Mardi 8 juin 2010
Communiqué du CSSP49
Nous avons rencontré ce lundi, à la préfecture, le préfet et son directeur de cabinet. Le squat situé rue du Port de l’Ancre, dit la « New House », va déménager à partir de 8 heures ce matin et ses habitants seront relogés dans la journée. Ils seront également pris en charge pour la nourriture et le suivi social et administratif.
Il y aurait 70 logements disponibles immédiatement et d’autres logements seraient fonctionnels rapidement permettant une évacuation des deux autres immeubles réquisitionnés avant l’été. Cette prise en charge par l’Etat de ses obligations aura également pour effet de soulager les associations humanitaires tel le « Secours populaire » qui n’en pouvaient plus d’exercer des responsabilités ne leur incombant pas.
Une page de la bataille pour l’hébergement des demandeurs d’asile, commencée en novembre 2008, semble se tourner par une victoire mais nous restons mobilisés pour qu’il soit pleinement appliqué pour les autres demandeurs d’asile sans toit présents et à venir.
Tout n’est pas résolu pour autant! le traitement administratif de la demande d’asile est toujours plombé par la suspicion systématique répandue dans les allées ministérielles. De même que les allocataires des minima sociaux sont considérés comme des tricheurs qui « profitent de l’Etat-providence », les demandeurs d’asile ne peuvent être que des fraudeurs venus bénéficier des « largesses » de la France. Empreintes illisibles, réadmissions en Grèce, procédures prioritaires et maintenant non-enregistrement de la demande… tout est prétexte pour les priver illégalement des conditions matérielles d’accueil et du statut de réfugié. La procédure de demande d’asile devient ainsi une fabrique de sans papiers. Cette vision paranoïaque des êtres humains, surtout quand ils sont pauvres, largement répandue par le gouvernement actuel gangrène une partie des administrations. Cela dépasse la seule ville d’Angers et même le territoire français; en Italie, à Locarno, des agressions racistes contre les travailleurs immigrés ont dégénéré en pogrom en janvier.
De plus, la pénurie de logements touche outre les travailleurs pauvres, les Rroms des pays de l’est, citoyens de seconde zone dans leurs pays d’origine, voués au statut d’irréguliers et finalement sans droits dans les autres pays européens. Ce sont les parias de la société européenne, les boucs émissaires des crises modernes, ceux dont on ne parle jamais sans un certain malaise… ou en tant que délinquants comme, le 6 mai, l’avait déclaré sans ambages un sénateur UMP.
Nous restons mobilisés pour la reconnaissance pleine et entière du droit d’asile et l’application de la législation découlant de la Convention de Genève, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et de la Charte européenne des Droits fondamentaux.
Ce relogement, qui marque, à Angers, un renouveau d’application de ce droit après deux années de détérioration montre clairement que ce n’est que par la lutte que les demandeurs d’asile pourront en obtenir reconnaissance; nous continuerons donc, par les recours au tribunal administratif et par la mobilisation politique, à lutter pour le respect du droit d’asile. »
Le CSSP49
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Commentaire publié sur Indymedia-Nantes le 8 juin 2010 – signé « un voisin », 10h49
Effectivement, ce matin assez tôt, la rue fut bloquée. Les flics géraient l’opération, et des cravateux supervisaient. Un bus a été réquisitionné pour l’occase. Vers 8h30, les lieux étaient vides. Toute la journée, la mairie a « dévitalisé » la maison. Un vigile surveillait le tout.
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