Publié le vendredi 13 août 2010 sur Indymedia-Paris:
Les Rroms expulsés le 30 juillet à Montreuil et les soutiens occupent une maison dans le haut Montreuil depuis quelques jours. Cest aujourdhui, vers 18h, que nous avons rendu publique loccupation. Soutiens et Rroms rassemblés à la mairie de Montreuil se sont dirigés vers la maison dans le quartier de La Boissière.
La police vient de quitter les lieux. Mais lexpulsion est toujours possible. Une AG se tient en ce moment même devant la maison. Elle se situe au 76 rue de St Denis. Pour venir de la mairie de Montreuil, il faut prendre le bus 129 et sarrêter à St Denis ou le bus 121 et sarrêter à Nouvelle France. Il y a besoin de soutien surtout dans les deux prochains jours. On espère que cette occupation résonnera dans toute la France alors que de sombres discours politiques inondent les télés, les radios et que les expulsions de camps de Rroms se multiplient.
Ci dessous, le texte que lon a distribué aujourdhui.
Le gouvernement a voulu chasser les Rroms de leur maison, de la ville, du département, du pays.
Ils resteront à Montreuil.
Vendredi 30 juillet, le lendemain de la « déclaration de guerre » du président aux gens du voyage et aux Rroms, 50 Montreuillois, hommes, femmes et enfants de tous âges, sont expulsés de la maison quils occupaient depuis 6 mois au 83 avenue du président Wilson.
En décembre 2009, ils avaient déjà été expulsés du terrain vague quils habitaient, en face du Palais des Congrès, pour faire place nette au prestigieux Salon du livre. Durant une semaine, police municipale et nationale les avaient chassés de toutes les places sur lesquelles ils sinstallaient pour quils quittent « leur territoire ». Des habitants les avaient cependant soutenus, et aidés à investir cette maison inhabitée depuis longtemps.
Le 30 juillet, alors quune pelleteuse sattaque à leur ancienne maison, les familles expulsées sinstallent place de la Croix de Chavaux, rejointes peu à peu par de nombreux soutiens, qui seront jusquà 150 personnes à se rassembler le soir. La première nuit, les Rroms dorment dans le terrain vague, à côté du Palais des Congrès, et se font chasser au matin.
Le 31 au soir, Rroms et soutiens se dirigent vers le haut Montreuil en quête dun terrain pour la nuit. Des voisins, spontanément solidaires, ouvrent les vestiaires dun stade municipal. Les Rroms sinstallent sur la pelouse et dans les vestiaires. La mairie ne demande pas lexpulsion mais sa position nest pas claire. Un élu municipal passe officieusement et soutient les familles mais un membre du service de la tranquillité publique vient avec la police pour menacer dune expulsion imminente. Pendant ces 10 jours, une pression diffuse sinstalle. Il faut continuer à faire peur. Les dissuader de chercher à sinstaller, même pour un temps. Les pousser à quitter la ville, le département, le pays.
Les expulsions sont populaires. À Montreuil aussi se développe une hostilité « anti-Rroms » et certains se regroupent et nhésitent pas à menacer, harceler ou expulser aussi brutalement quillégalement des camps de Rroms. Mais tous les habitants de France ne sont pas racistes et inhospitaliers, comme lont montré les voisins qui ont ouvert le stade ou qui passent quotidiennement exprimer leur solidarité ou apporter quelques poulets [sic] aux occupants. Chaque soir pendant loccupation, gadjé et Rroms assemblés, on sest ainsi réuni pour faire le point, se concerter, partager récits, musiques, photos qui racontent lhistoire des uns et des autres
Le gouvernement a annoncé 300 expulsions avant lhiver. 40 on été exécutées en deux semaines. Des centaines de personnes ont déjà été jetées à la rue. Chassées dun endroit à un autre. Jusquà quoi ? jusquà quand ?
Nous voulons raconter cette histoire pour la rendre publique, quelle résonne avec les autres expulsions en Seine-St-Denis, à Saint-Étienne, partout en France. Des solidarités peuvent se constituer et sopposer à la chasse faite aux Rroms et autres indésirables. Plus nous serons nombreux, visibles et bavards, plus il sera difficile aux préfectures dexpulser, de repousser en permanence jusquà dissuader et faire partir.
Aujourdhui, Rroms et soutiens, nous investissons une maison dans le haut Montreuil. Une maison que nous occupons depuis plus de deux jours et qui était inoccupée depuis trois ans, promise à la vente à des promoteurs immobiliers. Personne nen a lusage. Nous la réquisitionnons.
Maintenant cela ne concerne plus la préfecture, mais cest affaire privée entre les nouveaux habitants et les propriétaires oublieux de leur bien. Dautres solutions seront à inventer si un procès vient prononcer lexpulsabilité ; en attendant ces familles auront un toit et un peu de tranquillité.
À la gestion policière, nous préférons lhospitalité.
Tout le monde vient dailleurs, ce qui nempêche quil ne soit chez lui ici. Il ny a pas détranger, et nous le sommes tous. Ici et partout, il ny a que des Ici.
Vive donc, oui, linvasion ! Vienne le temps des hôtes. Celui où il ny aura plus de recevant ni de reçu ; celui où chacun pourra se dire lhôte de lhôte. (René Schérer)
Contact / numéro durgence anti-expulsions: 06 08 55 99 82