Publié le vendredi 28 août 2009 sur Indymedia-Nantes.
Lettre trouvée dans les boîtes aux lettres du quartier Tiers Boisnet à Angers
Chères voisines, chers voisins
On se connait sans se connaître…
Je vous aperçois passer devant moi quotidiennement.
Mais peut être m’avez vous remarqué?
Je suis un espace enfoncé entre le 10 et le 12 de la rue Maillé.
Recouvert d’herbes folles, je suis l’ultime espace vert de la rue, même du quartier.
Personne ne peut m’approcher. Seul, entouré de béton, je suis de plus prisonnier d’une grille cadenassée !
Depuis quelques temps, mes propriétaires m’ont planté dans le dos « A VENDRE ». Les salauds, ils ont fixé le prix de mes 200 m2 à 100 000 euros. C’est le prix à payer pour m’écraser.
Les technocrates m’ont défini comme constructible. Selon eux, je suis apte à accueillir 3 logements.
En effet, comme les autres terrains vagues du moment, je n’échappe pas à la convoitise des spéculateurs, promoteurs im-mobiliers.
Derrière leurs profits, je remarque surtout des logements qui individualisent vos vies.
Où sont donc passés les espaces de rencontres, les bancs, les jardins et places publiques conviviales ? J’aimerais tant participer à cela !
Et me voilà aujourd’hui, anodin petit carré d’herbe, devenu l’un des champs de bataille des urbanistes.
Je refuse de pourrir derrière un grillage !
Je voudrais être le terreau qui fera fleurir des envies communes, pousser des projets collectifs et cultiver un certain goût d’autonomie et d’autogestion.
Je refuse encore plus d’étouffer sous une chape de béton.
Comptez sur mes herbes folles pour grimper les murs et vos esprits, pour danser sur les ruines de cette ville…
Jeannot lopin de terre
