Le 18 octobre à 13h30, le Collectif Friche Autogérée RVI passe en procès au TGI (rue Servient). Cette association qui gère la Friche est suspectée de squatter un espace de 34 000 m² dans le quartier Monplaisir de Lyon. Sur le site de l’ancienne usine RVI, autrefois appelée Berliet et encore avant Rochet Schneider… c’est dire si des générations d’ouvriers s’y sont éreintés au travail… Là même où Jules Bonnot a travaillé autrefois dans les années 1900…
Pourtant, loin de cet héritage illégaliste la « Friche » a joué le jeu d’une convention avec la mairie de Lyon en 2004, après deux années de squatt négociées.
Six ans après la signature de cette convention et huit ans après l’installation d’une petite poignée d’artistes squatteurs… voici venu le temps des procès ! La ville de Lyon qui bouillonnait de pouvoir réguler ce joyeux bordel s’est évanouie et proclame qu’elle a résilié la convention dans les formes. Elle s’était engagée à reloger tout le monde, finalement elle n’en relogera qu’une partie dans le site dit « Lamartine ». Ce sera le plus souvent dans des espaces d’une taille minable (20 m²) mais avec un peu de confort (le chauffage !!!). Parmi les heureux veinards qui ont obtenus ces miettes, voire un gros morceaux du gâteau pour certains, une bonne partie n’a jamais vraiment été présente à la Friche, voire pas du tout. Il n’est pas nécessaire de s’en étonner. Courtisanerie et entregent ont souvent prévalu pour obtenir des conventions drastiques et inacceptables. Bon nombre de FrichardEs ont pour leur part refusé de se prêter à cette mascarade. D’autres se disent que çà leur servira de bureau mais ils savent très bien qu’ils ne pourront pas y développer leur activité, c’est juste trop petit…
Pour le Grand Lyon, qui est propriétaire, La Friche RVI est de nouveau un squatt et à la lecture des pièces à charge, le bilan est lourd ! Il s’agit d’une zone de non droit ou l’on moleste les pauvres vigiles qui viennent à l’intérieur sans demander la permission. Un lieu ou l’on impose, sans le leur demander, à des voisins médusés d’horreur, l’écoute d’Erik Truffaz en direct live sous leurs fenêtres. Un bâti qui se dégrade sous l’effet intolérable du temps. Un lieu où des roms se sont « probablement » infiltrés. Un lieu où vivent « des gens de toutes catégories ». Et j’en passe… C’est dire si l’endroit est devenu une insulte au droit de propriété et à la bonne marche des travaux qui permettront à des « milliers d’élèves » de venir se former dès le 12/09/11 à devenir des bons petits soldats du capitalisme, ceci dans les magnifiques bâtiments noirs et gris de la SEPR qui vont se rajouter aux blockhaus déjà existants.
On oublie un peu vite que la Friche RVI, elle aussi, a une utilité sociale. Même si c’est une chose manifestement inconnue du grand public, du fait même que la convention lui interdit d’ouvrir librement ses portes. Il s’agit d’un lieu de bouillonnement culturel sans pareil dans l’agglomération. Un lieu tel qu’on peut en trouver dans les grandes villes européennes, un lieu d’émergence artistique chaotique et non sélectif aux antipodes des institutions culturelles françaises classiques, celles là même qui sont gavées de subventions et qui sont souvent chiantes comme la mort…
On a pu dire beaucoup de choses sur la Friche, le pire et le meilleur, mais une chose est sûre, c’est qu’une fois fermée, elle manquera à beaucoup d’entre nous…
RV au TGI le 18/10/10 à 13h30.
@uln