Dijon: Programme « bibliothèque, cinéma, etc. » de l’espace autogéré des Tanneries (mars 2011)

La campagne locale contre le fichage ADN continue, et nous profitons de cet édito pour vous inviter à vous rendre le 8 mars à 13h30 devant le tribunal, bd Clémenceau, pour soutenir un inculpé arrêté lors d’une manifestation lycéenne en 2008. Des premières victoires ont été obtenues à Dijon et il est donc primordial de continuer à se mobiliser, pour ne pas laisser les insoumis·es seul·e·s face à la machine judiciaire.

Celle-là même qui s’est vengée, le 17 février, de l’humiliation subie après que la grande enquête contre la « mafia Rrom » – débauche de filatures, d’écoutes, de crachats médiatiques et de sombres délations – se soit soldée, il y a un an, par un non-lieu sur les principaux chefs d’inculpation. Restait une histoire d’aide au séjour irrégulier et de mendicité auprès d’une personne âgée « trop généreuse », et poussée à porter plainte pour donner du grain à moudre aux enquêteurs. La procureur ressort tous les fantasmes xénophobes sur l’organisation criminelle, le réseau clandestin, les accusé·e·s qui feraient semblant de ne pas comprendre alors qu’ils maîtriseraient la langue… Le juge en charge en est de toute façon convaincu par avance, et se montre le plus méprisant possible face aux inculpé·e·s. Il donne de toutes façons généralement des peines plus lourdes que ce que demande la procureur… par principe. Quand ça tombe sur lui à la grande loterie, c’est plié, et les avocats de la défense ont meilleur temps d’aller boire un café plutôt que de contre-argumenter. Au final, les 3 personnes condamnées, qui venaient toutes de trouver du travail et des autorisations de séjour après des années de galères, vont retourner en prison (jusqu’à 30 mois ferme…). On se prend en pleine gueule tout le poids d’une justice pour qui un pauvre a forcément tort, et peut être écrasé sans sourciller. C’est dur, ça remet les idées en place et la rage au ventre.

Heureusement, il arrive parfois que des pauvres se révoltent et fassent tomber des gouvernements, ouvrent des prisons et brûlent des tribunaux.
Même si les « démocrates » occidentaux, quand ils sont loin, n’hésitent pas à qualifier de « révolutionnaires » ceux qui ne seraient que d’affreux « casseurs » par ici, nous ne doutons pas que les soulèvements qui s’enchaînent actuellement avec une détermination inouïe redonnent espoir à ceux et celles qui ne veulent plus être exploité·e·s et contrôlé·e·s, au Nord comme au Sud… et fassent trembler, tôt ou tard, quelques juges arrogants !

Sur ce, à bientôt !

MERCREDI 2 MARS
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16H – Chantier collectif
Sélection et impression de brochures !

18H – Écoute collective de l’émission « Offensive », sur Radio Libertaire, avec une interview de Catherine Baker
Dans cette émission, Catherine Baker, auteure de « L’insoumission à l’école obligatoire » conteste cette dernière. À quoi sert-elle ? Qu’est-ce qu’on y apprend ? Est-ce épanouissant lorsque que c’est sous la contrainte ? Il s’agit aussi d’une critique de ce qu’elle appelle « l’invention de l’enfance » : comment la société prive de droits certaines personnes en fonction de leur âge. Elle analyse un processus que l’on retrouve dans l’oppression des enfants, des femmes et des non-valides : on prétend protéger, aider une personne, ou savoir mieux qu’elle-même ce dont elle a besoin. Ce sont en fait souvent des prétextes pour contrôler, maintenir sous dépendance et dominer.

19H – Assemblée de l’espace autogéré
Les assemblées ouvertes permettent de s’organiser ensemble pour les activités du lieu – potager, infokiosque, zone de gratuité, sérigraphie, bibliothèque, propositions de rencontres, réunions et ateliers – mais aussi de penser sa défense. C’est aussi un espace à partir duquel se structure notre participation à diverses luttes politiques locales et globales. Le programme bibli/ciné Tanneries se constitue collectivement, lors de ces assemblées, et chacun·e est invité·e à proposer des livres et films ou la confection d’un repas.

21H – « Ce sont des hommes »
Documentaire de Mathieu Quillet, 2010, 60mn
Calais, de juin à octobre 2009, du camp No Border à l’expulsion des derniers squats et « jungles » de migrant·e·s. Ateliers, questionnements, rencontres avec des militant·e·s et des migrant·e·s en transit vers l’Angleterre, manifestations, remise en cause des problématiques liées aux frontières, violences policières, parcours, enjeux politiques, économiques et humains. Avec une série d’interviews en prime.

