Depuis mai 2009, une bonne centaine de personnes sans logement occupent différents lieux de Bruxelles, de la place Morichar à l’église de Gesù. Bilan après un an d’occupation d’immeubles vides.
L’an dernier, au mois de mai, une bonne centaine de personnes (cent vingt pour être exact) lançaient un mouvement d’occupation d’immeubles vides. Le groupe était – et est toujours – constitué en majorité de familles avec enfants mais aussi de quelques célibataires, ainsi que des artistes et des militants. Ils ont d’abord occupé un immeuble de la place Morichar, puis un bâtiment rue Bélliard, puis encore les anciens bureaux de la Stib rue de Stassart, pour arriver finalement à l’église de Gesù, où ils sont toujours actuellement.
De cette expérience de plus d’un an, les occupants retiennent que des familles complètement démunies, sans logement ni revenus, ont pu être logées, nourries et meublées par elles-mêmes. Le groupe s’est d’emblée organisé en autogestion, prenant des décisions en assemblée générale et invitant tout nouvel occupant à signer un « mode de vie collectif ». Pour Sarah, membre du groupe et porte-parole pour l’occasion, l’autogestion est importante dans la mesure où elle permet de responsabiliser tous les membres. La possibilité de se structurer en asbl a été beaucoup discutée, notamment parce qu’elle simplifie grandement la représentation du groupe auprès des différentes instances.
En particulier, une structure faciliterait les choses au juge de paix, qui devrait bientôt recevoir les occupants de Gesù pour entériner leur occupation précaire de l’église. Rudy Lamm, coordinateur de l’Union des locataires de Saint-Gilles (ULSG)1 – association qui épaule le groupe installé à Saint-Josse – s’attendait en effet à ce que le juge de paix convoque les occupants déjà début juin. L’objectif pour les occupants est que celui-ci constate l’occupation et que, sur base du fait que le bâtiment est inoccupé, il acte de l’occupation précaire. Le groupe espère alors pouvoir rester dans l’église de Gesù jusqu’au 30 septembre, date prévue pour le début des travaux, voire un peu plus longtemps si les travaux débutent plus tard.
Occupation précaire = droit à la domiciliation
Cette autorisation d’occupation précaire est vivement attendue par le groupe. Elle permettra notamment à plusieurs de ses membres de se domicilier dans le bâtiment, étape indispensable pour pouvoir bénéficier de l’aide du CPAS. Jusque maintenant, en effet, la commune de Saint-Josse a refusé la domiciliation des occupants. Elle conditionnait cette domiciliation à la signature d’un contrat de bail entre les occupants et le propriétaire. Un contrat que le propriétaire voulait assortir d’une garantie locative, que le groupe serait bien incapable de payer, explique Rudy Lamm.
« Une fois l’occupation précaire autorisée par le juge, il n’y aura plus de blocage légal à la domiciliation des occupants », explique Rudy Lamm. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la convocation du juge n’est cependant pas encore arrivée. Elle est attendue d’un jour à l’autre. « Les juges vont plus vite pour expulser les locataires que pour leur donner des droits », regrette le coordinateur de l’ULSG.
En attendant, la vie au quotidien dans l’église s’est bien organisée. « On est content, on est bien installé et, depuis Morichar, on a de plus en plus de contacts avec l’extérieur et on se sent bien entouré », explique Sarah. Le groupe bénéficie de dons et du soutien d’associations, dont Lire et écrire par exemple, qui vient donner des cours.
Publié originalement sur Alter Echos, repris par l’Union des locataires de Saint-Gilles :http://ulsaintgilles.canalblog.com/archives/2010/06/21/18482225.html