Turin: Expulsion du No Way squat

Ce n’est pas anodin, il y a une lutte pas loin, qui ne concerne pas les squatteurs, mais ils en payent le prix, une fois de plus. Après les 42 arrestations de cet hiver, on commence à tuer les lieux de vie. Et bien évidement, on commence par s’attaquer aux plus pauvres. Pas assez d’argent pour construire les belles barricades qu’ont les autres, et voilà le résultat !


No Way squat expulsé

Ce matin [12 juin 2012], la police a fait irrup­tion au No Way squat, entrant en fra­cas­sant les portes et en pous­sant bru­ta­lement les occu­pants bar­ri­ca­dés au pre­mier étage. Pas contents, au moins une dizaine de poli­ciers à la recher­che d’on ne sait quoi et on ne sait pas qui, sont entrés dans la cham­bre d’une occu­pante, en fil­mant et en enva­his­sant des espa­ces per­son­nels, sans aucun scru­pule. Une fois éloignés, ils ont riposté comme d’habi­tude, en usant de leur machisme auto­ri­taire. Une irrup­tion en plein style mili­ta­riste, avec un com­mando conduit par les hommes de la DIGOS accom­pa­gnés par la police natio­nale, muni­ci­pale et les pom­piers.

On évitera de vous rap­por­ter les misé­ra­bles com­men­tai­res de com­plai­sance qu’ils ont fait en détrui­sant la der­nière porte. A ces défen­seurs de la léga­lité, peu importe le sort des ani­maux humains ou pas qu’ils étaient en train d’expul­ser. Peut-être dans leur fougue rem­plie d’adré­na­line pour défen­dre le pou­voir ils arri­vent à traire des satis­fac­tions per­son­nel­les à tra­vers la pos­si­bi­lité qu’ils ont d’écraser des indi­vi­dus qui ne se plient pas au sys­tème, pen­dant qu’eux, défen­seurs et pala­dins de la répres­sion, dans leurs vies de tous les jours, ne sont que des com­plè­tes nul­li­tés, qui reçoi­vent des ordres et y obéis­sent aveu­glé­ment tels des auto­ma­tes farcis de lieux com­muns et médio­cri­tés, sans aucune indi­vi­dua­lité.

Du reste, même les ouvriers, beau­coup d’entre eux immi­grés, de l’entre­prise qui gère les pré­su­més tra­vaux de réha­bi­li­ta­tion, sont ren­trés sans se poser de ques­tions sur le genre de tra­vail qu’ils étaient en train d’accom­plir, eux aussi, ser­vi­teurs silen­cieux et glis­sants comme des vers aux pieds de leur patron. Avec eux nous avons eu des moments dif­fi­ci­les, lors­que, pen­dant qu’ils ren­traient leur gros camion dans la cour du No Way, ils ont failli ren­ver­ser des per­son­nes pré­sen­tes lors de l’expul­sion. Mais la pré­sence en force de la police leur a permis de conti­nuer leur «tra­vail» bien contents et, en sou­riant, ils exé­cu­taient les ordres.

Un jour quelqu’un a dit:
«l’ennemi se trouve dans chaque bouche qui s’exprime dans le lan­gage de la domi­na­tion, et en chaque cons­cience qui le tolère…»

Les écrivains-pan­tins col­la­bo­ra­teurs du com­mis­sa­riat nous ont défini, dans leurs jour­naux, avec des termes style «anarco-ani­ma­lis­tes», termes qui déno­tent une com­plète igno­rance d’une zone poli­ti­que qui a des conno­ta­tions bien pré­ci­ses, mais cer­tai­ne­ment, peu leur impor­tent les idées poli­ti­ques qui s’y déve­lop­pent. Il suffit de répri­mer, expul­ser, enquê­ter, dénon­cer… Nous sommes Végans, Anarchistes et Anti-spé­cis­tes! Nous ne sommes pas ani­ma­lis­tes, et nous ne nous inté­res­sons pas à de bana­les refor­mes. Nous vou­lons la des­truc­tion de ce sys­tème basé sur la domi­na­tion et sur le spé­cisme.
Nos idées, qu’eux, avec tant d’efforts, essayent de cata­lo­guer pour les ren­fer­mer à l’inté­rieur d’un schéma à nommer, ne resteront pas ren­fer­mées dans leurs sté­ri­les défi­ni­tions et, en nous expul­sant, vous ne pour­rez pas arrê­ter notre lutte… Ils ont écrit que nous nous sommes éloignés de façon paci­fi­que, de cette façon les vis­queux poli­ti­ques admi­nis­tra­teurs de la mairie et de la qua­trième cir­cons­crip­tion avec au gou­ver­nail un homme du Parti démo­crate [la gauche ita­lienne] peu­vent s’en tirer de façon « propre » et « démo­cra­ti­que ».

Dans la réa­lité nous avons été encer­clés par une dizaine d’esta­fet­tes et une ving­taine d’hommes de la DIGOS qui se sont immé­dia­te­ment empa­ré de nos télé­pho­nes en nous empê­chant ainsi de com­mu­ni­quer avec l’exté­rieur et ont empê­ché les «solidaires» qui vou­laient se rap­pro­cher pour défen­dre le lieu…

Les ani­maux, immé­dia­te­ment mis en sécu­rité grâce à la bien connue «soli­da­rité anar­chiste» ont failli avoir une fin dra­ma­ti­que, étant donné qu’ils étaient vus comme des ani­maux à profit et non des ani­maux de com­pa­gnie ; à tel point que dans le quar­tier on a pu voir un camion de l’Amiat (SPA) avec tous les moyens pour cap­tu­rer les ani­maux de la mairie de Torino et tout ça escorté par les cara­bi­niers.

Au No Way, pen­dant une année d’occu­pa­tion, nous avons redonné vie à une zone aban­don­née et lais­sée à l’aban­don et à la dégra­da­tion durant plus de dix ans. Nous avons crée des espa­ces de soli­da­rité et de lien social dans le quar­tier, nous avons donné vie à de nou­vel­les façons de se confron­ter en ini­tiant des acti­vi­tés : le Food Not Bombs, l’ate­lier de cui­sine «cruelty free», des ini­tia­ti­ves Anti-spé­cis­tes, un ate­lier vélo, des ate­liers sou­dure et bien d’autres choses rien qu’en démon­trant, à tra­vers notre auto­ges­tion que se réap­pro­prier des espa­ces est pos­si­ble.

Mais nous vou­drions mettre en évidence le fait qu’au No Way squat, beau­coup de ces indi­vi­dus «invi­si­bles», exploi­tés par le sys­tème du profit, les ani­maux non humains, avaient trouvé un foyer. Dans cette occu­pa­tion nous avons été accom­pa­gnés par une petite chèvre et un mouton sauvés de la bou­che­rie, et d’autres ani­maux, qui, avec nous, vivaient leur vie comme ils le devraient, sans être consi­dé­rés comme des enti­tés abs­trai­tes, mais comme des indi­vi­dus.

Ils n’arri­ve­ront pas à arrê­ter tout cela, ils n’arri­ve­ront pas à nous homo­lo­guer…

Contre toutes les cages. Nous repren­drons les mai­sons et les routes. A bien­tôt !
= 10, 100, 1000 occu­pa­tions =

Les occu­pants du No Way squat

[Traduction pour Rebellyon par D.
A lire en italien sur squat!net.]