Lettre ouverte des habitants du « Refuge » d’Angers qui a ceci de remarquable de loger aussi bien des SDF français d’origines multiraciales que des demandeurs d’asile somaliens et érythréens. Le 6 février est la date butoir pour l’expulsion manu militari commanditée par le proprio, une mutuelle loi 1901. Une expérience qui s’inscrit dans la durée malgré l’urgence et qui doit et veut continuer. A suivre… et encourager!
« Soyons touTEs des électrons libres et de notre union naîtra la bombe atomique sociale »
A+ dans les luttes;
pj49
Angers, le 6 janvier 2012
« Le REFUGE du BEL-ACCUEIL»
14, rue Audusson
49000 – ANGERS
OBJET / Pérennisation du « Refuge »
À l’attention des pouvoirs publics, des associations et de la population angevine
LETTRE OUVERTE
Depuis l’ouverture du Refuge, le lundi 28 novembre 2011, un long chemin fut parcouru. De l’aménagement du lieu à la gestion de conflits, le premier mois du Refuge ne connut pas que des jours et des nuits faciles !
Le lieu nommé « le Refuge », utilisé par et pour les sans-abris d’Angers, est une grande maison bourgeoise d’environ 300m², inoccupée depuis 2009 et propriété de la Mutualité française Anjou-Mayenne. Cette maison, vielle de près d’un siècle mais en excellent état, achetée 330 000 euros… est vouée à la destruction !
Au cours de ses 30 premiers jours d’existence, 70 personnes ont eu l’occasion de dormir au Refuge plutôt que dans la rue !
Au Refuge, on ne fait pas que dormir… La réserve de nourriture est approvisionnée par la récupération dans les poubelles, les nombreux dons de particuliers ainsi que le soutien d’autres luttes, tel que la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (44).
Les vêtements qui nous sont donnés sont mis en commun dans la friperie, les cours de langues nous permettent de mieux nous comprendre et l’info-kiosque permet à nos visiteurs de mieux comprendre notre regard sur la société.
De 10 à 30 personnes, de diverses origines et nationalités, la plupart abimées par la vie, sans aucun soutien de la part des collectivités pourtant grandement responsables de l’engorgement des hébergements d’urgence à Angers, redonnent vie à une maison inoccupée depuis 2 ans et il faudrait accepter qu’un projet d’extension de maison de retraite nécessite de tous les jeter dehors !
Concrètement, le projet menaçant le Refuge vise à « entreposer » des personnes âgées atteintes de maladies type Alzheimer… à proximité d’une gare TGV, d’une voie de tramway et plusieurs lignes de bus ! A cela, on pourrait ajouter que seules les personnes âgées disposant encore de leur autonomie peuvent avoir intérêt à vivre en ville.
Cette magnifique bâtisse échappa aux bombardement de la gare ferroviaire lors de la 2ème guerre mondiale et elle succomberait, elle aussi, à Alzheimer ?! La Mutualité française Anjou-Mayenne ne pourrait-elle pas réaliser son projet dans un lieu plus adéquat ? Si la mairie d’Angers ne dispose pas d’un terrain adéquat, elle pourrait au moins se proposer comme médiateur entre le propriétaire, Angers Loire Métropole et les communes avoisinantes.
Le mercredi 4 janvier 2012 au matin, l’huissier de justice nous remet le commandement nous laissant jusqu’au lundi 6 février pour « quitter et libérer » les lieux.
Malgré cet ultimatum, le soutien ne faiblit pas. Ce vendredi 6 janvier, le collecteur d’eaux usées du Refuge, bouché depuis le 1er janvier, est remis en état grâce à la cotisation spontanée de sympathisants.
À ce jour, par l’action des habitants du Refuge, sans oublier les soutiens actifs plus que nécessaires, le lieu est enfin habitable, accueillant et chaleureux. Nous avons 1 mois devant nous pour montrer à tous ce qu’1 mois de rires et de pleurs, d’espoirs et de désespoirs, permet de construire… dans une maison vouée à la destruction. Nous ne pouvons nous résigner à oublier tout ce qu’on a vécu et construit jusqu’à présent.
A ce titre, nous vous invitons chaque samedi et dimanche du mois de janvier afin de découvrir et pourquoi pas, participer à la vie du Refuge : 7 et 8 janvier, 14 et 15 janvier, 21 et 22 janvier, 28 et 29 janvier.
Et le reste de l’année si…
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Pour rappel au sujet du squat de la rue Audusson, voir ici.