GRENOBLE, 6 JUILLET 2010: L’OPAC LANCE UN PROCES CONTRE LE DROIT AU LOGEMENT
« Certaines d’entre nous attendent depuis plus de dix ans un logement en vivant comme des chiens en cage. » L’attente dans le silence bureaucratique. L’attente, dans des logements sociaux trop petits donc surpeuplés, ou trop grands donc trop chers, parfois insalubres, délabrés, ruineux en chauffage… Les réponses humiliantes, comme si ces femmes étaient les premières responsables de leur précarité, comme si leurs besoins médicaux étaient des caprices, comme si leur culture et leurs origines étaient suspectes. Les dettes qui s’amoncellent, les huissiers qui tournoient et croassent.
C’est la réalité de la vingtaine de femmes qui depuis bientôt 2 ans à St-Martin-d’Hères (banlieue de Grenoble), luttent, partagent, s’auto-organisent à travers le collectif Défends-toit. C’est aussi la réalité de millions de personnes en France aujourd’hui. Les femmes de Défends-toit en sont conscientes, et signalent dans chaque négociation, dans chaque interview, qu’elles se battent pour trouver enfin une issue à leur situation individuelle et familiale, mais aussi pour que des mesures soient prises à tous les niveaux pour que plus personne n’ait à vivre leur calvaire. « Un logement digne, choisi, adapté, pour toutes et tous. »
Beaucoup de ces femmes ont pour bailleur l’OPAC 38. En septembre 2009, le directeur de l’OPAC 38, M. Gaillard, les recevait. Il leur promettait de débloquer leur situation et d’organiser au plus vite une réunion de tous les bailleurs sociaux et publics de l’agglomération, pour lever des obstacles absurdes au traitement des demandes de logement, et pour faire le point sur les logements vides en leur possession.
Les mois ont passé, l’OPAC n’a plus donné signe de vie. Excédées, les femmes du collectif Défends-toit sont repassées à l’action.
Réquisition, le 6 mars 2010, d’un F2 que l’OPAC laisse pourrir dans la cité HLM où plusieurs d’entre elles habitent, Renaudie. Occupation de la mairie de St-Martin-d’Hères.
Habitant-e-s de St-Martin-d’Hères, de Grenoble et d’ailleurs, nous sommes tous et toutes concerné-e-s, ou presque. Avoir un toit est un besoin vital qui pèse pourtant très lourd dans nos budgets. Les propriétaires spéculateurs profitent du fait que le logement est rare, donc cher, pour nous faire payer un maximum. Si l’OPAC et les autres bailleurs sociaux se dépêchaient ne serait-ce que de mettre en location tous leurs appartements vides, les prix baisseraient dans toute l’agglomération. Qu’est-ce qu’ils attendent ?
Les femmes se sont engagées à quitter l’appartement dès que l’OPAC aura mis sa promesse à exécution… Mais l’OPAC n’a rien répondu… jusqu’au mois de mai, où l’appartement réquisitionné a reçu une convocation au tribunal. L’OPAC espère donc régler des problèmes politiques, économiques et sociaux par les procureurs et les matraques ; cette attitude est malheureusement de plus en plus répandue dans le monde des bailleurs sociaux. Ce qui est demandé aux juges : l’expulsion, mais aussi une « indemnité d’occupation » de 525 euros par mois.
Pourtant les jours de pluie, l’eau s’infiltre, goutte dans l’appartement, remplit des bassines entières. L’OPAC aurait-il besoin d’argent pour des réhabilitations ? Pourquoi ne se retourne-t-il pas contre l’Etat, réel responsable de subventions insuffisantes ? Comment justifie-t-il de faire payer ainsi celles qui se battent pour éviter l’endettement ou en sortir ? Par une taxe sur la goutte d’eau, peut-être ? Permettons-nous une suggestion : appliquée plutôt aux piscines des vautours de Meylan, Corenc ou encore la Tronche, cette nouvelle taxe apportera des gains immédiats et bien supérieurs.
Le 6 juillet 2010 à 9h30, au tribunal d’instance de Grenoble, faisons ensemble de ce procès une tribune du droit au logement pour toutes et tous. Profitons-en pour diffuser largement l’information de cette étonnante mobilisation de locataires HLM, qui brillent par leur détermination et leur solidarité. Diffusons leur tract. Organisons des collectes pour aider à payer l’avocat. Soyons nombreux-ses au procès.
La galère n’est pas un problème personnel. Nous sommes beaucoup à la subir. Nous pouvons réapprendre à en parler entre nous et à nous organiser. La vie est trop courte pour être vécue la tête basse.
Le collectif Défends-toit (defends-toit at boum.org)