Dijon: programme bibliothèque/cinéma/etc. des Tanneries, décembre 2010

Espace autogéré des Tanneries
Programme bibliothèque, cinéma, etc.
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Décembre 2010

Version mise en page disponible sur:
http://tanneries.squat.net/documents/tanneries-bibli-dec2010-recto.pdf
http://tanneries.squat.net/documents/tanneries-bibli-dec2010-verso.pdf

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Le bouillonnement de contestation des dernières semaines a parfois mis les mercredis de l’espace autogéré des Tanneries en grève sauvage à l’improviste, et fait place à des connexions nouvelles, au gré de blocages au petit matin, de lectures à vifs, de bulletins de grève et d’élans dans les rues.

Comme beaucoup, nous avons été pris·es par la force singulière de ce mouvement qui a parfois réussi à dépasser les hiérarchies syndicales, à se chercher dans des assemblées de base interpro, à transcender les défilés pour bloquer concrètement les rues, les échanges économiques et leurs fluides…

Comme d’autres, nous cherchons ce qui pourra le faire perdurer, et muer au-delà du rituel coup de sifflet final.

L’occasion de rappeler la manière dont un espace comme le nôtre peut se positionner dans ce processus, avec quelques lignes issues de l’appel « Espace autogéré des Tanneries et convergence des luttes », publié il y a quelques années déjà : « L’espace autogéré en tant que tel s’est peu à peu constitué en lieu relais et en espace de coordination stratégique. Un lieu où peuvent se débattre et se poursuivre les aventures collectives initiées lors de ces moments de lutte, se tisser plus avant des complicités et projets, et se conserver l’énergie d’un mouvement, au lieu d’en observer la vague retomber. L’espace autogéré est de ces lieux ressource – certain·e·s y viennent organiser un concert de soutien pour une boîte en grève ou une radio libre au Mexique, préparer des rencontres anticapitalistes ou un séminaire sur les logiciels libres, fabriquer une banderole ou réfléchir une action, d’autres y écrire un tract ou y proposer un débat, y éditer un journal ou un site d’information militante, d’autres encore se plonger dans sa bibliothèque ou ses archives, s’imprégner des luttes passées et présentes. Les Tanneries constituent aussi un lieu de réunion et de travail pour divers réseaux et groupes politiques à Dijon et à travers la France… Un lieu qui entend ne pas se contenter d’accompagner le mouvement social, mais plutôt en être une composante à part entière. »

À bientôt pour la suite, en actions et en mots !

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MERCREDI 1 DÉCEMBRE
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17H – Écoute collective
« À table avec George Orwell »
Une émission de radio qui retrace le parcours et la pensée politique de George Orwell, pourfendeur visionnaire des diverses formes de totalitarisme, de bureaucratie et de contrôle social qui ont traversé le siècle. Sa vision critique parfois méconnue, au-delà des classiques « 1984 » et « La ferme des animaux », est toujours d’une actualité criante. Elle est ici relatée à travers une table-ronde dans le studio de la libre « Radio Zinzine ».

19H – Assemblée de l’espace autogéré
Les assemblées ouvertes permettent de s’organiser ensemble pour les activités du lieu – potager, infokiosque, zone de gratuité, sérigraphie, bibliothèque, propositions de rencontres, réunions et ateliers – mais aussi de penser sa défense. C’est aussi un espace à partir duquel se structure notre participation à diverses luttes politiques locales et globales. Le programme bibli/ciné des Tanneries se constitue collectivement, lors de ces assemblées, et chacun·e est invité·e à proposer des livres et films ou la confection d’un repas.
21H – « Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes »
Hé hop, un peu de détente sans prétention après la réunion. Après « Starmania » et « La belle verte », toute la famille sera au ciné des Tanneries pour une comédie sur ce qu’à pu représenter à la fin des années 50, la culture communiste de parti à la française, avec ses clichés, pour le meilleur et pour le pire.

DIMANCHE 5 DÉCEMBRE
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15-18H – Autodéfense pour femmes
Atelier d’autodéfense psychologique, verbale et physique. Viens quels que soient ton âge ou tes capacités physiques ! Pour plus d’infos, écrire à autodefense_feministe at voila point fr.

