Bonjour, voilà une occupation joyeuse et décidée, sûrement importante pour la suite des occupations de maison : se souder et s’organiser, trouver les espaces de parole, attaquer les gestionnaires décideurs.
1. Bref récit de l’occupation
2. Communiqué de fin d’occupation
3. Tract donné dans la tour et aux alentours : « On veut des maisons »
4. Tract distribué dans la tour en rapport avec la Boucherie : « le petit propriétaire dans la grande tour »
5. Communiqué de la minorité municipale suite à l’occupation (lisez les Brardistes)
A bientôt.
Bref récit de l’occupation
Dans l’après-midi du mercredi 3 juin, une quarantaine de personnes ont déambulé dans la tour administrative de la mairie de Montreuil. Elles voulaient dénoncer les pratiques mafieuses d’un des employés de la mairie qui a profité de sa fonction pour racheter une maison squattée (124 bd Henri Barbusse), puis qui est venu tenter de déloger les habitants aidé de gros bras, sans réussite, il a fini par les virer par voie de justice (voir tract ci-après). Pointer le doigt sur ce petit homme de la grande tour pour parler des mal logés, des squats sur le point dêtre expulsés et appartenant à des promoteurs (ou de simples proprios qui veulent se faire du blé), des listes dattente interminables pour un HLM, des personnes qui « achètent » des squats sans vraiment le savoir et qui se font virer par la suite notamment par lOPHLM, des marchands de sommeil, des sous locataires au black sans droits, des gens qui font le tour des hébergements durgence d’Ile de France, tout ça alors que des logements sont vides, que des terrains sont vagues, que le tribunal dinstance décide des expulsions, que les flics exécutent et que les mairies gèrent leur parc. La déambulation passe au bureau du mafieux au 7ème étage, puis va au 4ème à létage du logement. Environ 25 flics et BACqueux débarquent gazeuse et flash ball en avant. On exige leur sortie avant toute discussion. Ils finissent pas sortir. Un peu plus tard ils se feront callaissés par les jeunes de la cité de l’Espoir, juste en face de la sortie de la tour (un des jeunes s’est pris quelques coups mais pas d’interpellation)… Ensuite on nous envoie M. Archimbaud, le directeur de cabinet de Voynet.
Nous l’informons de la situation sur Montreuil et exigeons la liste des logements vides sur la ville et un arrêté municipal anti-expulsions. Après discussions nous écrivons le texte qui suit :
Communiqué de fin d’occupation :
Tour Franklin occupée, le 3 juin 2009
L’urgence de nos situations de logement est incompatible avec la gestion d’un parc immobilier public. Vous dites qu’il faut occuper des maisons dans le parc privé mais vous dites aussi ne rien pouvoir faire contre les expulsions. L’urgence de la situation et notre fréquentation du service de logement nous amène à vous demander une liste de maisons vides de la mairie et du parc privé. Nous ne voulons pas que la mairie gère nos habitations, ni devenir un de ses partenaires. Nous voulons prendre les maisons et les organiser par nous-mêmes.
La liste des maisons sans destinations (sans propriétaires) se trouve dans un bureau de la tour Franklin, au 7ème étage. VOUS DITES NE PAS LA CONNAITRE ; CHERCHEZ, VOUS TROUVEREZ.
La liste des maisons qui appartiennent à la mairie ou au domaine, forcément vous l’avez (un employé municipal nous a confirmé qu’il existe une liste des bâtiments communaux vides, au 1er étage). MERCI DE NOUS LA COMMUNIQUER.
Vous dites qu’un arrêté municipal contre les expulsions est une « tactique politicienne ». A quoi sengage alors concrètement la mairie de Montreuil contre les expulsions ? Contre l’expulsion de la Clinique occupée, appartenant au groupe Vendôme, Contre lexpulsion des Demi-Lune ; appartenant à Foncière Résidence et dont le renouvellement du permis de démolir est en cours ?
Contre la procédure engagée contre les habitants du 22 rue Baudin (« Guantanamo »), cette habitation est occupée depuis cinq ans, le propriétaire étant décédé, la mairie avait autorisé les habitants à y rester. Le procès aura lieu le 16 juin. Nous notons bien aussi que daprès M. Archimbaud, concernant les occupations de lieux appartenant à la mairie, cette dernière intente des procès pour se couvrir mais ne demande pas l’évacuation des lieux par la police.
Concernant le 124 bd Henri Barbusse (« La Boucherie »), acheté dans des conditions mafieuses, les ex-occupants exigent de récupérer une boucherie. Nous reviendrons. A bientôt.
Tract :
On veut des maisons ! Nous sommes ceux qui vivent dans des logements minuscules, délabrés et attendent depuis des années un logement, ceux que le 115 fait courir la région parisienne de foyer en foyer, ceux que l’on menace de virer des foyers de travailleurs immigrés parce que sans-papiers, ceux qui tous les jours sont expulsés de leur foyer par des propriétaires, la justice et la police, ceux qui ne veulent pas perdre leur vie à payer un loyer, ceux veulent vivre ensemble. Nous sommes tous ceux que l’on repousse le plus loin possible des centres. Nous ne voulons plus.
Nous voulons garder nos quartiers. Nous voulons garder nos logements, nous en voulons d’autres, les prendre, les arracher.
Harcelons ceux qui nous pourrissent la vie ! Propriétaire, justice, police, huissier.
