Pré-Saint-Gervais (93): Des Tchétchènes expulsés de leur squat, rue Danton

Vendredi 22 octobre 2010

Squat rue Danton – Pré Saint Gervais
On a appris qu’hier vers 7h30, la vingtaine de Tchétchènes qui occupaient un squat rue Danton au Pré Saint Gervais ont été expulsés par la mairie. Parmi eux, une majorité d’hommes isolés, mais aussi une famille avec quatre enfants. Demandeurs d’asile, réfugiés statutaires ou en procédure « Dublin », la plupart ne peuvent pas prétendre ou n’obtiennent pas de place en centre d’accueil (hébergement provisoire de toute façon).

La mairie socialiste et son maire Gérard Cosme, dans leur « grande bonté », leur accordent une semaine (un mois pour la famille) dans un Etap hôtel (Accor) du 93, avant de les laisser à la rue à la veille de la trêve hivernale (1er novembre). Une liste établie par la mairie en début d’année recensait les habitants du squat pour attribuer les nuits d’hôtel, mais les personnes arrivées par la suite n’en bénéficient pas et se sont retrouvées de fait à la rue après l’expulsion d’hier. Un huissier était présent avec des commis de la mairie pour s’assurer du “bon déroulement” de l’expulsion.

S’ils n’ont pas été expulsés par la force et étaient prévenus de la date exacte de l’intervention, l’expulsion n’en est pas moins une nouvelle attaque envers les étrangers. Leur sortie du lieu, sous les yeux de la police et avec l’appui des agents de la municipalité munis de masques d’hygiène, constitue une nouvelle humiliation pour ces personnes qui ressentent déjà une certaine honte à vivre dans ces conditions (il n’y avait dans le squat ni toilettes, ni sanitaires, ni chauffage : les occupant.e.s se chauffaient avec les fours électriques et se lavaient au jerricane).

La mairie du Pré Saint Gervais et son maire Gérard Cosme semblent avoir décidé de s’illustrer par leur politique volontariste en matière d’expulsion de squat. Le 24 septembre dernier elle avait déjà procédé à l’expulsion d’une quarantaine de Rroms avant d’accorder trois malheureuses nuits d’hotel aux seules mères avec des enfants en bas âge, nuitées qui ont d’ailleurs été refusées par les familles, qui ne souhaitaient pas être séparées.

Peu importe, la mairie se félicite d’avoir résolu un « problème en matière de sécurité » et doit intérieurement jubiler d’avoir réussi un tel nettoyage avant la fin de l’année : les rues du Pré sont enfin « propres » !

Le statut de réfugié n’est définitivement pas une garantie de sécurité. La reconnaissance des souffrances et des traumatismes de la guerre (qui continue en Tchétchénie, malgré les mensonges officiels, comme en témoigne l’attaque du parlement pro-russe de Grozny par des combattants tchétchènes il y a trois jours) est déniée à ceux qui cherchent l’asile en Europe. Les papiers, quels qu’ils soient, sont un leurre et ne demandent qu’à être abolis.

Il est temps de faire payer leurs actes aux élus qui collaborent à la grande entreprise de rejet des étrangers.

LIBERTE DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION ! ABOLITION DES FRONTIERES !