 2009, lEspace autogéré des Tanneries faisait une nouvelle fois la une du Bien Public, avec une manchette à sensation titrant « Les Tanneries, cest bientôt fini ? »
Les Dijonnais·es apprenaient ainsi que selon un porte-parole de la Mairie, la destruction du lieu était inéluctable, en raison dun projet durbanisme visant à remodeler entièrement la friche du boulevard de Chicago. Et ce dernier dajouter : « les entreprises dijonnaises ont économiquement besoin de ce type de chantiers ». Sen suivait lévocation floue dun relogement de certaines activités « culturelles » des Tanneries, mais lintention nette den amputer lespace dhabitation.
Larticle allait immédiatement provoquer des dizaines de réactions sur le site du Bien Public, entre fantasmes grotesques et réponses informées, entre ceux qui souhaitent voir dans lespace autogéré un repaire de terroristes en puissance, celles qui le considèrent comme un résidu de mai 68 « à brûler au lance-flammes », et celles et ceux qui, pour avoir croisé le chemin de cet espace de liberté au détour dannées dactivités, de constructions et de luttes collectives, en ressentent limportance et y sont attaché·e·s.
Le surlendemain, 600 imitations de la manchette du Bien Public titrant cette fois « Les Tanneries, cest loin dêtre fini ! » étaient collées dans Dijon, autour de la Mairie, et se substituaient à la une du jour chez bon nombre de marchands de journaux du centre ville. Ce détournement rappelait à sa manière les diverses luttes menées aux cours des 10 dernières années par lEspace autogéré des Tanneries face aux mairies successives et aux menaces dexpulsion répétées : des manifestations aux occupations, en passant par linstallation de cabanes dans le square des ducs, les concerts de rue et journées portes-ouvertes, le large soutien des Dijonnais·es, mais aussi de nombreux réseaux, collectifs et individus venus de toute lEurope…
Voici quelques premières réflexions à chaud de participant·e·s à lEspace autogéré des Tanneries, à lheure où se débattent des stratégies collectives face à cette nouvelle menace.
Notre but nest sans doute pas de nous opposer à la construction de logements à Dijon. Si cest vraiment de logement quil sagit, comment ne pas penser, pour commencer, aux quelques 5000 logements vides à Dijon, laissés sciemment inhabités par la spéculation, les cumuls de propriétés, entres autres projets urbanistiques en suspens ? Comment ne pas être révolté·e de voir fleurir des terrains vagues en lieu et place de maisons jusque là inoccupées ou réquisitionnées par des mal logé·e·s, et de faire le constat répété de la priorité donnée aux parkings et enseignes commerciales en général ?
Sil sagissait de construire un nouveau supermarché, une extension daéroport ou un commissariat, voire une super structure subventionnée de type Zénith, il y a fort à parier que la Mairie ne trouverait pas, cette fois, que ceux-ci font obstacle à la construction de logements. Or, nous pensons que tout autant que des logements, il importe que subsistent les trop rares espaces publics où les convergences sociales et politiques permettent lémergence de solidarités, de résistances, de créativités, dans une ville quadrillée par les espaces commerciaux, où règne le chacun chez soi, chacun pour soi. On ne nous fera donc pas le coup des impératifs de développement urbanistique ou des contraintes du marché. Il en va clairement de choix politiques.
La mise en compétition de lespace autogéré et du logement nous semble dautant plus ridicule que lespace ne manque pas : situé en périphérie dune friche de dix hectares, on voit mal comment lespace autogéré pourrait empêcher la construction de logements adjacents. Mais cest quil y a des lieux rentables, qui sinsèrent à merveille dans le panorama marchand et sécuritaire qui domine actuellement : sil semble pertinent pour la Mairie que des parcs de logements spacieux réservés aux cadres viennent cohabiter avec les quelques temples de la culture commerciale ou élitiste dont la ville « bénéficie », il semble que ces derniers ne souhaitent pas les installer à proximité dun de ces espaces qui incarnent une autre conception de la vie, de la ville, et sattachent depuis 10 ans à les matérialiser. En clair, dans laménagement lisse et feutré pensé par la municipalité, lespace autogéré devrait virer !
Ouvert en 1998, lespace autogéré gêne depuis toutes ces années. Il gêne, parce quil ne rentre pas dans les normes dociles des structures culturelles, et continue à faire vivre un antagonisme vis-à-vis des institutions ; parce quil gueule haut et fort contre les politiques sécuritaires, la vidéo-surveillance et les choix urbanistes douteux ; parce quil affiche son soutien actif aux sans-papiers, participe des mouvements sociaux et porte une critique sociale par le biais décrits, de journaux, de débats, mais aussi et surtout au delà des mots, par le biais de luttes, dauto-constructions, de recyclages, de potagers, daffinités et de vies, de logiciels libres, de musiques et de cultures libérées de lindustrie.
La logique des urbanistes est celle dAttila, celle qui détruit les liens sociaux existants, les aventures collectives reliées à des espaces, les ancrages au sol et à lhistoire, dès lors que celle-ci sort des églises et des musées. Cest cette logique qui qui rase pour construire du neuf, du rentable et de laseptisé, adaptable à la triade travail-transports-télé. Cest cette logique qui détruit les quartiers populaires des grandes villes partout en France pour les réserver aux magasins, aux cadres et autres « bobos », et entasser les pauvres en périphérie.
La société capitaliste vise à séparer les différents domaines de la vie : travail, loisirs et cultures, vie privée, politique. Ce qui est précisément subversif dans le projet des Tanneries, cest de rassembler ces divers domaines dans un espace qui vise à saffranchir des rapports de consommation et de pouvoir. Cest de lier un espace dautonomisation matérielle et culturelle, avec un lieu de vie et de convergence pour des luttes politiques. Ne peuvent exister logements, salles de concerts, espaces associatifs, locaux politiques, salles de sport, que tant que ces différents domaines restent cloisonnés, contrôlables et/ou rentables. Quand ces espaces se rejoignent, ils tendent à devenir intolérables pour les pouvoirs en place, parce quils peuvent porter en germe dautres formes dorganisation sociale.
Précisons que la défense dun espace de vie aux Tanneries ne consiste pas tant à préserver une maison pour 10 personnes, quà mettre en avant comment simbriquent les possibilités de vie collective et le projet politique que nous portons. La dimension despace de vie est indissociable dune démarche qui vise à montrer que lon peut sortir de lisolement, du chacun pour soi, et sorganiser autrement dans un quotidien solidaire. Même si la grande majorité des personnes impliquées dans Les Tanneries ny habitent pas en permanence, cest cette dimension de lespace autogéré qui a permis daccueillir pour quelques jours ou quelques mois des personnes et collectifs venus du monde entier pour des rassemblements et réunions, des élaborations et projets : de lécriture de livres à la préparation dactions, en passant par des caravanes, créations musicales, et inoubliables moments de vie.
En somme, si par « relogement », la mairie entend « déléguer la gestion » dune « salle de concert alternative », inutile de dire que la réponse est non, et que nous lutterons où nous sommes, pour conserver la globalité du projet politique et lenchevêtrement unique dactivités qui sy est construit.
A suivre dans les mois à venir, dans les rues et aux Tanneries !
Janvier 2009, des participant·e·s à l’Espace autogéré des Tanneries
tanneries at squat.net
Le programme complet est aussi sur :
https://www.brassicanigra.org/contributions/festival-portes-ouvertes-aux-tanneries-du-1er-au-4-mai-2009.html