Occupons.
Tract :
Le petit propriétaire dans la grande Tour
Nous cherchions une maison. À Montreuil. Il y avait cette ancienne boucherie qui avait fermé, avec ses chambres à létage, vides depuis des années. Nous y avons fait des travaux et nous nous sommes attachés à « la Boucherie ». Sans titre ni droit comme ils disent.
Par ailleurs:
La propriétaire de la Boucherie, plutôt acariâtre, veut « se débarrasser » de cet héritage, vendre la maison, mais sans discuter ni engager des frais de justice. « Si vous ne foutez pas le camp immédiatement, je fais brûler la maison. » Elle harcèle le commissariat, lagence immobilière qui gère « son bien », et la mairie pour qu’ils nous mettent dehors sans autre forme de procès. Justement.
Il y a un petit homme qui travaille au service foncier de la mairie. Au 9ème étage de la Tour Franklin. Il flaire la bonne affaire depuis son petit bureau dans la grande tour. « Jachète le pavillon habité à prix cassé, je vire les gens en un tournemain et le tour est joué. »
Une première fois, il utilise une voiture de la mairie et se fait passer pour les services sanitaires municipaux pour tenter de visiter le bien qu’il convoite. Les jours suivants plusieurs hommes viendront nous menacer.
Une deuxième fois, il arrive avec six paires de gros bras. Quelques uns dentre nous sont en train de bricoler des protections aux fenêtres, dautres jouent avec les enfants dans la cour. Les gros défoncent le portail dentrée et sortent manu militari les occupants. Voyant un enfant légèrement blessé, et les habitants et les amis réinvestir les lieux, il congédie ses gros bras et rapidement bat en retraite.
Une troisième fois, il change les serrures dans notre dos et appelle les flics en tâchant de nous faire passer pour des cambrioleurs alors qu’on rentre de soirée. Encore une fois, il se plante. Des amis sont embarqués au commissariat, mais les habitants finissent par faire reconnaître l’embrouille même aux plus butés des flics et c’est lui qui finit en garde-à-vue.
Finalement, il utilise l’arme officielle des propriétaires : le procès. Et au bout d’un moment, même s’il avait d’abord essayé de contourner la loi, celle-ci lui donne évidemment raison : il va pouvoir nous faire expulser.
Aujourd’hui nous avons quitté la Boucherie. Mais nous habitons toujours Montreuil, les solidarités que nous avons construites nous permettent d’être accueillis, et nous comptons bien continuer à décider où nous voulons vivre, avec qui et comment…
Si nous sommes ici dans la Tour administrative de la Mairie ce nest pas tant pour dénoncer les magouilles de ce petit homme du service foncier que pour affirmer notre refus dêtre gérés. Comme tant d’autres nous en avons marre des conditions d’attribution impossibles à remplir, des dossiers de relogements, des fiches de renseignements – liste de nos misères – pour participer au loto de l’OPHLM, des rédactions de projet pouet-pouet pour obtenir un local confonormé.
Nous aussi nous voulons des emplois fictifs et des logements de fonction.
D’ailleurs, elle est plutôt grande cette tour, non ?
Communiqué de la minorité municipale suite à l’occupation (les Bradistes toujours protégeant leurs potes mafieux)
Communiqué des groupes de la minorité
Montreuil, le 4 juin 2009
Agents communaux pris à partie : Les élus aux abonnés absents !
Le mercredi 3 juin, une cinquantaine d’individus a envahi la tour administrative où travaillent de nombreux agents communaux. C’est visiblement les services de l’urbanisme et du logement qui ont été pris pour cible par ces contestataires peu soucieux de dialoguer mais plus enclins aux opérations coups de poings.
Là où les choses deviennent plus graves encore, c’est lorsque des agents du service public sont personnellement et nommément pris à partie, sur leur lieu de travail. Dans ce contexte, les élus de la minorité condamnent avec la plus grande fermeté toutes actions visant à porter atteinte à l’intégrité des agents du service public communal et demandent que des mesures concrètes soient engagées, à l’initiative de la municipalité, pour que ces agissements soient jugés à la hauteur de leur gravité.
Les élus de la minorité déplorent l’absence totale des élus de la majorité aux côtés des agents tant hier au moment des évènements que ce matin encore alors que l’émotion est vive chez les agents communaux concernés. Jusqu’à présent, l’élu au personnel lui-même n’a pas jugé bon de se déplacer.
Ce n’est pas en déléguant un chef de cabinet sur le terrain que l’on manifeste, dans les actes, son estime, sa reconnaissance et son soutien au personnel communal.
Les élus de la minorité, informés tard dans la soirée de la situation, se sont rendus auprès du personnel dès ce matin et ce midi encore. A l’occasion d’une rencontre avec les agents du service logement et du service communal d’hygiène et de santé, nous avons pu constater l’émotion créée par ces évènements ainsi que par l’absence des élus de la majorité. C’est pourquoi, nous demandons la tenue d’une réunion extraordinaire du Comité Technique Paritaire.
Toute aussi étonnante la décision prise, par la majorité municipale, de bunkeriser l’Hôtel de ville en interdisant l’accès du premier étage au public. La maison commune ne l’est plus, les élus s’enferment alors que dans le même temps des agents de la ville sont pris à partie sur leur lieu de travail sans que cela ne semble troubler la quiétude de l’Hôtel de ville.