Grenoble: Trois squats de Roms sont menacés d’expulsion à court ou moyen terme

Pas d’expulsion immédiate rue Germain ! Le procès de la maison occupée par des Roms avec le soutien du collectif la Patate Chaude au 8 rue Germain à Grenoble a eu lieu le 23 août dernier. Le délibéré est tombé le 13 octobre, ordonnant l’expulsion dans un délai de deux mois, qui devrait permettre aux plus de 30 familles qui habitent la maison de bénéficier de la trêve hivernale et de ne pas passer l’hiver à la rue.

Si ce délai peut apparaître comme une petite victoire, le collectif ne souhaite pas s’en féliciter pour autant. Des centaines de personnes, Roms ou non, victimes à la fois des politiques ultra-libérales du logement, de la précarité grandissante en France et du refus des pouvoirs publics d’y pallier, dormiront dehors cet hiver. Nous ne saurions nous réjouir d’avoir aidé une centaine de personnes, dont beaucoup de demandeurs d’asile, à avoir un toit lorsque tant d’autres sont laissées pour compte. D’autant que ce toit dont bénéficient les habitants de la rue Germain n’est viable ni pour les habitant-e-s de la maison, entassé-e-s les uns sur les autres dans des conditions à la limite de l’acceptable, ni pour leur voisinage, qui supporte malgré lui des nuisances occasionnées par cette situation. Nous recevons d’ailleurs régulièrement des messages de voisin-e-s qui s’en plaignent, avec une patience et une compréhension qu’il faut toutefois souligner.

Rappelons que la responsabilité de cette situation incombe en premier lieu à l’Etat et aux collectivités qui ne remplissent pas leurs compétences obligatoires. Notre collectif s’est donné comme mode d’action l’occupation de locaux vacants ou vides, afin d’accélérer le relogement des personnes qui en ont besoin, sachant le nombre élevé de ces logements vacants dans l’agglomération et devant l’absence de réquisitions de ces derniers.

« La Patate Chaude » est prête à participer, dans la mesure de ses forces, à des actions inter-associatives collectives visant les mêmes objectifs.

Communiqué de presse du 15 octobre 2011
Le collectif « La Patate Chaude »

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Expulsion de Roms imminente et programmée par le tribunal d’Instance de Grenoble à St-Martin-le-Vinoux et à La Tronche
lundi 24 octobre 2011 – Collectif “La Patate Chaude”

Le Tribunal d’Instance a rendu sa décision pour les dossiers de St-Martin-le-Vinoux et La Tronche. L’expulsion est ordonnée sans AUCUN délai. Tous les arguments de défense ont été rejetés. Qu’il s’agisse des arguments de procédure ou de fond.

Depuis le mois de novembre 2010, 3 familles roms occupent avec le soutien du collectif “la Patate Chaude” et de l’association Droit Au Logement (DAL) une maison appartenant au Conseil Général de l’Isère, située à Saint Martin le Vinoux. Ce dernier, qui avait laissé entendre qu’il ne lancerait pas de procédure d’expulsion si les familles essayaient d’obtenir un logement par la voie « légale », les a finalement assignées au tribunal, et le 20 octobre, un jugement d’une rare dureté a été rendu : l’expulsion est ordonnée sans aucun délai.

Pourtant, depuis leur arrivée sur l’agglomération en 2007, ces familles ont effectué de nombreuses démarches auprès des pouvoirs publics – notamment auprès du Conseil Général – pour obtenir un toit et bénéficier d’un accompagnement social en suivant les procédures habituelles. L’occupation de cette maison n’est que la conséquence des échecs répétés de ces démarches. Ces derniers mois, elles ont monté des dossiers DALO (Droit Au Logement Opposable) conjointement avec le collectif la Patate Chaude et les associations Roms Action et Un Toit Pour Tous, mais ceux-ci se heurtent à un refus systématique, confirmant la discrimination dans l’accès aux droits dont sont victimes les personnes d’origine rom.

Les habitants de la maison de Saint Martin le Vinoux ont fui la Roumanie, où les Roms sont victimes de discriminations, et sont venus en France avec l’espoir que leurs enfants puissent y faire des études. Ceux-ci sont d’ailleurs actuellement tous scolarisés, la plupart sur la commune de Saint Martin le Vinoux. Après avoir été expulsés d’une ancienne station Total qu’ils ont occupée pendant plusieurs mois, et avoir vécu dans une extrême précarité sur un campement au bord de l’Isère, ils ont enfin trouvé un minimum de stabilité indispensable à leur bien-être et à celui de leurs enfants.

Ce même 20 octobre, un jugement identique a été rendu à l’encontre de familles avec enfants et qui s’étaient mises à l’abri dans une maison achetées à la Tronche par le Conseil général, pour les mêmes raisons qu’à St Martin-le-Vinoux : le projet de rocade nord, aujourd’hui abandonné. En demandant ces expulsions, sans aune proposition de relogement, le Conseil Général, qui prétend pourtant dénoncer la politique xénophobe de l’État envers les Roms et les étrangers, s’inscrit dans le prolongement de cette politique cynique qui leur donne à comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus en France.

Par ailleurs, depuis des années, le Conseil Général applique une politique sociale au rabais dans les domaines de l’hébergement et de la protection de l’enfance, qui lui incombent. Ainsi, il héberge des familles à la rue dans des hôtels sociaux inadaptés et coûteux, alors que les associations du secteur de l’hébergement et de l’exclusion sociale demandent des solutions pérennes. Et il argue de moyens insuffisants pour ne remplir que partiellement sa mission de protection de l’enfance, alors qu’il n’hésite pas à financer à hauteur de plusieurs millions d’euros un projet de rocade nord finalement abandonné, ou à attribuer des aides considérables à STMicroelectronics, qui vient de dégager plus de 800 M€ de bénéfices, ou encore au projet de Center Parcs de Roybon. Il s’agit donc bien de choix politiques et non de choix liés à la situation financière du département, qui est plutôt saine.

Nous vous appelons donc à vous joindre à nous pour demander donc au Conseil Général, malgré cette décision de justice, de ne pas demander de recours aux forces de l’ordre et de ne pas jeter de nouveau ces personnes dans la précarité et l’insécurité que représente la survie dans la rue.

Le collectif La Patate Chaude

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A lire aussi: Discrimination des Roms – été 2011.

[Infos issues de deux articles parus sur Indymedia-Grenoble.] publié le 19 octobre 2011