MERCREDI 8 DÉCEMBRE
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16H – Chantier collectif
Rangement de la bibliothèque, archivage, bouquinisme et renouvellement de l’infokiosque.
18H – « La nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier »
De Jacques Rancière, 1981.
1830. « La révolution » c’est 1789 et la République ; Proudhon n’est pas encore le premier anarchiste ; le prolétariat attend d’être révélé à lui-même par Karl Marx. Le mouvement ouvrier est en gestation, il mûrit dans les têtes des travailleurs et travailleuses sur leur temps de repos. Ce qui s’esquisse dans les rêves prolétaires, une religion nouvelle vient en promettre la réalisation terrestre : les prêtres de l’Église saint-simonienne prêchent sans relâche, cherchent des adeptes et des apôtres, et commencent à bâtir leur société d’amour. De la rencontre entre la secte et les aspirations ouvrières, reste un tas de documents, profession de foi ou correspondances de travailleurs/travailleuses lettré·e·s ou de bourgeois·es déclassé·e·s. Rancière nous raconte l’histoire d’un engagement politique, le cheminement d’une émancipation. Le travail, la prison, la condition féminine, le communisme, autant de thèmes et de questionnements qui s’ouvrent à travers ces témoignages d’une époque qui se cherche.
21H – « La commune (Paris, 1871) »
Film de Peter Watkins, 2000.
OVNI cinématographique et outil révolutionnaire, la Commune de Watkins est devenu une œuvre culte, mise au placard par ses producteurs, dont Arte, et sauvé par ses acteurs, plus de deux cents personnes qui avaient pour la plupart participé aux grandes grèves de l’année 95, et aux mouvements de chômeurs, de sans-papiers, d’intermittent·e·s qui ont suivi jusqu’en 99, année de tournage du film. « La commune » fait l’objet depuis de diffusions publiques, précieuses mais trop rares dans divers lieux associatifs et cinémas indépendants. Le film nous plonge au cœur de l’histoire de la commune de paris, insurrection qui ouvre le champ d’une formidable expérience communiste au sein de laquelle s’épanouissent les différents élans et réflexions révolutionnaires qui ont mûri au cours du siècle, avant de finir fusillée par le pouvoir au cours de la « semaine sanglante ». Ce film est aussi bien un récit historique bouillonnant sur 1871, une réflexion sur le rôle des médias, sur les tensions entre l’urgence, la guerre et les utopies qui se cherchent, et une recherche de perspectives pour les soulèvements d’aujourd’hui.

DIMANCHE 12 DÉCEMBRE
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13H – Au potager !
Dans le cadre des « rendez-vous d’hiver du potager collectif des Lentillères » (rue Philippe Guignard), construction de serres et de châssis, pour avoir de quoi manger tout l’hiver, et faire des semis qui dépotent dès les premières lueurs du printemps !
18H – « Sans terres et sans reproches »
Documentaire d’Eric Boutarin et Stéphanie Muzar le Moing (2008, 52mn).
De retour aux Tanneries, voyage chez les paysans résistants du Quercy, au cœur du parc Naturel des Causses, à l’heure de la mondialisation, de l’industrialisation de l’agriculture et de la baisse du nombre d’installations agricoles.

MARDI 14 DÉCEMBRE
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19H – « Intervento : années 70 en Italie, un mai 68 qui a duré 10 ans »
Activité extra-muros : amphithéâtre Roupnel, bâtiment droit- lettres, Université de Dijon.
Mise en scène (en lectures, films, chansons…) sur les mouvements révolutionnaires qui ont bouleversé l’Italie pendant les années 70 : luttes dans les usines, quartiers, prisons, occupations de logements et auto-réductions, comité de base et autonomie, féminismes, radios libres, actions directes et illégalité diffuse… Suivie d’un buffet-discussion, sur ce que ces fragments d’histoire peuvent éclairer des luttes aujourd’hui.

MERCREDI 15 DÉCEMBRE
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18H – « Insurrection 1977 »
De Paolo Pozzi, Éd. Nautilus, 1990
Paolo Pozzi revient sur son expérience des révoltes italiennes.
Le manuscrit, débuté en 1982 dans le Quartier de Haute Sécurité de la prison de Fossombrone, n’a finalement intéressé les éditeurs que trente ans plus tard, symbole, peut-être, de l’amnésie collective qui semble souvent caractériser le rapport à cette période insurrectionnelle massive. Loin d’en rester à la caricature officielle, l’auteur éclaire cette époque par le biais d’une suite d’épisodes thématiques, sans qu’en soient omis les délices, questionnements, débats houleux, confrontations constructives, expérimentations amoureuses et folies collectives.
21H – « L’extase des anges »
Film japonais de Koji Wakamatsu, VOST, 89mn, 1972.
Au début des années 1970 au Japon, une faction de jeunes radicaux nommés d’après les différents jours de la semaine tente de voler des armes sur une base militaire américaine. Mardi, Mercredi et Jeudi sont tués. Lentement, les membres restants réalisent qu’ils ont été trahis par leur propre organisation.
« L’extase des anges » est le plus politique des films pink de Wakamatsu, genre cinématographique japonais où l’érotisme est fortement présent, sans pour autant constituer le point central du scénario. Le réalisateur utilise ici plus que jamais cette mouvance du cinéma japonais indépendant comme une plate-forme pour véhiculer des idées subversives. Inspiré de faits réels, le film dissèque l’échec de dynamiques collectives dont les membres se tournent finalement vers des actes individuels pour parvenir à leurs fins, et offre dans le même temps un éclairage précieux sur les grandes révoltes japonaises du début des années 1970.
Wakamatsu, proche des mouvements étudiants japonais et réalisateur de « Armée Rouge/ FPLP, déclaration de guerre », à la même période que « L’extase des anges », est revenu récemment sur ces mouvements à travers le film « United Red Army ».