SAMEDI 5 MARS
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13H – Activités extra-muros au potager collectif des Lentillères
Pour ce dernier « rendez-vous d’hiver du potager collectif des Lentillères » (rue Philippe Guignard), toujours plus de semis, et premières sessions de désherbage ! Suivi, à 18h, d’un atelier théorique « agro-écologie : rôle écologique de la biodiversité cultivée ».

MARDI 8 MARS
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13H30 – Extra-muros toujours…
…devant le tribunal, boulevard Georges Clemenceau, à l’occasion d’un procès pour refus de fichage ADN (voir édito).

MERCREDI 9 MARS
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18H – « Yourte 0% »
Texte paru dans le journal Azowe n°1, printemps 2007.
De l’agitation contre la LOPPSI II au nom de « l’habitat choisi » à l’irruption potagère et sauvage de légumes d’hiver et variés aux Lentillères, l’actualité politique dijonnaise semble traversée par ce que ce texte appelle un « désir de campagne ». Mais si, comme le notent ses auteurs, le « choix de la campagne » est « tout sauf insensé », les impasses sont nombreuses pour le citadin en fuite, de l’enfermement dans l’alternative à la récupération étatique ou marchande. Cette lecture sera donc l’occasion de réfléchir aux embûches et aux pistes politiques qui poussent avec les carottes.

21H – « Volem rien foutre al pais »
Film de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe, 2007
On continue à explorer le désir de campagne avec un voyage-rencontre avec des déserteurs du travail et de la croissance, organisés dans des squats, des fermes et des espaces collectifs, des collectifs de voleurs et récupérateurs, bricoleurs de cabanes et d’énergies… « Mis en demeure de choisir entre les miettes du salariat précaire et la maigre aumône que dispense encore le système, certains désertent la société de consommation pour se réapproprier leur vie. Ni exploitation, ni assistanat ! clament-ils pour la plupart. Ils ont choisi une autre voie, celle de l’autonomie, de l’activité choisie et des pratiques solidaires… »

MERCREDI 16 MARS
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16H – Chantier collectif
Classement des livres de la bibliothèque et prise de contact avec des maisons d’édition !

18H – « Too much future : le punk en RDA »
De M. Boehlke et H. Gericke, Éditions Allia, 2010
À la fin des années 1970, la République Démocratique d’Allemagne est, tout comme les pays d’Europe occidentale, traversée par la vague d’agitation du punk. Si le phénomène s’y est exprimé de façon moins massive, la situation politique du pays a contribué à sa singulière intensité. Le mouvement prend une dimension d’autant plus contestataire que ses acteurs se trouvent vite dans l’orbite du contrôle d’Etat qui voit là un risque de subversion, de rejet de l’ordre socialiste, et de tentation pour l' »idéologie libérale » : la Stasi, police d’État, traque, poursuit, fiche, interroge et bannit les punks. Ce recueil de textes, photos et entretiens permet de rendre compte de la force du mouvement et d’approcher une atmosphère mêlée de débauche, de révolte, d’amitié, mais aussi d’infiltrations et de désillusions… La lecture sera accompagnée d’images et brûlot punk tirés du film documentaire « Ostpunk ! ».

21H – « La vie des autres »
Film allemand de Florian Henckel von Donnersmarck, 2007, 137mn
On reste en Allemagne de l’Est et dans les bureaux de la Stasi, qui étaient loin de ne se focaliser que sur la subversion punk. Gerd Wiesler enseigne les méthodes qui permettent d’arracher à un être humain tout ce qu’il cache derrière ses mines d’innocent. En quelques minutes, tout est là : l’atmosphère d’un pays, la peur de ceux qui y vivent, leur fragilité. Mais la machine inhumaine peut se dérégler, dès lors qu’y interfèrent désirs et sentiments, tout ce qui est humain, et donc incontrôlable. On assiste à une partie d’échecs entre volonté de pouvoir et envies de possession, loi et transgression et on explore les failles du totalitarisme.

MERCREDI 23 MARS
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16H – Chantier collectif
Travail sur le mur d’escalade : pose de prises, déco…

18H – « Histoire politique du barbelé »
De Olivier Razac, Éd. La Fabrique, 2000
Dans ce bouquin, Razac analyse la violence croissante à l’œuvre dans la gestion politique des espaces et des populations, en partant d’une analyse du rôle décisif du barbelé dans trois des plus grandes catastrophes de la modernité (conquête de l’Ouest et génocide des Indiens d’Amérique, boucherie de 14-18, exterminations nazies) et en dressant une cartographie de ses usages actuels (propriétés privées, prisons, frontières « chaudes » du globe).
Il révèle un principe paradoxal : le succès persistant du barbelé vient précisément de ce qu’il ne tient qu’à un fil – de son austérité et de sa simplicité. Les meilleurs outils d’exercice du pouvoir sont ceux qui dépensent le moins d’énergie possible pour produire le plus d’effets de domination. Le barbelé, lui-même « mur virtualisé », a ainsi ouvert la voie à des dispositifs de contrôle de plus en plus immatériels, dont la vidéosurveillance et le bracelet électronique sont les derniers avatars…

