Depuis quelques jours, une flopée d’évènements incongrus secoue la Maison Commune Autogérée de Ker Béthanie.
Le mardi 17 janvier au matin, une chargée de mission du conservatoire du littoral et des employés des services municipaux, armés de quelques gendarmes viennent photographier les lieux sous tous les angles en vue de la démolition.
Le 24 décembre dernier, l’huissier était passé constater l’occupation entamée en octobre 2010.
Vendredi 20 janvier à 6h15 du matin, cinq gendarmes déboulent avec les torches, les tasers et les flingues. Ils tombent sur Cochisse qui avait dormi dans la grande salle, proche de la cheminée. Non loin de lui, les militaires trouvent un sac contenant le butin d’un cambriolage de pharmacie effectué environ deux heures plus tôt.
Cochisse est ancien mais jeune toxicomane. Il est arrivé il y a deux semaines après avoir rencontré deux handicapés qui rentraient à la Maison Commune. Il est venu pour sortir de son addiction, se mettre au vert, et ça marche : deux jours après son arrivée jeudi 12, le manque se fait sentir au point de devenir insupportable. On file chez le médecin qui nous explique qu’il faut le faire évacuer sur le continent, à l’hôpital, pour obtenir une ordonnance de subutex, seul substitut efficace. Le médecin, qui est le maire de l’île, lui accorde une ordonnance de seresta, qui permet aux alcooliques de dormir tranquille quand ils décrochent. On passe à la pharmacie chercher le médoc. L’occupant qui se présente au comptoir demande s’il serait possible d’avoir du subutex, au cas où… requête rejetée par le pharmacien. La nuit passe et Cochisse dort bien, ça va mieux. Celui-ci se passe même du seresta dans les jours qui suivent.
Retour sur l’arrestation : Les militaires mettent les menottes à Cochisse qui s’en défait en deux temps trois mouvements pour les narguer. Ils l’embarquent avec un deuxième occupant qui dormait au dessus. Les rebelles passeront la journée au poste avec quelques baffes en prime pour le comique prestidigitateur, accompagnées de pressions verbales pour qu’il dise avoir volé la morphine. Le procureur décide finalement de le relâcher faute de preuves. Il sera néanmoins poursuivi pour recel de médicaments en avril prochain.
Le samedi 21, les faits divers, ces faits divers (destinés, comme toujours, comme dit P. Bourdieu, « à faire diversion » : dans notre cas, pour ne plus parler des raisons de sauver Ker Béthanie, et donc de la faire couler), paraissent dans la presse. Un article conséquent laisse entendre dans un des canards, que les occupants de Ker Béthanie sont coupables du cambriolage, qu’il n’y a aucun doute là-dessus. Dans l’après-midi, le chef de la brigade accompagné de deux gendarmes, passe « dire bonjour », et ordonne aux nouveaux arrivants de « ne pas mettre le feu à l’île » à plusieurs reprises. « Vous restez là, mais vous ne faites pas les cons ! »
Le dimanche 22 janvier, à 7 heures l’explosion (probablement d’un pneu) dans le local attenant au Dr House Shop (Magasin Prix Libres) réveille un des occupants qui dort au dessus du magasin. Celui-ci pense alors que les chats du lieu sont responsables du vacarme, puis se rendort. Dix minutes plus tard, c’est la seconde occupante qui détecte une odeur de brûlé. Ils regardent par la fenêtre et voient les flammes jaillir de la porte du local voisin. Les trois autres, qui dorment dans la maison principale, sont vite alertés. On se dépêche de puiser de l’eau au puits en attendant que les pompiers arrivent. Par chance, le feu n’a pas le temps d’atteindre la première maison.
Le soir, un des habitants de la Maison Commune croise par hasard les pharmaciens en sortant de la gendarmerie. Un d’eux lui concède qu’après réflexion, il fallait probablement connaître les lieux pour faire aussi vite et aussi ciblé. Dommage que cela ne figure pas dans sa déposition, car le Cochisse soupçonné n’y est jamais rentré !
On a porté plainte pour tentative d’homicide volontaire.
Aujourd’hui lundi, dans la presse locale, le maire menace de « faire appel aux autorités pour faire évacuer le site ». Il déclare aussi : « Depuis le cambriolage de la pharmacie, il y a un sentiment d’insécurité terrible. Je suis choqué par cet incendie, parce que la violence n’est pas une solution, mais pas si surpris » !!!
On a besoin d’aide.
Contact au 06 26 08 52 64 ou sur groizidemocratie.