MERCREDI 22 DÉCEMBRE
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18H – Revue de presse
Blabla, Jusqu’ici, Outrage, Z, À corps perdu, Rebetiko, Timult…
De nouvelles revues politiques sont apparues ces dernières années, brassant récits et élaborations théoriques, avec des textes qui permettent d’alimenter les analyses et la critique sociale, d’informer sur des luttes et d’en inspirer d’autres. Lors du mouvement social sur les retraites, diverses publications de contre-information sont nées, dans le feu de l’action et face aux médias dominants, pour faire la liaison entre les villes, entre les grèves. Nous vous proposons une fois par mois des textes marquants issus de ces revues, de débattre collectivement de leur contenu ou de confronter leurs parti-pris.
21H – « L’avocat de la terreur »
Documentaire de B. Schroeder, 135mn, 2007.
Solidaire de tous les mouvements anticolonialistes et défenseur des militants du FLN algérien, Jacques Vergès se consacre ensuite à la cause palestinienne, avant de disparaitre pendant huit ans, puis devenir l’avocat des anti-impérialistes. Il fera ensuite scandale en choisissant d’assurer la défense de… Klaus Barbie (chef de la Gestapo à Lyon). Ce documentaire est un thriller politique extrêmement fouillé, qui interroge longuement les différents protagonistes de l’époque. Il recontextualise, à travers les engagements et choix ambigus de Vergès, un certain nombre de parcours sincères, mais aussi, parfois, leurs interconnections nauséeuses avec des intérêts étatiques et des guerres entre services secrets.

MERCREDI 29 DÉCEMBRE
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18H – « Down the Empire »
Extrait de « Do Or Die #10 »
Ce texte, issu du numéro 10 de la revue anglaise « Do or Die », nous offre une histoire du mouvement écologiste radical anglais des années 90 : des premières actions directes et sabotages pour bloquer des chantiers au développement du mouvement anti-route et des techniques de villages dans les arbres et de tunnels souterrains, de la création de réseaux comme Earth First! aux premières victoires contre des projets destructeurs, jusqu’à l’élargissement d’un mouvement parti de la défense de la « nature sauvage », ainsi qu’à ses diverses retombées sur les luttes contemporaines.
21H – « Reclaim The Streets » – The Movie
Film retraçant l’histoire du mouvement « Reclaim The Streets » qui a inspiré un renouveau des offensives anticapitalistes à la fin de la décennie 1990.
Angleterre, milieu des années 90. Les occupations sauvages, festives et ludiques de l’espace urbain se succèdent, contre le règne de la bagnole, mais aussi contre les logiques sécuritaires et libérales, créant de rares espaces de convergences entre anarchistes, teufeurs, post-situs, squatters, artistes, féministes, syndicalistes et quantité d’autres inclassables, mettant la police anglaise en déroute pendant plusieurs années. Fêtes en plein milieu d’autoroutes ou au cœur des centres-villes, invasion de la « City » londonienne et mise à sac de sa Bourse, alliances inédites entre écolos radicaux et dockers de Liverpool ou travailleurs du métro londonien en grève… comptent parmi les épisodes de cette aventure !

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Tous les mercredis à partir de 15h, l’espace autogéré ouvre sa bibliothèque, son infokiosque, sa zone de gratuité… et vous convie, à 18h, à des lectures, présentations et débats autour des ouvrages ci-mentionnés.

Ensuite, c’est apéro et auberge espagnole (chacun·e amène de quoi boire et manger – sans viande, svp), puis à partir de 21h, c’est ciné !

…sans oublier, chaque premier mercredi vers 19h, la « réu activités » de l’espace autogéré, moment de choix pour qui souhaite s’impliquer dans les projets existants ou amener de nouvelles idées !

http://tanneries.squat.net/

Espace autogéré des Tanneries, 13-15-17 blvd de Chicago, 21000 Dijon