21H – « District 9 »
Film de Neill Blomkamp, 2009, 112mn, VOST
Un vaisseau extraterrestre s’arrête au-dessus de Johannesburg. Dans ses cales, des milliers d’aliens en piteux état. Survivants d’une race en voie d’extinction ? Clandestins qu’on a expédiés sans espoir de retour à l’autre bout de la Voie lactée ? Vingt ans passent durant lesquels ces drôles d’êtres vaguement humanoïdes, dont l’allure évoque insectes ou crustacés, sont parqués dans le « District 9 ». Un ghetto cradingue et désormais surpeuplé. Un fonctionnaire est chargé d’organiser le déplacement vers le District 10, un camp de rétention à peine plus hospitalier… et ça part en vrille, jusqu’à la révolte des sans-pays.
Un film de science fiction politique, pour poursuivre, avec la dose d’adrénaline et de spectacle, la réflexion sur le parcage, la gestion de l’espace, des migrant·e·s et la logique économique. « District 9 » est une fable futée qui rebondit sur l’apartheid, et joue avec la reproduction de l’histoire, les changements de camps, les permutations et les révoltes qui ne cesseront du surgir du fond des ghettos…

SAMEDI 26 MARS & DIMANCHE 27 MARS
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Le potager collectif des Lentillères (Pot’Col’Le) souffle cette année sa première bougie sur les terres occupées de la rue Philippe Guignard. En ces premiers jours de printemps, venez fêter avec nous l’anniversaire du Pot’Col’Le, découvrir le potager, sa dynamique, vous informer de sa situation et de la lutte en cours, rencontrer le collectif, et pourquoi pas, le rejoindre ! Contact : tierraylibertad at potager point org

11H – Samedi, au centre-ville, fête d’anniversaire
Rendez-vous place de la Libération, pour une déambulation potagère fourche en main pour le maintien du Pot’Col’Le, la préservation des terres environnantes et semer quelques graines dans la ville.

13H – Samedi, au potager
Pique-Nique, Pizza Party, ateliers, musiques discussions, chantiers, semis, désherbage et autre joyeusetés… jusqu’au bal folk.
Pour plus d’infos, guettez la sortie du programme définitif, entre autres sur http://brassicanigra.org/

MERCREDI 30 MARS
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Projection dans le cadre du festival de cinéma organisé par ATTAC 21 et Les Colporteurs du 7 mars au 16 avril. Soirée accompagnée d’un repas et d’une intervention slam de « Casse La Rime ».

19H – « Remue-ménage dans la sous-traitance »
Documentaire de Ivora Cusack, 2008, 70 mn
Dans le cadre du festival de cinéma d’ATTAC Dijon [merde aux citoyennistes].
À Paris en mars 2002, des femmes de chambre employées par la société Arcade pour travailler dans les hôtels Accor, se mettent en grève. Leurs revendications principales : la baisse des cadences de travail et le paiement de toutes les heures travaillées. La plupart des grévistes sont des mères de famille d’origine africaine qui vont pour la première fois lutter pour leurs droits. Après un an de lutte, elles sortent victorieuses…
Tourné sur une période de plus de quatre ans, ce film brosse un tableau de luttes où avec peu de moyens mais une volonté tenace, des individus organisés collectivement bousculent la loi de la soumission qui règne dans le monde du travail et en particulier dans la sous-traitance.

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Tous les mercredis à partir de 15h, l’espace autogéré ouvre sa bibliothèque, son infokiosque, sa zone de gratuité… et vous convie, à 18h, à des lectures, présentations et débats autour des ouvrages ci-mentionnés.

Ensuite, c’est apéro et auberge espagnole (chacun·e amène de quoi boire et manger – sans viande, svp), puis à partir de 21h, c’est ciné !

…sans oublier, chaque premier mercredi vers 19h, la « réu activités » de l’espace autogéré, moment de choix pour qui souhaite s’impliquer dans les projets existants ou amener de nouvelles idées !

Espace autogéré des Tanneries
15-17, bd de Chicago
21000 Dijon

http://tanneries.squat.net/

tanneries at squat point net

Version mise en page disponible sur:
http://tanneries.squat.net/doc/tanneries-bibli-mars2011-recto.pdf
http://tanneries.squat.net/doc/tanneries-bibli-mars2011-verso.pdf